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Les fantômes de la crise haïtienne

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Au premier regard, le marasme politique nous présente deux responsables. D’une part, le pouvoir improductif et de l’autre l’opposition radicale. Le premier se fixe pour objectif de consolider le pouvoir, le second veut le conquérir. Au centre, la population abandonnée à son sort qui ne cesse de rêver  de jours plus cléments.

Ici, il s’agit de l’apparence. Des acteurs plus importants seraient à la base de cette tragédie politique que nous vivons. Et, ce, depuis des lustres. À en croire les hommes politiques des deux extrêmes, il existe une opposition encore plus coriace qui tire les ficelles dans l’ombre.

Ce sont en fait les acteurs réels. Ce sont eux les détenteurs des manettes qui utilisent les politiciens traditionnels pour projeter leurs actions dans la vie de la communauté. Ils n’apparaissent pas au grand jour, ils sont comme des fantômes.

En fait, ce ne sont pas des opposants. Ils imposent dans le silence, arbitrent quand c’est nécessaire; bref, ils ont des intérêts particuliers à défendre et à protéger. Une forme caricaturale de la politique de doublure.

Les plus avisés savent que la politique, c’est plus qu’une simple affaire entre président et opposant. L’économie , la géopolitique agissent activement  dans la politique globale du pays. Cependant, avec l’accentuation de la crise sous le règne de Jovenel Moise, les acteurs vont au-delà de leur champ d’action pour accuser les fantômes de l’histoire: le secteur privé des affaires et la communauté internationale. L’objectif serait, selon les deux camps en présence, un complot historique.

Le concept de système très en vogue utilisé ces derniers temps par Jovenel Moise et l’opposition illustre bien cette réflexion. Pour le premier, la bourgeoisie révoltée par sa politique en faveur des masses populaires  aurait en mains les clés du système d’exclusion, tandis que l’opposition aurait un rôle d’exécutant. Pour la seconde, c’est la communauté internationale qui soutient en dépit de tout le locataire du Palais national qui est le système. Les prouesses haïtiennes de 1804 continuent de la traumatiser encore et essaie de faire payer la nation depuis cette époque. Selon eux, le chef de l’État est son héritier direct. Il est aussi un protecteur d’une autre aile du système: la bourgeoisie.

Le débat se déroule sur ce front. Quelle que soit la radicalité des acteurs en présence, ces inconnus qui siègent dans le lieu secret des maîtres ont en main l’analgésique devant apaiser les nerfs. Quelle que soit l’issue que connaîtra cette crise, elle passera par eux. Le concept de système mis en avant n’est qu’un voile. Un discours pour empêcher que la vraie plaie soit touchée du doigt.

Ils accusent réciproquement ces deux inconnus précités alors qu’ils n’arrêtent de solliciter leur arbitrage. Élimination de notre mal n’est pas pour demain. Dans une telle situation, Erving Goffman aurait écrit que, quoi qu’en disent les politiciens haïtiens, tout cela n’est que théâtre, chacun ne fait que jouer un rôle.

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