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Près d’une vingtaine d’ONG appellent la France à rembourser la dette coloniale envers Haïti

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Lors du Forum permanent des Nations Unies pour les personnes d’ascendance africaine (PFPAD) qui s’est tenu à Genève, du 16 au 19 avril 2024, plusieurs anciennes puissances coloniales ont été invitées par vingt Organisations Non Gouvernementales (ONG) à indemniser les pays qu’elles ont occupés. En effet, la France a été convoquée pour le remboursement à Haïti des milliards d’euros que l’île a versés pour son indépendance en 1804. Cette rencontre a été également l’occasion pour les ONG de mettre l’accent sur l’importance de créer un tribunal à cet effet.

Cette rencontre s’est déroulée sur le thème : « La Deuxième Décennie Internationale des Personnes d’Ascendance Africaine : Lutte contre le racisme systémique, justice réparatrice et développement durable ». Ce forum représente un espace crucial pour faire avancer les droits et le bien-être des personnes d’ascendance africaine dans le monde. À travers cet événement, les ONG ont mis en place une nouvelle commission indépendante pour superviser la restitution de la dette de la France envers Haïti, qu’elles qualifient de rançon.

La France a attendu jusqu’en 1825 pour reconnaître l’indépendance d’Haïti en échange d’une indemnité colossale. Le roi Charles X, dans une ordonnance en date du 17 avril 1825, exigeait une indemnité de 150 millions de francs or pour dédommager les anciens colons et l’assurance d’échanges commerciaux privilégiés en faveur de la France. Cette dette a été totalement remboursée en 1947, mais Haïti a continué à rembourser des intérêts aux banques américaines et françaises jusqu’en 1952.

Par ailleurs, les Haïtiens estiment que le paiement de cette dette a causé des retards sur le développement du pays. Selon une enquête du New York Times, cette indemnité pourrait atteindre entre 20 et 108 milliards d’euros. Toutefois, les historiens ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la valeur actuelle de cette rançon. Les autorités haïtiennes estiment que cet argent pourrait être investi dans des travaux publics en Haïti, où un conseil de transition vient à peine de s’installer en vue de restaurer la sécurité et de stopper les gangs armés.

« Je me joins à vos demandes d’action immédiate. En matière de réparations, nous devons enfin entrer dans une nouvelle ère. Les gouvernements doivent faire preuve d’un véritable leadership en s’engageant sincèrement à passer rapidement de la parole aux actes afin de réparer les torts du passé », a prononcé Volker Turk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, lors de son discours de clôture du PFPAD.

Selon Mario Joseph, avocat responsable du Bureau des Avocats Internationaux (BAI), Haïti détient toutes les clés de restitution pour tous ceux qui ont souffert de l’esclavage. « Mais, nous Haïtiens, nous avons besoin de votre aide pour atteindre le cadenas », a-t-il déclaré.

Au cours du PFPAD, le BAI et ses partenaires haïtiens, notamment Mouvement de la Liberté et Egalité des Haïtiens pour la Fraternité (MOLEGAF), l’Etude et Actions pour les Droits de l’Homme (EADH), Sant Karl Lévêque (SKL) et l’Ensemble des Citoyens Compétents dans la Recherche d’Egalité des Droits de l’Homme en Haïti (ECCREDH) ont déposé un document de huit grands points pour la poursuite de la restitution à Haïti de la dette de l’indépendance illégitime soutirée par la France.

Marie-Alla Clerville

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