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« Medam depi n vle, nou kapab », martèle Rémise Belizaire

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Madame Remise Bélizaire enchaîne des prix honorifiques : lauréate du prix social de la Digicel en 2014, Femme Dofen 2019, pour ne citer que ces distinctions-là. Militante aguerrie pour l’émancipation de la femme, Mme Belizaire prône une société juste et équitable.

Née le 5 juin 1987, Rémise Bélizaire vient du département du Centre. Troisième d’une famille de sept enfants, sa mère est son modèle. Alors que son père était très maladif, sa mère a fait flèche de tout bois pour les élever dans la dignité. Bélizaire a toujours fait montre d’un vibrant leadership depuis sa douce enfance.

Après sa terminale au lycée Daniel Fignolé, elle entame un cursus en comptabilité, puis en Sciences administratives. Par ailleurs, elle a étudié, dans le cadre de la structure « Mouvman Peyizan Papay », l’animation sociale et détient une spécialisation en leadership éducationnel. « C’est justement à travers ce mouvement que j’ai commencé à m’engager dans ma communauté, puisqu’il fallait se rendre sur les lieux pour réaliser des projets », raconte  féministe lors d’une interview accordée au journal Le Quotidien News.

Un an avant le séisme dévastateur, Mme Bélizaire a mis  sur pied une structure faisant la promotion de l’autonomisation de la femme. À travers l’organisation des femmes pour le changement, le progrès et l’assainissement (OFCPAS femmes), elle lance un combat acharné pour l’émancipation de la gente féminine et réclame une société plus juste où les femmes et les hommes ont les mêmes opportunités de réussite. Jamais elle n’hésite à se rendre aux recoins du pays pour libérer des femmes du joug des bourreaux machistes. « Nul progrès ne peut avoir lieu en dehors des bases égalitaires », soutient la militante, mariée et mère d’un adolescent de dix ans. Elle reste persuadée que certains comportements à l’égard des femmes doivent être remis en question voire sanctionnés pour parvenir à la justice sociale.

Un bilan positif

« Il est impérieux de faire savoir aux femmes qu’il n’est plus question d’accepter l’asservissement tout simplement parce qu’elles sont des femmes », martèle la féministe qui tient à préciser toutefois qu’elle ne se trouve point dans l’aile radicale de ce mouvement. C’est dans cette perspective qu’elle a initié une structure d’entraide du côté d’Anse rouge, en vue de montrer la voie de l’émergence sociale aux femmes rustiques.

« Dans ces endroits reculés, la majorité des femmes n’ont pas eu le luxe de fréquenter une salle de classe dans leur enfance aux dépens des garçons », constate la coordonnatrice d’OFCPAS Femmes qui, en conséquence, institue, à travers ces groupes d’entraide, des programmes d’alphabétisation. « Au moins, via ce programme, ces femmes peuvent signer un document important, recevoir un transfert par exemple et même chanter dans leurs chants d’espérance », explique Mme Bélizaire qui dit s’inspirer de la bravoure de sa mère pour se lancer corps et âme dans la bataille contre le patriarcat.

De plus, « on montre à ces femmes l’importance de la solidarité féminine, la nécessité de se soutenir mutuellement afin de s’émanciper », avance la coordonnatrice qui assiste celles qui ont été victimes viol, d’actes de violence physique ou morale, mais qui n’ont pas osé en parler.

« Ces femmes sont, à présent, en mesure de se défendre grâce aux groupes de soutien », avance Rémise Bélizaire. Aux dires de la militante, ces femmes sont aujourd’hui plus autonomes tant du point de vue social qu’économique. « Fok medam yo konnen, depi n vle, nou kapab », soutient la militante pour l’émancipation de la femme.

C’est justement grâce à ce projet phare que la Digicel, après une enquête minutieuse, a choisi de l’honorer. Elle a obtenu le Prix social 2014 de la compagnie téléphonique. « J’ai été vraiment émue d’apprendre que la Digicel a enquêté à mon insu sur ce projet pour me gratifier de ce prix », témoigne la Femme Dofen 2019 qui avoue n’avoir pas postulé pour ce prix. Ce qui la motive davantage àmener haut la main ce noble combat.

 Il importe, par ailleurs, de noter que Madame Bélizaire projette d’inaugurer, avec d’autres femmes de la communauté, une boutique communautaire du côté de Ganthier pour faciliter l’autonomisation financière des riveraines.

L’initiative du Konbit Sosyo kiltirèl Tomond

Suite au malheureux constat qu’à Thomonde il n’y aucun espace socio-culturel où les jeunes seraient capables de s’épanouir, la jeune femme leader de trente trois ans a jugé bon d’instituer un centre au bénéfice de la communauté de Thomonde, d’où l’initiative du Konbit Sosyo kiltirèl Tomond. « En fait, je ne savais comment m’y prendre pour un projet de telle envergure. Suite aux suggestions de Nathalie Mondésir, j’ai dû contacter Louino Robillard, un leader à Cité soleil qui prône le concept du Konbit, pour me montrer la voie », avoue-t-elle.

Après avoir été bien imbue de la notion de Konbit, elle a engagé, avec son équipe, l’initiative Konbit Sosyo kiltirèl Tomond, il y a trois ans de cela. Un projet qui est à sa 130e semaine de collecte de fonds et qui avance considérablement vers sa réalisation.

La spécialiste en leadership éducationnel, contrairement à ce que pensent plus d’un, ne souhaite pas se présenter aux prochaines élections. « Je me suis souvent impliquée dans la politique pour soutenir d’autres candidates, sans pour autant manifester la moindre intention de poser ma candidature. Jamais je ne m’aventurerai sur ce terrain », déclare Mme Bélizaire. En tout cas, l’avenir nous dira le reste !

Statler LUCZAMA

Luczstadler96@gmail.com

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