dim. Déc 22nd, 2024

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Nous vous accordons le bénéfice du doute!

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Pendant trois semaines de suite, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a fait acte de présence au niveau de la troisième circonscription de Port-au-Prince où se trouvent trois des plus redoutables groupes armés du pays (le gang de Petit-Bois, celui de Grand-Ravine et celui de Village de Dieu). À chaque fois, les agents de la PNH ont donné un minimum de satisfaction en isolant les gangs et ont contribué, du coup, à faire diminuer le nombre de kidnappings qui n’a cessé de progresser à un rythme exponentiel ces dernières années.

Aucun bilan officiel pour le moment mais, depuis le début de cette semaine, la police est présente en permanence au niveau de cette zone livrée aux bandes armées depuis maintenant deux ans. Les premiers constats laissent espérer une issue satisfaisante. Pour cela, il faut patienter encore pour qu’à l’instar des deux précédentes semaines, les responsables policiers n’ordonnent pas, une fois de plus, aux agents sur place d’abandonner la lutte et de regagner leurs bases respectives.

Le démantèlement le mois dernier du gang « Ti Makak » opérant sur les hauteurs de Pétion-Ville au niveau de Laboule en particulier nous donne le droit de continuer de croire. De penser que les autorités pourraient être de bonne volonté et qu’ils veulent en finir pour de bon avec cette atmosphère de violence qui a trop duré. C’est l’occasion pour les dirigeants haïtiens de refaire leur image. C’est une opportunité sans précédent pour eux de prendre leur distance avec les gangs armés qui n’arrêtent de les accuser comme étant, aux dires du fameux Vitelhomme Innocent, des membres de l’équipe.  Le démantèlement des gangs, rappelons-le,  était l’une des exigences formulées par les acteurs politiques haïtiens de s’engager dans le processus électoral, priorité du Premier Ministre, Ariel Henry, qui a déjà entamé les démarches pour constituer le Conseil Électoral Provisoire (CEP). C’est l’appel également de la communauté internationale qui tergiverse pour répondre à la demande du Gouvernement.

S’agit-il d’une énième mise en scène de l’Exécutif ? Personne ne sait. Mais, s‘il y a quelque chose sur laquelle on peut être certain, c’est que si la PNH arrive à mettre fin aux activités des gangs de la troisième circonscription de Port-au-Prince, elle portera un grand coup au banditisme en Haïti car, détruire le noyau implique automatiquement l’anéantissement de ses tentacules.  Rappelons aussi que cette décision fructueuse, jusqu’à preuve du contraire, survient sept mois après que le Gouvernement Haïti a déclaré au Conseil de Sécurité de l’ONU que, seule, une intervention militaire étrangère peut renverser la situation.

Considérant cet aveu d’impuissance, comment la police, incapable sept mois durant, s’est-elle ainsi métamorphosée ? Y-a-t-il un rapport entre ce qu’est en train de faire la PNH et les sanctions internationales imposées à divers membres de l’élite nationale? Cette démonstration policière, est-elle en rapport avec les deux missions canadiennes dans les airs et sur les eaux d’Haïti récemment? Est-ce que ça concerne la livraison de plusieurs cargaisons de matériels commandés au Canada par les autorités haïtiennes? Autrement dit, cet effort constaté, est-il l’expression que l’Exécutif s’était trompé sur la question en octobre dernier? Ou encore, au moment de faire la demande à l’ONU, espérait-il cette mission étrangère dans le but de satisfaire d’autres intérêts non avoués? En attendant l’issue des opérations au Bicentenaire, à Martissant et ses environs, le bénéfice du doute vous est accordé.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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