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Qui est Joe Biden ?

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 Joseph Robinette Biden Jr. dit Joe Biden, né le 20 novembre 1942 à Scranton (Pennsylvanie), est un homme d’État américainVice-président des États-Unis de 2009 à 2017, il sera investi 46e président des États-Unis le 20 janvier 2021.

Sénateur fédéral pour le Delaware de 1973 à 2009, il est considéré comme appartenant à l’aile droite du Parti démocrate et préside le comité judiciaire et criminel de la chambre haute du Congrès de 1987 à 1995. Il est également à la tête à deux reprises, entre 2001 et 2009, du comité des affaires étrangères du Sénat.

Candidat sans succès aux primaires démocrates en vue des élections présidentielles de 1988 et à nouveau en 2008, il est choisi par Barack Obama pour être son colistier comme candidat à la vice-présidence des États-Unis pour l’élection de 2008. Élu avec celui-ci, puis réélu en 2012, il est le premier vice-président catholique dans l’histoire américaine.

En 2020, à 77 ans, il remporte les primaires démocrates et devient le candidat de son parti à l’élection présidentielle, contre le président sortant Donald Trump. Il choisit Kamala Harris comme candidate à la vice-présidence. Le 7 novembre 2020, quatre jours après le scrutin, les projections des médias américains le donnent vainqueur en Pennsylvanie. Il dépasse ainsi le seuil de 270 grands électeurs lui assurant d’être le président élu.

Enfant, Joe Biden souffre de bégaiement3, un handicap qu’il devra surmonter tout au long de son existence4.

Diplômé d’histoire et de science politique en 1965 à l’université du Delaware, il poursuit des études supérieures à la faculté de droit de l’université de Syracuse. Il y rencontre Neilia Hunter qu’il épouse en 1966 et avec qui il a trois enfants.

Après avoir obtenu un diplôme en droit en 1968, il commence une carrière juridique à Wilmington (Delaware)5.

Premier mariage

En décembre 1972, sa femme et leurs trois enfants sont victimes d’un accident de la route, leur voiture ayant été percutée par un tracteur de semi-remorque. Son épouse et sa fille Naomi Christina, âgée de treize mois, sont tuées, et ses deux fils sont grièvement blessés6. Par la suite, Biden déclare plusieurs fois que le conducteur du camion avait bu de l’alcool avant la collision, mais la famille du conducteur a nié cette affirmation et la police ne l’a jamais prouvée7,8,9,10.

Second mariage

Joe Biden élève seul ses deux fils puis se remarie, en 1977, avec Jill Tracy Jacobs avec qui il a une fille, Ashley, née en 198111.

Son fils aîné, Beau Biden, est élu procureur général du Delaware en 2006 et 201012 après avoir été capitaine dans une unité de la garde nationale du Delaware, et avoir servi durant la guerre en Irak de 200312. Il meurt d’un cancer du cerveau en 2015. Son second fils, Hunter Biden, est avocat à Washington ; sa participation à partir de 2014 au directoire d’une des plus importantes compagnies gazières ukrainiennesBurisma (en) suscite des controverses en lien notamment avec la fonction de son père.

Parcours politique

En novembre 1972, il est élu au Sénat des États-Unis sous l’étiquette du Parti démocrate. Il est constamment réélu jusqu’à son accession à la vice-présidence des États-Unis.

Politique intérieure

Président de la commission judiciaire du Sénat de 1987 à 1995, Joe Biden parvient à bloquer la nomination de Robert Bork à la Cour suprême des États-Unis et tente aussi, sans succès, de bloquer celle de Clarence Thomas, lors de sa nomination par le président George H. W. Bush. Les deux procédures sont marquées au Sénat par des attaques personnelles.

Parmi les lois dont Joe Biden est l’auteur ou le coauteur, la plus reconnue est celle de 1994 sur les crimes violents intitulée Violent Crime Control and Law Enforcement Act of 1994, plus connue sous le nom de « Biden Crime Law », celle également contre la violence domestique sur les femmes de 2000 (Violence Against Women Act of 2000) mais dont une partie est déclarée par la suite inconstitutionnelle et enfin les lois contre les narcotrafiquants. Joe Biden est un farouche partisan de la propriété intellectuelle, lié à la Recording Industry Association of America, la Motion Picture Association of America et la Business Software Alliance. Il est un fort soutien du Digital Millennium Copyright Act17.

Il est connu pour être non seulement un « bavard » mais aussi pour tenir parfois des propos embarrassants6, le Los Angeles Times le surnommant ainsi « la machine à gaffes18 ». Il déclara notamment que l’on ne pouvait pas « entrer dans un 7-Eleven ou un Dunkin Donuts [des petits magasins populaires] à moins d’avoir un léger accent indien19 ».

Au comité des affaires étrangères

Membre du comité des affaires étrangères du Sénat, il en devient le chef de la minorité démocrate en 1997. En tant que tel, il est l’un des premiers, au milieu des années 1990, à demander la levée de l’embargo sur les armes à destination des musulmans de Bosnie20 lors de la guerre en ex-Yougoslavie et à qualifier le président serbe Slobodan Milosević de criminel de guerre. Il fut le coauteur en 1999, avec le républicain John McCain, futur adversaire d’Obama en 2008, d’une résolution du Congrès autorisant le président Bill Clinton à utiliser la force nécessaire pour faire cesser les violences contre les droits de l’homme au Kosovo21.

Après les attentats du 11 septembre 2001, en tant que président du Comité des affaires étrangères du Sénat, il est le premier élu américain à se rendre en Afghanistan, en janvier 2002, après la chute des talibans22. Durant la présidence de George W. Bush, il soutient ainsi le président Hamid Karzai contre ceux qui, au sein de l’administration, préfèrent modérer son pouvoir en favorisant un schéma décentralisé et régional, quitte à favoriser les seigneurs de guerre22.

Par ailleurs, Joe Biden organise des auditions sur l’Irak. Il en conclut alors que les États-Unis « n’ont d’autre choix que d’éliminer Saddam Hussein » mais soutient une opération menée dans le cadre de l’ONU20. Comme l’extrême majorité du Congrès, il vote également en faveur du Patriot Act et, en octobre 2002, en faveur de la résolution autorisant le président George W. Bush à mener des opérations militaires à l’encontre de l’Irak6. Il n’en devient pas moins l’un des plus virulents critiques de la gestion de l’après-guerre, proposant en 2006 la partition de l’Irak entre chiitessunnites et Kurdes23 ainsi que la prise en charge par la communauté internationale de l’occupation du pays.

Il considère aussi que l’administration Bush se concentre trop sur l’Irak au détriment de l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan22. Après y avoir été favorable, il s’est opposé, sans succès, au renforcement militaire des troupes militaires américaines en 2007 déclarant que le renforcement des effectifs sur place n’était « pas dans l’intérêt de la nation24 ».

Primaires présidentielles démocrates de 1988 et de 2008

Candidat aux élections primaires démocrates en vue de l’élection présidentielle de novembre 1988, Biden est obligé d’abandonner la course présidentielle, à la suite du scandale provoqué par son plagiat d’un discours du leader travailliste anglais, Neil Kinnock, qu’il avait prononcé lors de sa campagne électorale dans l’État d’Iowa25. Le scandale, révélé par l’équipe de campagne de Michael Dukakis, a également révélé une ancienne affaire de plagiat alors qu’il était étudiant en droit, vingt ans plus tôt. Son hospitalisation pour une double rupture d’anévrisme met fin à sa campagne électorale. Il lui faut sept mois de convalescence avant de revenir au Congrès.

En 2003, Biden refuse d’être candidat aux primaires démocrates malgré les sollicitations de son camp. Candidat putatif à la vice-présidence au côté de John Kerry en 2004, il fait publiquement part de son choix personnel pour un ticket présidentiel entre Kerry et le républicain John McCain, un ami personnel des deux hommes26.

Vingt ans après sa première tentative, il est de nouveau candidat en vue de l’élection présidentielle de 2008. Aux primaires démocrates, il invoque une faible capacité de jugement de Barack Obama en matière de politique étrangère, affirme que ce dernier n’est pas prêt à être président27 et raille son style à l’emporte-pièce, déclarant qu’il « est le premier [candidat] afro-américain qui s’exprime bien, soit brillant, propre sur lui et beau garçon20 ». Il présente par la suite des excuses pour cette déclaration face aux accusations de racisme de plusieurs commentateurs politiques28,29. Arrivé cinquième lors du caucus de l’Iowa, Joe Biden se retire de la course dès janvier 2008 sans prendre parti ni pour Barack Obama ni pour Hillary Clinton.

Colistier de Barack Obama en 2008

En août 2008, Barack Obama annonce l’avoir désigné pour être son colistier sur le ticket démocrate aux élections de novembre30. En choisissant Joe Biden comme colistier, Barack Obama opte selon les médias pour un homme qui lui permet de se prémunir de l’accusation d’« inexpérience », notamment en politique étrangère31.

S’adressant à des donateurs de Seattle le 19 octobre 2008, Joe Biden commet une « gaffe » en déclarant : « Croyez-moi. Il ne se passera pas six mois avant que le monde ne mette à l’épreuve Barack Obama, comme il l’avait fait avec Kennedy […]. Écoutez, nous allons avoir une crise internationale, une crise fabriquée, pour voir de quel bois se chauffe ce gars-là […]. Je vous garantis que cela va arriver. » Destinée initialement à démontrer la pugnacité et le courage de son jeune colistier en le comparant au JFK de la crise des missiles de Cuba, cette déclaration maladroite est exploitée par McCain, qui juge que le pays n’a pas besoin « d’un président qui invite le monde à le tester à un moment où notre économie est en crise, et où les Américains se battent déjà dans deux guerres32. »

Le 4 novembre 2008, en tant que colistier de Barack Obama, il est élu vice-président des États-Unis. Ce même jour, il est également réélu sénateur du Delaware (un tiers du Sénat était renouvelé). Bien que se présentant à la vice-présidence, il maintient sa candidature à l’élection sénatoriale comme le permet la loi au Delaware. Le 16 janvier 2009, avant sa prise de fonction comme vice-président, il démissionne de son poste de sénateur ; le démocrate Ted Kaufman le remplace jusqu’en 201133.

Vice-président des États-Unis

Premier mandat

Comme le veut la tradition, Joe Biden retourne au Delaware peu après l’élection présidentielle. Il reste cependant en contact étroit avec Barack Obama afin de mener le projet de transition.

Joe Biden devient le 47e vice-président des États-Unis le 20 janvier 2009, succédant au républicain Dick Cheney. Il est le premier vice-président américain issu du Delaware et le premier homme de confession catholique à occuper cette fonction34,35. Sa prestation de serment, dirigée par le juge à la Cour suprême John Paul Stevens, a lieu au Capitole.

Durant les premiers mois de l’administration Obama, Joe Biden joue un important rôle de conseiller auprès du président même si son travail reste discret36. La vision de Biden de ce que doit être un vice-président marque clairement la rupture avec le très influent vice-président Cheney36.

Considérant que le président afghan Hamid Karzai faillit à sa tâche de pacifier le pays, il ne soutient plus guère ce dernier22. En mars 2009, le conseiller à la sécurité nationale Antony Blinken est ainsi le seul à ne pas penser que d’importantes opérations de contre-insurrection doivent être montées contre les talibans37. Biden veut en effet limiter l’engagement de l’armée américaine en Afghanistan37.

Par ailleurs, Joe Biden veut faire avancer le dialogue en cours entre les États-Unis et ses alliés les plus proches sur l’avenir de la sécurité européenne38.

Au niveau international, Joe Biden est mentionné dans l’affaire Megaupload, son créateur Kim Dotcom accuse le vice-président des États-Unis d’avoir fermé Megaupload par intérêt pour la MPAA (Motion Picture Association of America), plus particulièrement pour son ami Chris DoddCEO de la MPAA39.

Second mandat

Le 6 novembre 2012, il est réélu vice-président en tant que colistier de Barack Obama. Il prête serment le 21 janvier devant le Capitole.

Il se rend en France au début de l’année 2013, afin de rencontrer le président François Hollande, devant s’entretenir avec celui-ci sur la question de la guerre du MaliBarack Obama lui a confié en décembre 2012 la mission de trouver des propositions sur le port des armes à feu après la tuerie de l’école primaire Sandy Hook et la fusillade d’Aurora notamment. Avec un Congrès républicain et une forte influence de la National Rifle Association, ses efforts sont vains. En octobre 2015, Biden accuse la Turquie, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis d’avoir financé des groupes djihadistes en Syrie : « Nos alliés ont versé des centaines de millions de dollars et des milliers de tonnes d’armes à tous ceux qui voulaient combattre Assad — sauf que les personnes qui étaient équipées étaient le Front al-Nosra et Al-Qaïda et des éléments extrémistes djihadistes venus de toutes les parties du monde40. » Il fait cependant machine arrière quelques jours plus tard et présente ses excuses à ces États41.

Le 21 octobre 2015, cinq mois après la mort de son fils Beau et malgré un certain suspense, il annonce sa décision de ne pas se présenter à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 201642,43, Lors d’une visite au Mexique en 2016, il présente ses excuses au nom de son pays pour les propositions racistes du candidat républicain Donald Trump, affirmant qu’il ne représente pas ce que la majorité des Américains pensent44.

Élection présidentielle de 2020

Dès 2017, les spéculations sur sa possible candidature aux primaires démocrates pour l’élection présidentielle de 2020 se multiplient, notamment après la publication de ses mémoires45,46. Perçu comme le grand favori de la course s’il choisit de se présenter, il annonce sa candidature aux primaires le 25 avril 201947,48.

Si les médias mettent en avant son expérience et sa modération, il connaît un début de campagne difficile49. Avant même son entrée en lice, il est notamment accusé d’attouchements et comportements inappropriés par plusieurs femmes, dont une élue démocrate50. En mars 2019, il présente une nouvelle fois ses excuses pour son comportement controversé durant l’audition d’Anita Hill en 1991, quand celle-ci témoigna contre un juge de la Cour suprême qu’elle accusait de harcèlement sexuel51. L’âge de Joe Biden, qui deviendrait le président le plus âgé de l’histoire des États-Unis s’il était élu, est également vu comme un obstacle face à la jeunesse de plusieurs autres candidats52,53.

Son positionnement politique plus centriste que ceux de ses adversaires (notamment Bernie Sanders et Elizabeth Warren)54, sa richesse personnelle55 et ses prises de position passées (opposition au busing et au mariage homosexuel, soutien à l’amendement Hyde (en), vote pour l’annulation du Glass-Steagall Act, vote en faveur du Violent Crime Control and Law Enforcement Act, vote pour la guerre d’Irak) lui attirent de vives critiques56,57,58.

En septembre 2019, la révélation d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au cours de laquelle le premier aurait demandé l’ouverture d’une enquête contre Hunter Biden, conduit au déclenchement d’une procédure de destitution (impeachment) contre le président des États-Unis. Joe Biden se défend de toute irrégularité dans l’affaire ukrainienne et accuse Donald Trump d’être le « président le plus corrompu de l’histoire moderne »59. La procédure contre le président n’aboutit pas, le Sénat, à majorité républicaine, votant contre la destitution.

À la fin de l’année décembre 2019, Joe Biden est moqué pour son slogan de campagne, « Pas de fadaises ! », jugé dépassé60,61. Le 5 décembre, lors d’une réunion en Iowa, il s’emporte contre un électeur qui l’accuse d’être trop vieux pour devenir président et d’avoir favorisé l’accès en Ukraine de Hunter Biden lorsqu’il était vice-président62,63. Le 30 décembre, lors d’un déplacement à Exter (New Hampshire), il annonce ne pas exclure de choisir un colistier issu du Parti républicain comme candidat à la vice-présidence s’il remporte les primaires64.

Avant le début officiel des primaires, il reçoit le soutien de plus de mille mandataires publics, y compris celui d’anciens responsables nationaux démocrates comme John Kerry65. En janvier 2020, il déclare que s’il est élu Président, il proposera la nomination de Barack Obama à la Cour suprême66. Il est cependant vivement critiqué par Alexandria Ocasio-Cortez, figure progressiste de l’aile gauche du Parti démocrate67, qui déclare que dans un autre pays elle ne serait probablement pas membre du même parti politique que Joe Biden.

Lors du caucus de l’Iowa, qui se tient le 3 février 2020, il arrive en quatrième position, derrière Pete Buttigieg, Bernie Sanders et Elizabeth Warren69 ; ce résultat, qu’il juge lui-même décevant, fragilise son statut de favori70,71. À la primaire du New Hampshire qui suit, il termine en cinquième position72. Lors du caucus du Nevada du 22 février, il décroche la deuxième place, derrière Bernie Sanders73. Notamment grâce à une bonne performance lors d’un débat télévisé entre les prétendants démocrates74 et au soutien de l’influent député Jim Clyburn75, il remporte le 29 février la primaire de Caroline du Sud avec 48 % des voix contre 20 % pour Bernie Sanders76, dans un État où les électeurs démocrates sont majoritairement afro-américains77. Dans la foulée, il reçoit le soutien des anciens candidats Pete Buttigieg78Amy Klobuchar79 et Beto O’Rourke80.

Le rebond de Joe Biden se confirme le 3 mars, lors du Super Tuesday, où il déjoue la plupart des pronostics et remporte dix États (AlabamaArkansasCaroline du NordMaineMassachusettsMinnesotaOklahomaTennesseeTexasVirginie)81. Ces performances contribuent à raviver sa campagne et le positionnent au coude-à-coude avec Bernie Sanders pour décrocher l’investiture démocrate82. Le 5 mars, Michael Bloomberg, qui partage son positionnement modéré, se retire de la course et lui apporte son soutien83. Au cours des semaines suivantes, Joe Biden renforce son avance et reprend son statut de favori en remportant successivement l’Arizona, la Floride, l’Idaho, l’Illinois, le Michigan, le Mississippi, le Missouri et l’État de Washington84,85. La pandémie de Covid-19, qui frappe durement les États-Unis à partir du mois de mars, limite les événements publics et interrompt la campagne86.

En avril 2020, Bernie Sanders annonce son retrait de la course87 puis apporte son soutien à Joe Biden88, qui devient le seul candidat démocrate avec une campagne active. Lors de la Convention nationale démocrate, le 18 août, Joe Biden est investi candidat à l’élection présidentielle après une nomination formelle annoncée par le sénateur Chris Coons et la répresentante Lisa Blunt Rochester du Delaware89. Il devient ainsi le candidat du Parti démocrate pour affronter Donald Trump lors de l’élection générale.

Il reçoit un soutien, unique dans la longue histoire des grandes revues scientifiques, d’une partie de la communauté scientifique. Des revues, parmi les plus importantes au monde, appellent les unes après les autres à voter contre Trump90,91.

Élection générale

Le 15 mars 2020, Joe Biden déclare qu’il choisira une femme comme candidate à la vice-présidence s’il remporte les primaires démocrates92. Il reçoit le mois suivant le soutien de Barack Obama et Hillary Clinton93,94. Le 11 août, il annonce qu’il choisit la sénatrice Kamala Harris pour être sa colistière95.

Il fait campagne sur une augmentation des impôts, essentiellement sur les hauts revenus et les entreprises ; le renforcement et l’extension de l’Obamacare ; un plan d’investissement pour promouvoir le label « Made in America » ; un plan d’investissement dans les infrastructures de 1 300 milliards de dollars sur dix ans ; l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 et un retour immédiat des États-Unis dans l’Accord de Paris sur le climat (dont la sortie officielle, décidée par Donald Trump, advient le 4 novembre 2020, au lendemain de l’élection présidentielle) ; un investissement de 1 700 milliards de dollars sur dix ans dans la « révolution de l’énergie propre » ; l’interdiction des nouveaux permis pétroliers sur les terres fédérales ; un possible retour dans l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien « si Téhéran revient au respect de l’accord » ; un renforcement du financement des écoles situées dans les zones les moins riches, notamment pour revaloriser les salaires des enseignants ; le développement de la présence syndicale dans les entreprises ; l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure au niveau fédéral (puis une indexation sur le salaire horaire médian) ; la fin du programme de séparation des familles aux frontières et de l’interdiction d’entrée du territoire de musulmans en provenance de certains pays, instaurés par Donald Trump ; et un « chemin vers la citoyenneté » américaine pour 11 millions d’immigrés illégaux96.

La campagne présidentielle est marquée par des émeutes dans le sillage de Black Lives Matter et par la pandémie de Covid-19, dont la gestion entraîne la diminution des intentions de vote en faveur de Donald Trump, que les sondages donnent devancé de dix points de pourcentage au niveau national97. Dans ce contexte, le candidat démocrate annule tout rassemblement et s’exprime uniquement depuis la cave de son domicile du Delaware. Il revient par la suite sur sa décision et annonce qu’il va faire campagne en personne dans les swing states98,99.

L’état de santé de Joe Biden fait régulièrement l’objet de spéculations pendant la campagne. Alors qu’il a précédemment été victime de deux attaques cérébrales, d’une embolie pulmonaire et d’une thrombose veineuse profonde, certaines déclarations incohérentes et son apparence éteinte interrogent et conduisent Donald Trump à le qualifier d’« endormi » (« Sleepy Joe »). Refusant de passer un test neuropsychologique, Joe Biden se défend d’être sénile et fait publier par son médecin traitant un bulletin de santé qui n’évoque cependant pas ses capacités mentales. Dans ces conditions, le choix de sa vice-présidente apparaît particulièrement important100,101,102,103.

Président élu des États-Unis

Les premiers résultats de l’élection du 3 novembre 2020 sont trop serrés pour déclarer un vainqueur. Pendant quatre jours, le dépouillement des bulletins de vote se poursuit, laissant en suspens les résultats de l’Arizona, la Caroline du Nord, la Géorgie, le Nevada, la Pennsylvanie. Le 7 novembre, les projections des médias américains CNN et AP, confirmés peu après par Fox News104, attribuent la Pennsylvanie à Joe Biden, ce qui lui fait dépasser le nombre de 270 grands électeurs lui assurant d’être élu 46e président des États-Unis105,106. Avec plus de 75 millions de voix au niveau national, Joe Biden est le président élu ayant recueilli le plus de suffrages dans l’histoire américaine. Il devance Donald Trump de plus de quatre millions de votes (près de 3%)107.

Donald Trump refuse d’accepter les résultats et son équipe lance des procédures judiciaires afin de contester les dépouillements. Comme il l’avait fait depuis le printemps 2020, Trump met en cause notamment la légalité des votes par correspondance, arrivés en grand nombre ce qui a retardé le dépouillement, et qui se sont montrés très largement favorables à Joe Biden, faisant basculer en sa faveur les résultats de plusieurs États clés. Il répète que c’est la fraude qui lui coûte la victoire, allégations jugées infondées par les observateurs de l’OSCE108.

Le nouveau président élu est rapidement félicité par les dirigeants occidentaux, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel109,110. Le Premier ministre britannique Boris Johnson, se distanciant de Donald Trump, félicite ainsi Joe Biden et Kamala Harris pour leur « réalisation historique » (historic achievement)111. La présidente de la Confédération suisseSimonetta Sommaruga, salue un « signal fort »112.

Prises de position

Joe Biden est considéré comme appartenant à l’aile modérée du Parti démocrate. Ses positions sont considérées comme centristes et pragmatiques54. Il présenta cette position comme un avantage pour battre Trump, permettant les concessions nécessaires et bi-partisanes pour faire passer des lois au congrès, contrairement aux démocrates plus progressistes et plus clivants113,114.

L’image de Joe Biden a longtemps été celle d’un démocrate plutôt conservateur, peu concerné par la situation des Afro-américains. Dans les années 1970, il s’est prononcé en faveur de sanctions contre le régime ségrégationniste sud-africain mais s’est en revanche opposé au busing, une mesure qui visait à favoriser l’intégration raciale dans les écoles. Il s’explique à ce sujet en 1977 : « À moins que nous ne fassions quelque chose à ce sujet, mes enfants vont grandir dans une jungle raciale avec des tensions tellement élevées qu’elle va exploser à un moment donné ». Ses positions jugées plutôt conservatrices, ainsi que ses relations avec certains hommes politiques ouvertement racistes et ségrégationnistes tels que James Eastland et Herman Talmadge, lui seront reprochées par Kamala Harris, alors sa concurrente, lors de la primaire démocrate de 2020. Sa nomination en 2008 au poste de vice-président par Barack Obama, puis leur amitié visible, seront un tournant. Ses partisans afro-américains en 2020 déclarent: « Il a été le premier homme blanc à se mettre au service d’un homme noir au sommet de l’État et ça nous ne l’oublierons jamais »115.

En 1986, il fait partie des démocrates votant la réforme de l’impôt fédéral sur le revenu défendue par Ronald Reagan, qui conduit notamment à la réduction à 28 % du taux d’imposition marginal116.

Catholique pratiquant, il annonce en 2008 qu’il reconnaît le droit à l’avortement, mais il reste longtemps hostile à son financement public117 ; il annonce dans le cadre de l’élection présidentielle américaine de 2020 qu’il n’est plus opposé à l’usage de fonds fédéraux pour financer les avortements118. Il est lors de ses premiers mandats opposé au mariage homosexuel, mais change progressivement d’avis pour s’y déclarer publiquement favorable en mai 2012119. Il s’oppose à la peine de mort depuis 2019 et souhaite son abolition au niveau fédéral120 . Il est favorable à un contrôle renforcé de la vente des armes à feu, souhaitant rétablir l’interdiction de la vente des fusils d’assaut. En 2007, il a soutenu la régularisation des immigrés illégaux proposée par le président George W. Bush sous certaines conditions, notamment l’apprentissage obligatoire de l’anglais31.

Il se prononce en faveur de la fermeture du camp de Guantánamo et s’oppose aux commissions militaires chargées de juger en dehors du droit américain les « combattants ennemis », privés d’habeas corpus121.

Quelques jours avant de quitter ses fonctions de vice-président en 2017, il qualifie la Russie de « menace » pour « l’ordre libéral international »122.

Il déclare en avril 2020 que, s’il est élu président, il maintiendra l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, conformément à la décision de Donald Trump123.

Allégations de contacts physiques inappropriés

En 2015, lors d’une série d’événements, Joe Biden pose ses mains sur des femmes et des filles et leur parle de très près. Ce comportement attire l’attention tant de la presse que des réseaux sociaux124,125,126. Certains l’accusent alors de pédophilie127. Des mèmes avec le hashtag « Creepy Joe » (« Joe glauque ») deviennent viraux127. Le fils aîné de Donald Trump relaie ensuite la controverse et déclare que Biden devrait « arrêter les attouchements non désirés et garder ses mains pour lui »127.

En mars 2019, une ancienne élue démocrate de l’Assemblée du Nevada, Lucy Flores, accuse Joe Biden de l’avoir embrassée sans son consentement au niveau de la tête. Elle affirmera sur CNN que « de manière très inattendue, j’ai senti Joe Biden, sorti de nulle part, mettre ses mains sur mes épaules, s’approcher très près de moi par derrière, se pencher, sentir mes cheveux et m’embrasser doucement sur le haut de la tête. […] C’était choquant »128.

Le 1er avril 2019, soit quelques jours après la précédente accusation, une autre élue démocrate, Amy Lappos, ancienne assistante au Congrès dénonce des gestes déplacés : « Il a mis sa main autour de mon cou, m’a attirée vers lui pour se frotter le nez contre le mien. Pendant qu’il me tirait vers lui, j’ai cru qu’il allait m’embrasser sur la bouche »129. Les jours suivants, cinq autres femmes affirmeront avoir subi des attouchements de la part de Joe Biden130,131,132.

Il répond à ces allégations que « les normes sociales ont commencé à changer » et qu’il sera à l’avenir « plus attentif au respect de l’espace personnel »133.

À la suite de ces accusations, il est surnommé par ses détracteurs « Joe le tonton pervers » ou encore « Joe le sniffeur »129.

Accusation de viol par Tara Reade

Le 15 avril 2020, Joe Biden est accusé de viol par Tara Reade, l’une de ses anciennes assistantes, qui a travaillé pour lui au Sénat entre 1992 et 1993, ce que l’équipe de campagne de Joe Biden dément134,135. Le candidat démocrate rappelle pour sa défense qu’il est à l’origine d’une loi de 1994 pour lutter contre les violences faites aux femmes136. Le 8 mai, celle qui l’accuse d’avoir abusé d’elle demande son retrait de la course présidentielle137. À cette occasion, le Parti républicain rappelle qu’en 2018 Joe Biden avait soutenu Christine Blasey Ford, qui avait accusé d’agression sexuelle Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême ; Joe Biden avait alors déclaré que lorsqu’une femme témoigne publiquement « sous les feux de la rampe, au niveau national, on doit partir du principe que ce qu’elle dit est la réalité »138.

Allégations de propos jugés racistes

Lors de la primaire démocrate de 2008, il affirme que « Monsieur Obama est le premier Afro-américain populaire, qui est intelligent, s’exprime bien et propre sur lui »115.

Le 18 juin 2019, Joe Biden crée la polémique en mettant en avant ses bonnes relations avec des sénateurs démocrates pro-ségrégation dans les années 1970 ; « Au moins il y avait une certaine courtoisie. On faisait avancer les choses. On était d’accord sur à peu près rien mais on avançait. On menait les choses à leur terme. Aujourd’hui, aux yeux de l’autre camp, on est l’ennemi. Pas l’opposition mais l’ennemi. On ne se parle plus »139. Le 27 juin 2019, lors de la primaire démocrate, la candidate Kamala Harris accuse Joe Biden de l’avoir blessée par ses récents propos et de s’opposer à des politiques favorables aux Afro-américains. Joe Biden dément les accusations140.

Le 8 août 2019, lors d’un meeting dans l’Iowa sur l’inégalité sociale dans l’éducation devant la Asian and Latino Coalition, il tient les propos suivants : « Les enfants pauvres sont aussi intelligents que les enfants blancs ». Il se corrige directement en ajoutant : « Que les enfants riches, les enfants noirs, les enfants asiatiques ». Cet incident ayant lieu peu après avoir affirmé que Donald Trump a « attisé les flammes de la suprématie blanche » a été considéré comme raciste par la presse141,142.

Le 22 mai 2020, Joe Biden est interviewé dans l’émission The Breakfast Club par Charlamagne tha God. À la fin de l’entretien, il déclare : « Je vais vous dire, si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n’êtes pas noir ». Il est vivement critiqué pour ces propos. Donald Trump Junior, le fils de Donald Trump, qui avait lui-même qualifié l’échange de dégoûtant, affirme que Joe Biden a « une mentalité raciste dégoûtante et déshumanisante ». Plus tard, l’homme politique reviendra sur ses propos, les qualifiant de « fâcheux »143,144,145.

Gaffes et contre-vérités

Pendant sa carrière politique, Joe Biden commet de nombreuses gaffes, et multiplie contre-vérités et déclarations maladroites. En 2008, il présente Barack Obama comme « le premier Afro-Américan populaire qui s’exprime bien, […] intelligent et propre sur lui ». En 2017, il déclare qu’il aimait que les enfants lui touchent ses jambes lorsqu’il était maître-nageur. Durant la campagne présidentielle de 2020, il confond Theresa May et Margaret Thatcher, mord la main de sa femme en train de prononcer un discours, relate une remise de décoration en Afghanistan à laquelle il n’a en réalité jamais participé et déclare aimer le Vermont alors qu’il se trouve dans le New Hampshire ou encore qu’il a rencontré les survivants de la fusillade de Parkland avant même qu’elle n’intervienne. Ce comportement et ces déclarations interrogent sur sa santé mentale, et constituent un angle d’attaque pour Donald Trump, qui le présente comme dément. Des blagues sur les serveurs homosexuels lui sont également reprochées

Source WIKIPEDIA

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