Rentrée des classes : l’école jongle déjà avec les difficultés
4 min readCe 21 septembre 2021, la nouvelle année académique a été lancée officiellement, en présence des Autorités du pays et des hauts cadres du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP). Cette rencontre a été l’occasion d’explorer plusieurs points du domaine en question, mais il n’en reste pas moins que cette année est déjà marquée par différentes crises.
Le MENFP a lancé officiellement l’année académique dans une rencontre présidée par le Premier Ministre, à la date prévue pour la première rentrée. Pourtant, beaucoup d’écoles n’ont pas attendu jusque-là pour ouvrir leurs portes sans s’inquiéter de ne pas respecter la décision du ministère. En uniformes ou en couleurs, dès le 6 septembre, des élèves ont commencé à déambuler dans les rues.
« On sent une certaine précipitation parce que les professeurs veulent voir avec nous le plus de notions possible, puisqu’ils ne savent pas ce qu’il peut y avoir demain », affirme Isabelle, une élève de la NSIV. Pourtant, ce n’est pas tous les écoliers qui ont le luxe de pouvoir assister aux cours dès le début de l’année. Olivier, un élève de la NSIII nous explique bien cela: « Ce n’est pas la même ambiance que les autres années dans ma classe. Il y a plusieurs élèves qui sont dans des zones à risques et qui ne peuvent pas encore venir en cours ». Ayant déjà perdu une semaine, ils auront besoin de rattraper les autres, peu importe la vitesse avec laquelle avance la classe.
Les élèves, quant à eux, commencent à peine à lier connaissance avec cette nouvelle année scolaire et ils essaient de s’adapter. Pour certains, la rentrée a été brusque, sans aucune préparation psychologique, les écoles pressées d’avancer avec leur programme. C’est ce que nous explique encore Olivier, déclarant que cette année, les responsables de son école n’ont même pas pensé à organiser la traditionnelle cérémonie de bienvenue et ont préféré entamer tout de suite le programme.
Kidnappings, assassinats, concerts de balles à la moindre occasion, mouvements de protestation, psychoses de peur liées au séisme, réalité économique. Nos jeunes élèves doivent sans cesse s’adapter, dans un pays où tout semble être incertitude alors qu’ils ont besoin d’un climat serein, propice à l’apprentissage.
Un lancement officiel rempli de promesses
C’est pourtant dans une ambiance qui ne traduit pas autant d’inquiétudes qu’a été lancée cette nouvelle année qui s’annonce déjà difficile, autour du thème : « Pou yon lekòl tètansanm », choisi par le Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle. Ce thème aurait été choisi pour faire allusion à la solidarité éducative qui s’avère nécessaire au regard du contexte actuel marqué par l’impact du séisme du 14 août, ainsi que par le contexte socio-économique. Ce lancement concerne surtout les 7 départements n’ayant pas été directement touchés par le séisme. De leur côté, les 3 autres départements doivent attendre le 4 octobre.
Au cours de son intervention, le Chef du Gouvernement a lancé à tous l’invitation de respecter l’école, plaidant pour que tous laisse une chance à l’école de bien fonctionner en ne mélangeant pas les activités scolaires à celles liées à la politique. « Nou pa ka chita nan fè politik ak edikasyon pitit nou yo. Fòk nou bay lekòl la yon chans », déclare-t-il. Le Premier Ministre a aussi salué la détermination et le courage des parents à accompagner leurs enfants dans cette réouverture, sachant qu’ils sont l’avenir du pays. C’est en considérant cela qu’il invite chaque acteur à prendre ses responsabilités pour la protection des intérêts de l’école et des élèves.
De son côté, le Ministre est revenu sur sa promesse d’accompagner les jeunes à l’occasion de la rentrée scolaire. Aussi, pour appuyer sa promesse, il a annoncé l’activation du programme de distribution de manuels scolaires, de distribution de kits scolaires afin de faciliter la rentrée aux familles les plus vulnérables, dans ce contexte particulièrement difficile. Le Ministre a annoncé la publication et la distribution du Cadre d’orientation curriculaire dans les semaines qui vont suivre. Il a évoqué aussi le renforcement des moyens d’enseignement à distance qui ont déjà prouvé leur importance.
Il serait toutefois mieux de penser à des stratégies afin d’éviter que les écoles se sentent obligées d’en arriver à utiliser ce seul moyen pour dispenser les cours, vu que malheureusement ce ne sont pas tous les élèves qui ont accès aux outils technologiques et qui savent les manipuler.
Ketsia Sara DESPEIGNES