L’année 2019, une année de calvaire pour le système judiciaire
2 min readDepuis 2018, le phénomène de « pays lock » ne cesse de répéter pour prendre chair en 2019. Manifesté à travers le blocage des rues et parfois d’attaque armée contre les institutions etatiques et privées, les tribunaux n’ont pas épargnés. Ce qui rend un fonctionnement anormal du service public de la justice.
Me René Sylvestre, président de la Cour de cassation et du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), revient, ce mercredi 17 décembre, sur les problèmes rencontrés au sein du système judiciaire. Ce dernier a fait savoir qu’il n’est attaché qu’à sa fonction de juge et non à la politique.
Après une ouverture de l’année judiciaire manquée le 07 octobre dernier en raison de l’insécurité, il a fallu attendre ce 13 décembre pour une tentative de reprise au tribunal de première instance de Port-au-Prince. Un premier trimestre de trouble pour le système judiciaire pour un faible bilan par rapport aux attentes de la société.
Selon Me René Sylvestre, président de la cour de cassation, es turbulences politiques qu’a connues le pays durant ces trois derniers mois ont eu de graves incidences sur le fonctionnement de la Cour de cassation.
» La zone du Champ de Mars, où elle est logée, a été la scène de beaucoup d’actes de violence. Malgré tous les efforts consentis pour rendre la Cour pleinement fonctionnelle, on n’arrivait pas à trouver la formule qui nous permettait de trouver la sérénité nécessaire pour travailler. À plusieurs reprises, on a dû rebrousser chemin face au désordre qui régnait dans la zone », ajoute t-il.
Les autres cours et tribunaux de la République ont aussi fait face à la même réalité. « Le personnel judiciaire ne pouvait pas se rendre au travail dans certains endroits. Certains tribunaux ont été la cible de certains protestataires qui sont allés jusqu’à tenter de les incendier », a affirmé Me Sylvestre. « la justice, garante des libertés individuelles, ne peut et ne doit jamais fermer ses portes, surtout en période de graves commotions sociopolitiques » ,poursuit le président de la cour de cassation.
Me Sylvestre profite de cette occasion pour dénoncer du fait que son nom est associé au processus de remplacement du président de la République. Un comportement, selon lui, qui tend à affaiblir la justice. Magistrat de carrière depuis 25 ans, Me René Sylvestre entend honorer sa fonction. « Je ne nourris aucune ambition politique. Je dis souvent que la justice doit se démarquer de la politique ». Pour qu’un juge soit bien acquitté de sa mission, il doit rester loin de l’arène politique et de la partisannerie conclut Me Sylvestre.