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L’historien haïtien Michel Hector est mort : Une perte pour l’UEH et pour le pays…

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Le professeur Michel Hector, qui avait reçu, en mai dernier, les honneurs de l’Université d’État d’Haïti, a rendu l’âme dans la soirée du vendredi 6 juillet à l’âge de 87 ans. Différents acteurs de la communauté universitaire évoquent une grande perte pour l’université et pour le pays.

«Le départ du professeur Michel Hector nous touche et nous attriste profondément à l’UEH. Nous savions qu’il était malade mais nous ne nous attendions pas qu’il nous laisse si tôt. Il est une référence sure pour notre université, pour l’intellectualité haïtienne et pour le pays en général », exprime le recteur de l’UEH Fritz Deshommes, contacté par le journal. 

« Il y a l’historien de grand calibre, l’homme de science rigoureux, le défenseur de l’université et de l’enseignement publics.  Il y a surtout  le patriote intransigeant,  passionné de ce pays, de son histoire et de ses grandeurs, l’intellectuel généreux, toujours prêt à partager sa science avec ses collègues, ses étudiants, ses interlocuteurs de tous bords, surtout lorsqu’il s’agit de mettre en exergue les valeurs populaires, les motifs d’espérance, les carrefours historiques qui auraient pu se révéler décisifs pour infléchir le cours de l’histoire nationale et imprimer à la nation un avenir plus en rapport avec ses potentialités intrinsèques et sa place dans l’histoire du monde », déclare le recteur, avant d’ajouter que l’UEH lui doit un vibrant hommage. 

« Il est parti dans un moment très difficile pour le peuple. C’est une terrible perte, que ce soit pour l’Université d’Etat d’Haiti, la société haïtienne d’histoire et de géographie, sa famille ou pour Haïti », estime, l’air secoué, l’historien Pierre Buteau, actuel président de la Société haïtienne d’histoire et de géographie qu’avait  dirigée également l’historien Michel Hector. 

  « Je le regardais souvent avec admiration.  Ma dette envers lui, c’est son savoir. Tout jeune, j’ai eu la chance de lire ses écrits, surtout ceux qu’il a produits en exil. Je crois que Michel Hector  exprimait les deux formes de l’histoire. D’abord, l’histoire, sur le plan académique. Il était un très bon professeur. Et son retour en Haïti après la chute des Duvalier a été bénéfique pour l’École normale supérieure (ENS) où il a étudié. Il a suscité pas mal de vocation dans la discipline historique. Ses étudiants l’aimaient. Ensuite, l’histoire dans son effectuation. L’histoire qui se fait. Il est donc non seulement un grand témoin, mais aussi un acteur de l’histoire contemporaine haïtienne », témoigne le professeur Pierre Buteau à la rédaction, campant un homme très ferme, direct et conviviale.

Le professeur Michel Hector avait fait de l’enseignement son sacerdoce. Presque toute sa vie a été consacrée à la formation d’un nombre incalculable d’hommes et de femmes qui composent aujourd’hui l’intelligentsia haïtienne. Il était d’une immense stature dont on ne cesse de vanter l’intégrité, martèle, pour sa part, Guerdy Lissade, vice-président de la Société haïtienne d’histoire et de géographie. 

«C’est un modèle pour tous, un homme d’une rare intégrité, attaché à ses convictions ». Les mots manquent au professeur Lissade pour camper le portrait de l’homme, du professeur et de l’historien que représentait Michel Hector à ses yeux. « C’est une perte énorme pour le pays. Ce type est un savoir devant lequel on ne peut que s’incliner », réagit le vice-président de l’association haïtienne d’histoire et de géographie, attristé par le décès de son collègue. « C’est dommage pour l’université. Il est le créancier de beaucoup d’hommes de lettres dans ce pays, mais ceux-là qui se sont attachés à l’histoire », dit-il. 


Le professeur Michel Hector avait milité au sein du parti communiste haïtien qui luttait contre le régime dictatorial des Duvalier. Une bataille qui lui a couté des années d’exil. Il avait enseigné au Mexique.  C’était un historien qui a effectué beaucoup de recherches sur les luttes sociales en Haïti. Il s’inscrivait dans un combat permanent pour l’égalité des droits sociaux dans ce pays.  Il avait une connaissance des faits sociaux dans le pays, nous rappelle Pierre Buteau. 

Au niveau du Conseil de coordination de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), le professeur Paul Gérôme Lacosse dit avoir appris la nouvelle avec beaucoup de stupéfaction. Pour lui, le professeur Hector était un grand collaborateur qui a enseigné l’histoire à la FASCH durant des décennies. « Il a encadré beaucoup d’étudiants dans leur mémoire. Il a également animé des séminaires de formation au niveau de la méthodologie. « Il était animé par le sens du devoir et du travail bien fait. C’est une grande perte pour nous », relate le professeur Lacosse, avant de souligner l’intention des membres de la coordination de  rendre un hommage public et mérité à l’endroit de cet illustre historien.

Dans un article publié au journal,  le professeur Laënnec Hurbon  avait déja présenté Michel Hector comme un chercheur engagé, intégral et un modèle qui a su continuellement lier la théorie à la pratique. Pour lui, L’apport de Michel Hector dans l’enseignement de l’histoire, notamment celle de la révolution haïtienne est immensément considérable.

Le professeur Michel Hector a dirigé le Centre de recherches sociologiques et historiques, CRESOH. Il a également présidé le Comité du bicentenaire de l’Indépendance d’Haïti (en 2009).  En 2016, le laboratoire « Langage, discours et représentations » (Ladirep) lui avait remis la « médaille Jean Price-Mars» pour ses différents travaux accomplis dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales.

Le Nouvelliste

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