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Presse et insécurité : Jean Thony Lorthé libéré enfin après 15 jours de séquestration !

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Le milieu de la presse haïtienne souffle enfin. Après 15 jours de captivité, le journaliste de la radio Vision 2000, Jean Thony Lorthé a été libéré et est maintenant auprès de sa famille. Les journalistes de toutes parts se sont mobilisés. Plusieurs mouvements de protestation ont eu lieu au cours de ces derniers jours, pour exiger la libération de l’homme de radio.   Les kidnappings remontent en flèche depuis le début de l’année et la résolution de la crise sécuritaire semble encore bien lointaine. 

Enlevé dans la soirée du vendredi 3 février à Laboule 12 en compagnie de son frère Odner Lorthé et de Michelove Jordain, Jean Thony Lorthé a passé quinze jours entre les mains de ses ravisseurs, avant d’être libéré contre rançon ce vendredi 17 février. Selon les informations disponibles, ils empruntaient la route de Laboule 12 pour se rendre dans la commune de Carrefour dans l’objectif d’assister aux funérailles d’un proche. Les journalistes ne sont pas épargnés par cette machine d’insécurité qui ravage tout sur son passage.

Plusieurs voix se sont élevées pour exprimer leur colère de voir la situation du pays  dégénérer au fil des jours. La sphère du quatrième pouvoir s’est mobilisée pendant plusieurs jours en signe de solidarité envers ces confrères. D’ailleurs, 12 jours après l’enlèvement de l’animateur de radio, le 14 février, plusieurs journalistes en collaboration avec le RENAGSANG ont investi les rues pour réclamer la libération sans délai de Thony Lorthé et de ses proches.

Cette marche, réalisée devant les locaux du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) à l’avenue Lamartinière, a compté plusieurs personnalités médiatiques et publiques. L’Association des Journalistes Haïtiens (AJH) était de la partie pour inciter le Gouvernement à poser des actions concrètes pour éradiquer l’insécurité qui touche toute la société, y compris les journalistes. L’AJH rappelle que le MCC se doit d’intervenir en faveur des journalistes, auprès de l’État. Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), par l’organe de Marie Rosie Auguste a fait preuve de présence et de solidarité lors de cette marche symbolique.

En effet, outre ses fonctions de journaliste à la radio Vision 2000, M. Lorthé est également porte-parole du Réseau National des Groupes Sanguins de Rhésus Négatifs (RENAGSANG). D’ailleurs, immédiatement après sa libération, Nancy Lainée, coordonnatrice générale du  RENAGSANG s’est exprimée sur son compte facebook pour remercier tous ceux qui ont concrètement témoigné de leur solidarité au porte-parole de l’organisation et elle n’a pas manqué d’exprimer son soulagement. « RENAGSANG  remercie la population pour sa solidarité en ces jours sombres. Continuons d’être solidaires en vue de sortir le pays de cette impasse difficile », a-t-elle publié en créole sur sa page.

La presse haïtienne a fait de son mieux pour soutenir le journaliste et a profité de cette fâcheuse situation pour exiger auprès des autorités d’intervenir dans la situation sécuritaire du pays.  D’ailleurs, ce vendredi 17, les journalistes de radio vision 2000 ont même entamé une suspension de diffusion des informations. Ce mouvement a miraculeusement coïncidé avec la libération du journaliste.

Interviewé par la rédaction de Le Quotidien News, au sujet des nombreux journalistes victimes de l’insécurité, Jacques Sampeur, Président de  l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH)  a déclaré que la presse est prise entre plusieurs feux par le fait qu’elle dénonce et annonce. M. Sampeur a tenu à rappeler que ce n’est pas la presse qui prend les décisions, mais plutôt l’État.  « La presse n’est pas la fièvre, la presse n’est que le thermomètre. Nous accusons la fièvre mais nous n’en sommes pas la cause. Nous sommes là pour analyser et dire si on ne fait pas ceci, on va avoir cela. La presse est prise pour cible mais ce n’est pas à la presse de décider de quoi que ce soit », affirme le directeur général de Radio Télé Antilles Internationale.

Les jours défilent mais la situation sécuritaire du pays ne s’améliore pas. Toutes les couches de la société sont impactées de près ou de loin. Les cas de kidnapping, notamment dans la zone métropolitaine, se multiplient. Les journalistes, les travailleurs de la santé ne sont pas épargnés. D’ailleurs, récemment le 24 janvier, le professeur Pierre Buteau a été enlevé par des malfrats à Port-au-Prince. Il en de même du Dr Louis Gérald Gilles, médecin spécialisé en chirurgie générale et ancien Sénateur de la République qui a  été enlevé le jeudi 26 février 2023 devant sa clinique à Delmas 103.  Plusieurs autres cas d’enlèvements ont été recensés au cours des mois de janvier et de février. Les victimes de kidnappings en Haïti ne se comptent plus. Il est urgent de trouver une issue à la crise sécuritaire.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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