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L’échec collectif !

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Les Haïtiens n’ont jamais fait mieux ensemble, après l’indépendance d’Haïti en 1804, que d’échouer. En dépit de tout ce qu’on pourrait reprocher aux politiques ou autres catégories constituant le tissu social, il est impératif de reconnaître que l’échec est total. Que l’on cherche sans cesse des réussites individuelles causant la perte de la collectivité. Quel que soit le degré de satisfaction, de frustration ou de regret d’un membre de cette société, une chose est claire : il ne fait que participer  à l’effondrement du pays.

À présent, le constat est patent. On a touché le fond. Rien ne fonctionne, sinon un gouvernement de fait, sans base légale et sans appui du secteur politique. L’économie, l’éducation, la santé, la justice, l’environnement,  tous ces secteurs sont en ruines . Quant à la sécurité, n’en parlons pas. Le visage de Martissant avec un sous-commissariat troué de projectiles de gros calibre a tout dit en images.

Ces faits ne se sont pas produits spontanément. Il y a toute une culture de « lese grennen », du « je ne suis pas consterné », qui a conduit le pays dans cette impasse. La logique du dominant dominé, l’esprit du « je peux tout sans assurer le minimum de qualité ». L’idée de  flatter l’autre, de ne pas lui dire la vérité par peur d’être assassiné, violenté ou sanctionné, a fait basculer le pays, en un laps de temps très court, dans l’univers des territoires hantés.

Si l’autre disait que l’éducation élève une nation, en Haïti, on dirait plutôt que la politique élève les nuls financièrement. Elle est devenue la seule échappatoire possible pour les vauriens et les égoïstes. Des outsiders investissent ce secteur d’activité et plombent du coup les anciens vétérans dépourvus d’éthique. Et, comme pour toute créature humaine au système immunitaire faible, on est envahi par des idées nocives et révoltantes.

Peut-on toujours oser s’appeler République aujourd’hui ? Plus d’un en doute. On dirait que chacun cherche à en tirer avantage. On préconise des sauvetages individuels alors que la société  devrait former un tout et un tout cohérent.

Si on a, au fil des ans, à travers les attitudes affichées, les actions posées, les orientations politiques données au pays, détruit ce pays à ce point , on peut tout  autant rassembler nos énergies, prendre conscience du pourrissement de la situation et  sonner l’alerte.

Tout comme on s’est entendu pour délabrer le pays, on pourrait aussi se donner pour ambition de faire ce complot historique tant attendu. À qui profite ce régime non constitutionnel et non consensuel ? Il n’y a pas de demi-mesure. Soit  les acteurs politiques décident, sans délai et dans une logique consensuelle, de ce que doit devenir le pays, soit ils admettent qu’ils sont du projet et cessent de tromper l’opinion publique.

Les  viles ambitions n’ont pour seul résultat que la disparition des institutions, la violation de la Constitution, la politisation de la justice, la gangstérisation de la jeunesse. L’échec collectif a fait ses preuves, essayons à présent de tenter la réussite collective.

Daniel Sévère 

danielsevere1984@gmail.com

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