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On n’est pas protégé

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En principe, la protection des vies et des biens sur le territoire national  doit être assurée par la Police nationale d’Haïti (PNH). Cette dernière créée en 1995 à la suite de la démobilisation de l’armée trempée dans de trop nombreux actes répréhensibles, est en passe de vivre les plus sombres moments de son histoire. Sans hypocrisie, on peut dire qu’elle suscite pas mal de réflexions par rapport à la conjoncture.

Le phénomène de l’insécurité ne connaît plus de limites en Haïti. Des groupes armés systématiquement en rébellion les uns contre les autres partagent la capitale en de petites juridictions de non-droit. La population est terrorisée, abandonnée par les autorités établies. Dans les villes de province, les gens ne sont pas plus protégés que ceux de Port-au-Prince. Les civils armés étendent leurs tentacules sur le reste du pays.

Ils sont incontrôlables. Ils sont rivaux. Ils n’ont jamais été à une académie pour se former. Pourtant, ils n’arrêtent pas de défier la police. Comme dans un film de fiction, ces groupes se multiplient, mettant en déroute nos forces de l’ordre. Ils massacrent des gens innocents, ils dictent leur loi à des personnes paisibles. Ils ridiculisent les autorités. Ils isolent le grand sud ou le grand nord de la capitale selon les besoins. Ils rendent désertes certaines zones. Ils forcent des institutions d’État à se déplacer pour se reloger dans des endroits plus sûrs. L’insécurité se généralise.

La violence en Haïti est banalisée. En l’espace de moins d’un mois, le RNDDH a recensé plus qu’une cinquantaine de tués. De 2018 à nos jours, plus d’une dizaine de massacres ont eu lieu. La police et le pouvoir en place sont couramment pointés du doigt. La situation va de mal en pis. Personne n’est à l’abri.

Les institutions remparts sont dénoncées. La police mise sur la sellette. Tous ceux qui ont une arme légale ou illégale font chanter le premier citoyen venu. C’est la dictature des baïonnettes . Soit on laisse le pays dans les conditions qu’on sait, soit on se fait abattre lâchement. La peur, l’anxiété, le dégoût, l’espoir, tout se mélange pour constituer notre quotidien. On vit chaque jour comme si c’était le dernier.

De nos jours, l’on assiste à des crimes qui révoltent la conscience. L’État ne pipe mot. Faut-il croire que le droit à la vie et à la mort dépend d’un seul groupe d’individus abjects ? La justice a failli à sa mission, les gens se font justice eux-mêmes.  Décriée et corrompue, la justice ne possède plus son autorité. Des meurtres collectifs, des meurtres isolés, on ne récence que des morts.

Qu’on se rappelle de ce couple tué la semaine dernière, des deux jeunes danseurs retrouvés carbonisés, des trois  personnes, dont un cadre de la BRH, tuées lors d’une rencontre politique à domicile ? Qu’on se souvienne des massacres de La Saline, de Tokio, de Pont-Rouge, de Carrefour-Feuille, entre autres? Rappelez-vous des manifestants, des victimes  des conflits armés, de tous ces gens kidnappés puis tués? Rappelez-vous de la jeune adolescente dénommée « timamoune » dont le cas a fait le tour des réseaux sociaux ? Hélas, qui dira halte-là? L’État peut-être ? Mais quel État ? Celui-là que le RNDDH et la FJKL  soupçonnent être de connivence avec les bourreaux de la nation?

En 2020, et depuis belle lurette avant, le pays fait face une insécurité multiforme: alimentaire, sanitaire, d’état. La plaie s’infecte tous les jours. On est à deux doigts de toucher le fond. L’exécutif est dans l’obligation de se  déterminer par rapport à cette épineuse question des gangs armés qui fait du Ministère de la justice une institution ridicule. Il a quelque chose aussi à dire sur la constitution du ‘’G9 an fanmi’’ et alliés, dont Lucmane Délile recommande l’arrestation du  chef de file.

La police doit s’assumer, mais ceux qui alimentent l’insécurité dans l’ombre sont appelés eux aussi à faire marche arrière. Cessons  de tuer et de dire qu’on fait du social ! Arrêtons de prétendre qu’on est des victimes, alors qu’on est en fait le cerveau de ces actes barbares ! L’État est mouillé jusqu’au cou. Les organismes des droits humains ne cessent de le clamer. On ne peut pas en rester là. On ne peut plus respirer. Agissons!

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