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Que signifie en Haïti diriger ?

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Paradoxalement, nous posons une question qui devait provoquer une réponse automatique. Car même ceux qui n’ont pas une formation académique poussée pensent connaître la réponse. Mais en réalité, il semblerait-il que ceux qui se réclament des élites (politiques, économiques, intellectuelles), ont du mal encore à  répondre précisément à la question.

Classiquement, on définit le terme « diriger » par des verbes comme mener, orienter, conduire, etc. Cela sous-entend qu’il y a un groupe qui donne le ton et un autre qui obéit. Un groupe qui prend les initiatives et une catégorie qui s’y adapte. C’est en quelque sorte une marche à suivre.

Dépendamment de la situation du pays, la direction peut être personnelle. C’est-à-dire que celui qui donne le ton le fait suivant ses propres règles (des entreprises personnelles par exemple). Mais s’agissant de diriger au nom d’une autre personne, d’un groupe, entre autres, celui qui conduit n’est pas totalement libre. Il est dépendant des règles, de ceux qu’il dirige, de l’objectif fixé (généralement prédéfini) pour ne citer que cela.

Notre interrogation aujourd’hui vise à porter un jugement critique sur notre conjoncture politique pour essayer de voir si nos dirigeants politiques maîtrisent réellement cette notion de base. En fait, c’est la pagaille en Haïti. Tout se mélange. Même la vie y est banalisée. C’est devenu la République du chacun pour soi et Dieu pour tous.

Le premier garde-fou des dirigeants politiques devrait être  la Constitution. Elle définit les marches à suivre. Le Chef de l’État, ses équipes constituant l’exécutif, les autres pouvoirs, l’administration publique ont déjà les procédures bien tracées. Ils sont placés à des postes de direction pour permettre au moteur social de bien fonctionner. De garantir le bien-être collectif, la sécurité nationale, la  propriété, (…). La gestion du bien public n’est que ça. Chacun à son poste, obéit à la loi, joue sa partition pour que l’harmonie règne.

Ce rôle de dirigeant fait appel à la responsabilité ; or, cette vertu semble manquer chez nos hommes politiques, notamment chez ceux qui sont au pouvoir. Au lieu de plier l’échine devant la loi, ils s’arrogent le pouvoir de la violer sans être inquiétés. En conséquence, ils s’acharnent sur elle l’accusant de frapper de désuétude.

À bien observer la conjoncture haïtienne, seule la mesquinerie prévaut. Le kidnapping fait rage, les gangs armés pullulent, les cas d’assassinats se multiplient, bref, la population est terrorisée. Pour se montrer responsable, l’État fait aveu d’impuissance en accusant à tort et à travers le secteur privé et l’opposition. Comme si son rôle, c’était d’identifier les fauteurs de troubles et de les laisser faire.

49 cas de kidnapping en 15 jours, 91 en un mois, certaines cachettes sont identifiées, des sommes faramineuses sont données en rançons. Comme réponse, que des mesures cosmétiques ! Les contribuables sont abandonnés à la merci des sans foi ni loi. Par ailleurs, l’économie nationale est une catastrophe, le taux du chômage, un véritable casse-tête. Malgré cela, tout semble aller très bien pour les dirigeants qui ne montrent aucun signe de préoccupation. Ne parlons pas de l’appareil judiciaire, des systèmes sanitaires et éducatifs, des grèves. Ces problèmes qui deviennent récurrents ne se figurent pas sur la liste des priorités de ceux qui ont la charge d’administrer la nation. Dommage, au sommet du pouvoir chacun fait ce que bon lui semble, abandonnant le peuple dit souverain dans sa misère et exposé à la violence.

Daniel Sévère

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