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Nous avons des devoirs !

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C’était le vœu de nos aïeux. Former des fils. Ils voulaient construire une nation forte pour assurer avec honneur et dignité leur héritage. Cette terre-patrie. Les chefs indigènes voyaient dans les nouveaux libres de vaillants combattants qui allaient faire fructifier leurs œuvres. Former les dignes héritiers dans la vision anti-esclavagiste.

Nous n’arrêtons pas de le répéter chaque semaine, dans nos écoles ou dans d’autres circonstances, qu’il faut « former des fils ». Que, dans nos rangs, il ne faut point de traîtres. Que nous devons marcher unis. Qu’il faut mourir pour la patrie et pour le drapeau.

Cet esprit nationaliste semble nous avoir faussé compagnie depuis le jour où nous avons proclamé notre indépendance. Cette vision est noyée dans une escalade de misères, d’insouciances et le manque de patriotisme. Il n’est que l’expression de vils mots perdus dans un couplet de la Dessalinienne, entonné sans conviction. Un hymne national dont l’amateurisme des uns et la cupidité des autres ont souillé la valeur.

Les multiples événements sociopolitiques vécus de 1804 à nos jours, ne reflètent en rien l’idéal de nos ancêtres. Notre manière d’agir, notre rapport avec les lois et les institutions renforcent cette assertion : « konstitisyon se papye,bayonèt se fè ». Nous faisons tout sauf dans l’intérêt de la collectivité. Nous oublions nos devoirs envers nous-mêmes et envers le pays.

Nous avons du travail sur le sentier. Le pays vient de connaître sept mois dans une crise sans pareille de carburant. Le gallon de gazoline se vend dans de nombreuses villes de province jusqu’à 2500 gourdes. Le prix pour se procurer dix gallons en temps normal. Le pays fait face également à une crise humanitaire sans précédent. Selon l’ONU, le nombre de personnes vivant en situation d’insécurité alimentaire passe de 4.6 à 5.6 millions. Une situation qui n’interpelle pas les autorités. À tout cela, elles répondent par la violence en réprimant les manifestations de la population qui réclament entre autres, la disponibilité du carburant et une baisse des produits de première nécessité. Ce n’est pas possible de persister dans cette voie.

L’insécurité est loin d’être maîtrisée. Elle est le talon d’Achille de la population. Beaucoup de dossiers de justice sont en souffrance incluant les enquêtes relatives à l’assassinat de Jovenel Moïse, de Monferrier Dorval, des différents massacres civils, sans oublier le dossier de dilapidation des fonds PetroCaribe.

Cette semaine, l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a remis à la justice une dizaine de cas d’anciens ordonnateurs impliqués dans des actes de corruption. Elle lui a également transféré une liste de quarante parlementaires qui n’ont pas fait leur déclaration de patrimoine. Il ya l’affaire impliquant l’Église Épiscopale d’Haïti, la saisie d’armes à Port-de-Paix le 1er juillet dernier, etc. Tant de dossiers qui mériteraient le bénéfice de l’urgence. Pourtant, nous restons convaincus qu’on aura toujours le temps. Quel est le rôle des leaders politiques dans tout ça ? Comment se mettre ensemble pour avancer ?

Contrairement à ce que nous pensons, nous sommes dans une course contre la montre. Nous avons une base à poser.  Une élite à construire. Un pays à repenser.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984

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