Les transferts effectués depuis Haïti vers d’autres pays ont augmenté de manière considérable, selon la BRH !
6 min readEntre octobre 2023 et janvier 2024, les transferts expédiés depuis Haïti vers d’autres pays ont atteint 114,25 millions de dollars américains, soit 45 % de plus par rapport au niveau atteint sur l’ensemble de l’exercice 2022-2023, a relevé la Banque de la République d’Haïti (BRH ) à travers un document intitulé Marché des transferts : tendance et distribution. Elle précise que cette augmentation substantielle s’explique particulièrement en raison de l’accélération de l’émigration des Haïtiens vers les États-Unis dans le cadre des programmes humanitaires.
En ce qui concerne les transferts expédiés, la BRH a fait savoir dans son document paru sur Info à la loupe, qu’ils ont totalisé un montant de 253,86 millions de dollars américains en 2022-2023, soit un recul de 6,3 % par rapport à l’exercice antérieur. Toutefois, précise-t-elle, en raison de l’accélération de l’émigration des Haïtiens vers les États-Unis dans le cadre des programmes humanitaires, une augmentation substantielle du flux de transferts expédiés est enregistrée pour les quatre premiers mois de l’exercice en cours par rapport à la même période des deux exercices précédents. « Entre octobre 2023 et janvier 2024, ces transferts ont atteint 114,25 millions de dollars américains, soit 45 % de plus par rapport au niveau atteint sur l’ensemble de l’exercice 2022-2023 », a fait savoir la BRH. « À des fins de comparaison, les transferts expédiés pour les quatre premiers mois de l’exercice 2022-2023 se sont établis à 80,49 millions de dollars américains contre 96,18 millions de dollars américains pour la même période de l’exercice 2021-2022 », ajoute la Banque Centrale.
Coup d’œil sur les exercices précédent
Selon les données fournies par la Banque de la République d’Haïti, au cours de l’exercice fiscal 2022-2023, les transferts sans contrepartie reçus ont enregistré une baisse d’environ 3,8 % (129,75 millions de dollars américains de moins) par rapport à l’exercice antérieur. Ces flux, chiffrés à 3,28 milliards de dollars américains (contre 3,41 milliards en 2021-2022), ont reculé consécutivement à une relance timide des activités économiques dans les principaux pays pourvoyeurs de transfert, à en croire la BRH.
« Cette reprise s’est poursuivie et a conduit à une remontée du niveau des transferts pour les quatre premiers mois de l’exercice en cours. Entre octobre 2023 et janvier 2024, il y a eu une accumulation de 1,23 milliard de dollars américains, soit 37,5 % du niveau des transferts reçus en 2022-2023 », explique la BRH mentionnant par ailleurs et ce à titre de comparaison que les transferts reçus pour les quatre premiers mois de l’exercice précédent s’élèvent à 1,05 milliard de dollars américains. Et ceux correspondant à la même période de l’exercice 2021-2022, 1,16 milliard de dollars américains. Pour la Banque Centrale, « ceci laisse augurer une tendance croissante pour cette année en considérant l’accélération de la dégradation de la situation socio-économique et politique du pays observée ces derniers mois et la relative bonne tenue des économies d’origine des transferts».
Distribution géographique des transferts reçus et expédiés
Pour l’exercice fiscal 2021-2022, le département de l’Ouest a reçu 70,3 % des transferts, soit 2,4 milliards de dollars américains, suivi du département de l’Artibonite (301 millions de dollars américains, 8,8 %) et du Nord (195 millions de dollars américains, 5,7%), selon les informations fournies par la BRH. « Pour l’exercice suivant, une tendance similaire a été observée, avec l’Ouest recevant 2,24 milliards de dollars américains de transferts (68,4 %) suivi de l’Artibonite (9,6 %) et du Nord (4,9 %)», a ajouté la BRH tout en précisant par ailleurs que les départements du Nord-Est et de la Grand-Anse ont reçu moins de transferts avec respectivement 1 % et 0,8 % au cours des deux derniers exercices sous-étude.
Pour les quatre premiers mois de l’exercice 2023-2024, la BRH a fait savoir que l’Ouest a déjà reçu 757,85 millions de dollars américains de transferts, soit 62 % du total et les départements de l’Artibonite et du Nord ont suivi respectivement avec 11 % et 6 % des transferts reçus.
En ce qui concerne les transferts expédiés, la Banque Centrale souligne que ceux-ci proviennent majoritairement du département de l’Ouest, soit 197,01 millions de dollars américains (72,7 %) en 2021-2022 contre 186,5 millions de dollars américains (73,5 %) en 2022-2023, et de l’Artibonite avec 7,1 % en 2021-2022 contre 6,2 % en 2022-2023. « Les pourcentages les plus faibles concernent les départements des Nippes et de la Grand-Anse, lesquels représentent respectivement 1 % et 0,6 % des transferts expédiés au cours des deux derniers exercices », a révélé la BRH.
À en croire cette dernière, il y a une corrélation positive qui est observée entre l’importance des activités de transferts dans les différentes régions et la taille de leur population. « Selon l’estimation de la population haïtienne réalisée par l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en 2015, les trois départements ayant une plus forte concentration démographique sont l’Ouest (34 %), l’Artibonite (17 %) et le Nord (10 %)», explique la BRH. Ainsi, dit-elle, « comme spécifié précédemment, les données montrent un plus grand niveau de transferts reçus et expédiés dans ces trois (3) départements ».
Selon la BRH, les départements qui ont reçu et expédié le moins de transferts au cours des deux derniers exercices sont ceux ayant le plus faible niveau de population selon les estimations de l’IHSI à savoir la Grand-Anse (5 %), le Nord-Est (4 %) et les Nippes (3 %).
Coup d’œil sur la dynamique du marché des transferts
En août 2022, dans l’objectif de renforcer la réglementation des activités de transfert et de change, la BRH a rappelé qu’elle a publié les versions révisées des circulaires 118 et 114, soit 118-14 et 114-35. « À partir de ces deux révisions, les récipiendaires de transferts peuvent recevoir leurs fonds directement sur leurs comptes bancaires moyennant que le montant reçu n’excède pas mille (1000) dollars américains », a-t-on rappelé. « De plus, les maisons de transferts sont amenées à exercer un contrôle plus rigoureux des devises reçues en les canalisant vers le secteur formel », a fait savoir la BRH. Selon cette réglementation, 70 % des dollars provenant des transferts non déposés directement sur des comptes bancaires doivent être versés à une institution financière, alors que les 30 % restants sont retenus par la maison de transferts pour son compte propre et dont une partie est partagée avec ses sous-agents (équivalant de 30 % des transferts payés en gourdes par ces derniers, à en croire la BRH.
« Les données collectées en janvier 2024 relatives à la circulaire no 118-1 montrent que sur les transferts reçus, 47,89 millions de dollars américains (18,9 %) ont été payés directement sur comptes de dépôts. La plus forte partie des dollars restants, soit 143,33 millions de dollars américains, a été orientée vers les institutions de change formelles, alors que 8,31 millions ont été retenus par les maisons de transferts pour leurs besoins propres et 53,8 millions versés à leurs sous-agents », poursuit la BRH.
L’apport des transferts dans l’économie du pays
Par ailleurs la BRH a aussi fait remarquer que depuis plusieurs décennies, les transferts sans contrepartie, évalués aujourd’hui à environ 20% du Produit Intérieur Brut (PIB) d’Haïti, constituent un apport économique considérable pour le pays. «Il convient de souligner que les membres de la diaspora, notamment ceux du Chili et du Brésil, ont vraisemblablement contribué à renforcer le poids de cette source de devises. En dépit du ralentissement économique relatif à la COVID qui a affecté les pays d’accueil des haïtiens, ils ont continué à soutenir financièrement leurs proches vivant dans des conditions souvent précaires en Haïti », constate la Banque Centrale.
Jackson Junior RINVIL