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Les pieds cloués!

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Nous ne savons pas si nous devons avancer ou reculer.  Si nous sommes dirigés par des démocrates ou des dictateurs.  Si nos dirigeants nous accordent un peu d’attention alors que les gangs pensent à nous ôter la vie et à nous terroriser. Si nous avons récolté la transition de rupture souhaitée par  certains ou la gouvernance de salut public promue par d’autres.  Le plus objectif c’est que nous constatons que nous galérons. Que la société est en dégénérescence. Que nous sommes traités comme des bêtes sauvages.

Au courant de la semaine, le redoutable Chef de gang « Kraze baryè », Vitelhomme Innocent, à travers une note vocale devenue virale, a invité les populations à déguerpir les zones que son gang occupe en vue d’éviter un bain de sang. Il a intimé l’ordre aux  hommes d’affaires de fermer leurs entreprises. Il a aussi enjoint aux propriétaires et aux chauffeurs d’éviter ces zones. Ce, pour mieux correspondre aux autorités policières qu’il égratigne. Dommage !

Le puissant caïd a fait ces déclarations quelques jours après l’échec d’une opération policière  dans son fief. Un peu plus d’une semaine après que ses soldats eurent massacré des policiers qui intervenaient dans les hauteurs de Pétion-Ville.  Après avoir mis en ruine le sous-commissariat de Pernier abandonné par les policiers mécontents. Quelques jours après qu’un avion militaire canadien a patrouillé dans l’espace aérien d’Haïti.  Un  énième message aux autorités de l’État qui ont certainement la tête plutôt à vouloir conserver le pouvoir à travers la mobilisation du Haut Conseil de Transition (HCT) et d’autres plans comme la réalisation des élections, la révision de la Constitution, entre autres, que de combattre ce fléau qui s’institutionnalise dans le pays.

Haïti est totalement quadrillé par les gangs. Ils assiègent la capitale. Pourchassée dans une zone par un groupe armé, la population se réfugie sur le territoire d’un autre gang. À Port-au-Prince, la capitale économique et politique du pays, les habitants sont errants.  On ne sait pas à qui faire confiance. Même pas à la police dont certains de ses membres se comportent comme des bandits. Pas même à cette institution qui a  ses uniformes et ses matériels dans les bases des gangs.

Que peut-on réellement faire ? Qui dirige ce pays ? Quelle possibilité offre-t-on à la population prise en otage par les gangs ? Peut-elle résister ou est-elle contrainte de collaborer ? Quel choix a un citoyen qui n’a aucun autre endroit pour se rendre ? Comment demander à la population de collaborer avec la police qui n’est même pas en mesure de protéger ses agents ?

Certains ont voulu fuir le pays mais sont bloqués par la difficulté à faire faire ou à renouveler leurs passeports. D’autres utilisant la voie clandestine sont récupérés et expulsés, généralement dans des conditions inhumaines. D’autres encore, ayant une activité quelconque sont contraints de l’abandonner,  au risque de se faire assassiner ou kidnapper. Les plus misérables qui vivent au jour le jour sont terrorisés, pourchassés et tués. Les hôpitaux sont en grève. L’inflation gagne du terrain, les institutions scolaires peinent à fonctionner. Personne n’est à l’abri. Des élèves sont assassinés en pleine salle de classe. Chacun fait sa prière et attend son  heure. On en a assez.

La Police n’en peut plus, l’aide militaire étrangère sollicitée est toujours dans l’impasse. Les pays concernés tergiversent encore. Toutes les options envisagées paraissent absurdes. On dirait que même notre capacité de réfléchir nous fausse compagnie. Plusieurs de nos jeunes ont comme modèle ces civils armés. Nous avons perdu trop de temps. Nous avons perdu trop de gens. L’individualisme n’est pas une option.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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