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Le chaos que vit Haïti est le choix politique de l’équipe au pouvoir pour se maintenir le plus longtemps, estime Danio SIRIACK

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Pour certaines personnes, le Dr Ariel Henry n’a aucune volonté de résoudre la crise, et  encore moins,  la volonté politique  de rétablir un climat de paix dans le pays. Dans une interview accordée au journal Le Quotidien News le 30 mars 2023, le porte-parole de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) Danio SIRIACK estime que « le chaos que nous vivons, l’insécurité qui nous traumatise, c’est le choix politique de l’équipe au pouvoir pour rester en place ».

Le Quotidien News (LQN): L’Accord du 21 décembre 2022 a accouché du Haut Conseil de la Transition (HCT) qui a,  entre autres, pour mission de poursuivre le processus de dialogue mis sur pied par Ariel Henry. Sur ce point, dites-nous, où en sommes-nous avec ce processus de dialogue entamé par le Chef de la Primature ? 

Danio SIRIACK  (D. S): Le Premier Ministre de facto, Ariel Henry, n’a jamais mis sur pied, à notre avis, de processus de dialogue. S’il en était question, il vous serait possible de retenir la date, les lieux de convocation et les principaux partis politiques, groupes d’intérêts de divers secteurs, particulièrement Montana, qui ont été invités à y prendre part. Nous avons à maintes reprises expliqué que le document du 21 décembre n’est pas un accord. L’appeler accord, c’est de la pure bouffonnerie. Conclu entre des amis, des proches qui piratent les ressources de l’État avec le Dr. Ariel Henry depuis 2021, sans avoir enregistré la signature au moins d’un protagoniste de la crise multidimensionnelle, pareil document ne saurait être accepté comme accord. 

Les membres du HCT qui se rallient à M. Henry et sa clique, sont de nouveaux collaborateurs qui contribuent à rendre le pays de plus en plus chaotique. C’est leur choix, c’est tout ce qu’ils peuvent faire pour l’Haïti de nos ancêtres. Ce ne sont pas des patriotes authentiques. Ils savaient pertinemment qu’ils n’allaient rien régler pour pallier la mauvaise gouvernance d’Ariel Henry, ni réduire l’insécurité dans le cadre d’un soi-disant accord qui ne leur accorde aucune provision pour agir. C’est toute la République qui les a exhortés à ne pas se faire les complices de la crise en intégrant l’HCT qui n’est en fait qu’un simple service placé par Ariel Henry au Ministère du Commerce. 

LQN : Comment le Premier Ministre Ariel Henry devrait procéder pour mettre sur pied un  processus de dialogue à votre avis ?

D. S : Il n’y a pas 36 formules pour mettre en place un processus de dialogue si l’on veut résoudre une crise. C’est d’entrée de jeu exprimer une volonté de le faire avec les protagonistes concernés et de passer de la parole aux actes avec une méthodologie inspirée de la science politique, puisqu’on est dans le domaine politique. À quel moment cela devait être fait? C’est depuis 2021 vu que l’accession au pouvoir de M. Henry n’avait aucune base légale. Personne ne va évoquer l’accord de 11 septembre pour prétendre que le serviteur de l’international à la tête du pays depuis juillet 2021 a fait le devoir politique. C’était une manœuvre pour contourner l’accord de Montana qui envisageait la stabilité du pays peu de temps après l’assassinat du Président Jovenel Moïse. 

LQN : Dans une Note de presse signée par plusieurs partis politiques, dont l’OPL, il est clairement mentionné que le Premier Ministre Ariel Henry joue un double jeu. Quels sont les exemples qui montrent clairement le double langage du Premier Ministre Henry ?

D. S: Depuis 2021, Ariel Henry ne dialogue qu’avec lui-même et avec sa bande qui jouit des pleins pouvoirs avec lui depuis la mort de Jovenel Moïse. Aucune disposition réelle n’a été prise par le Premier Ministre de facto pour un dialogue franc. Chaque fois qu’il est coincé par la réalité du pays et sous la pression de différentes forces politiques et sociales, il fait un discours le plus souvent laconique, il lance des appels au dialogue. Tout comme il a promis à maintes fois de libérer Martissant, la Croix-des-Bouquets, etc. La convocation de tout dialogue pour résoudre la crise doit être une information connue du public. La date, le lieu, les acteurs identifiés sur la base de leur poids politique et social, l’agenda à discuter, le facilitateur choisi  tout cela devra être connu du public le jour où il y aura un dialogue pour résoudre la crise. Peut-être pas avec Ariel Henry. 

LQN : La réalité d’aujourd’hui, c’est que le pays s’enlise dans une violence aveugle. Les gangs armés contrôlent en majeure partie la capitale, selon certaines organisations. Cependant, le Premier Ministre Ariel Henry continue de parler des élections à travers le HCT. Vous croyez qu’il est possible de réaliser des élections dans le contexte actuel ? 

D. S : La première personne qui ne veut pas la réalisation d’élections dans le pays, c’est Ariel Henry. S’en suivent les membres du Gouvernement criminel et ceux de son entourage immédiat. Chaque fois qu’il parle d’élections, c’est pour la consommation internationale. Le fait même pour Ariel Henry de barrer la route à toute possibilité de consensus normal entre les acteurs haïtiens et son équipe, c’est pour éviter que l’insécurité ne baisse en intensité et qu’un processus électoral ne soit enclenché. Le chaos que nous vivons, l’insécurité qui nous traumatise, c’est le choix politique de l’équipe au pouvoir pour se maintenir le plus longtemps possible en place.

LQN: Vous croyez que le HCT va réussir à réunir les acteurs pour un accord politique  élargi ?

D. S : Les acteurs en face du pouvoir de facto, à notre connaissance, ne sont pas de nature à refuser de discuter avec Madame Mirlande H. Manigat, M. Calixte Fleuridor et M. Laurent St-Cyr sur la crise. Le problème, c’est qu’aucune résolution de la crise n’est possible avec des représentants d’Ariel Henry à la discussion de haut niveau qui est nécessaire. Il est temps qu’Ariel Henry cesse de se cacher derrière son ombre. Les négociations nécessaires doivent réunir autour de la table les acteurs clés de l’opposition, Ariel Henry et sa bande, ainsi que l’international comme observateur ou témoin à ces assises.

LQN: Pourquoi à votre avis la violence des bandes armées s’est intensifiée ces derniers mois dans le pays ?

D. S : Le soi-disant accord du 21 décembre est la première cause de l’intensification de la cruauté des gangs armés. Ce document signé à renfort de manipulations, avec la mise en place du nébuleux HCT, rassure assez les gangs qui se croient être au pouvoir pour longtemps. Il n’y a pas de doute qu’ils ont des alliés sûrs en la personne du Premier Ministre et de son cabinet ministériel. 

LQN : Le Premier Ministre Ariel Henry a offert un cocktail à la cheffe du BINUH, Madame La Lime arrivée en fin de mission en Haïti la semaine dernière. Quelle est votre réaction sur l’attitude du Chef de la Primature ? 

D. S : C’était un cocktail bien mérité quand c’est Ariel Henry qui porte encore le nom de Premier Ministre en Haïti. Madame Helene La Lime, le colon déguisé qui a représenté l’ONU pendant tout ce temps a beaucoup fait pour Jovenel Moïse et Ariel Henry en les aidant à faire basculer le pays dans l’abîme au profit de l’international. Tout Premier Ministre authentique haïtien saluerait le départ de Madame La Lime avec un gobelet rempli d’eau selon la tradition haïtienne. 

LQN : À votre avis quelle est la meilleure solution pour pacifier le pays ?

D. S : Seule la solution à la crise de gouvernance permettra d’avoir les leviers pouvant pacifier le pays. Des bandits au pouvoir avec une vision de flibustiers ne peuvent pas envisager la solution de l’insécurité en Haïti. Ils n’auront jamais la volonté politique nécessaire. Or, de la volonté politique, il nous en faut à tout prix. La solution ne peut naître que d’un consensus national entre les acteurs représentatifs de la scène politique. 

Propos recueillis par : 

Jackson Junior RINVIL 

rjacksonjunior@yahoo.fr

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