Micaëlle Charles, l’espoir du théâtre haïtien
4 min readMicaëlle Charles s’aventure dans une expérience sensationnelle dans le milieu de la scène comme comédienne. Ayant participé à de nombreux scénarios, depuis ses débuts en 2017 à nos jours, elle ne fait qu’enchaîner des moments intenses sur scène, dont les uns sont plus marquants que les autres. Makala Sole, ainsi connue sur les réseaux sociaux, partage son plaisir d’être comédienne avec la rédaction de Le Quotidien News.
Jamais un domaine n’a autant fasciné la jeune Micaëlle Charles, native de Port-au-Prince, que l’art de Molière, le théâtre. Elle le considère en effet comme un mode de vie. Mais, qu’est-ce qui la captive autant dans le milieu de la scène ? Peut-on questionner. « C’est le théâtre en tant que tel qui m’intéresse, que je vis comme un art qui réunit autant de créativité, autant d’imagination que de réel, à savoir ce qui se passe ici et maintenant», répond la comédienne.
Née de parents juristes le 3 mai 1998, Micaëlle Charles qui s’est rebaptisée Makala Sole sur Facebook, suit les traces de ses parents en allant étudier le Droit. Elle avoue toutefois que ce domaine est loin d’être sa première passion même si elle est intriguée par les Sciences humaines et sociales. « A vrai dire, j’adore les Sciences humaines et sociales, affirme-t-elle. Mais s’il existe une en particulier que je préfère, ce serait la communication sociale », avoue celle qui envisage de faire un master en Droits humains ou Droits de la femme.
Micaëlle a grandi avec ses parents qui lui ont transmis le goût de la lecture à Port-au-Prince, sa ville natale. « Enfant, j’ai plus ou moins eu l’occasion de faire des activités liées à mon épanouissement. Je chantais par exemple à l’église ; je participais à des activités parascolaires à l’école », raconte la comédienne, chérissant le souvenir enjolivé d’une belle enfance. Peu de temps après ses études classiques au Collège Canado-Haïtien, juste avant son admission à la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université d’État d’Haïti, elle a intégré les ateliers Franck Fouché, où elle a acquis les premières notions et techniques du théâtre. Cet atelier dirigé par Jean Cajou l’a mise en contact avec l’art dans toute sa dimension.
« J’ai participé avec l’atelier Franck Fouché à une tournée en vue de présenter les textes du poète haïtien Georges Castera. On a présenté ses poèmes dans certaines écoles de la ville et à l’émission ‘Lecture et compagnie’. C’était une belle expérience », se souvient la blogueuse Micaëlle, qui pense que la poésie peut s’avérer d’une grande utilité comme outil de dénonciation.
Sa rencontre avec son actuel metteur en scène, Rolando Étienne, avec qui elle a collaboré sur de nombreux projets, lui a permis de mieux expérimenter le milieu de la scène, si l’on en croit ses propos. Sur les directives de ce dernier, elle a fait sa première grande scène au Festival Quatre chemins. « C’était en 2019, quand je jouais pour la première fois la pièce Domitila, une histoire qui met en exergue l’implication des femmes dans la revendication pour un meilleur traitement et une meilleure condition de vie des mineurs en Bolivie », explique Micaëlle Charles, étudiante à ACTE, une école d’art dramatique.
Elle a participé cette année à une tournée dans les départements du Nord-Est et du Nord-Ouest dans le cadre de la première édition du mini festival Théâtre-Citoyen. « C’est en réalité cette tournée dans le grand Nord qui m’a permis de m’affirmer véritablement comme comédienne, tant l’expérience était intense », affirme celle qui prête sa voix au Podcast Negès,Djougan réalisé par ACTE en partenariat avec la plateforme de podcast Audastio.
« Djougan Negès est un podcast historique, qui met en lumière l’implication des femmes dans la lutte pour l’indépendance du pays. Ce podcast est en effet un travail de mémoire, qui retrace le parcours des héroïnes haïtiennes pouvant servir de modèle à nos jeunes femmes », déclare Makala Sole, fière de participer à ce travail titanesque.
Cette ambiance qui unit les comédiens entre eux, cette envie de performer, de s’exprimer sur scène, et ce, malgré leurs maigres ressources, incite Micaëlle à s’accrocher à ce secteur artistique. « Ce qui anime les comédiens haïtiens, c’est la passion, ce n’est autre que leur amour pour le métier. C’est ce qui les motive à faire du théâtre malgré leurs faibles moyens et le manque d’infrastructures dans le milieu du théâtre », confie la blogueuse, déplorant le fait que le travail des comédiens ne soit pas pris au sérieux.
« J’aimerais que ce métier soit pris au sérieux, que le secteur du théâtre soit régulé de telle sorte que le comédien soit en mesure de vivre de son art », réclame la comédienne de Negès Djougan, espérant qu’il y ait plus d’ouverture pour les jeunes qui veulent devenir des professionnels du théâtre. « Le théâtre ne mourra pas en Haïti, parce que c’est un art qui résiste et qui permet de résister, de dénoncer et de se battre », martèle Micaëlle Charles qui rêve d’instaurer un prix du théâtre pour honorer ses pairs qu’ils soient comédiens, metteurs en scène ou dramaturges afin d’encourager leur travail.
Statler LUCZAMA
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