Séisme en région Turco-Syrienne, multiplication de séismes en Haïti, des souvenirs inquiétants refont surface
5 min readLes tremblements de terre sont de véritables sources d’angoisse en Haïti depuis les événements du 12 janvier 2010 et du 14 août 2021. Alors que des séismes de faible intensité ne cessent de se multiplier en Haïti et dans la mer des Caraïbes, un violent séisme a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier, causant pas moins de 50 000 morts selon les bilans officiels.
La terre continue de trembler en Haïti. Durant l’année 2022, le pays a connu une forte activité sismique. « Mille quatre cent cinquante et un (1451) séismes de magnitude comprise entre 0,7 et 5,5 ont été enregistrés », selon un bulletin sismique publié par l’Unité Technique de Sismologie (UTS) du Bureau des Mines et de l’Énergie (BME). Une moyenne de 109 séismes par mois, plus de trois par jour.
Pour ces deux premiers mois de 2023, plusieurs séismes allant jusqu’à une magnitude de 5.6 ont été enregistrés sur l’île d’Hispaniola, en Haïti comme en République Dominicaine. Parmi les plus ressentis en ce début de 2023, quatre séismes distincts à Jérémie le 4 janvier dernier, dans le Sud-ouest du pays, de magnitude comprise entre 2.6 et 4 sur l’échelle de Richter. Après, un séisme de magnitude 5.0 a été enregistré dans l’après-midi du 29 janvier dans le Nord-est de la République Dominicaine, un autre de magnitude 5.6 a été enregistré au matin du mercredi 1er février.
Plus tard, ce mardi 21 février, un séisme d’une magnitude de 4.8 sur l’échelle de Richter a été enregistré très tard dans la soirée en Haïti au large de Marigot, ressenti dans le Sud du pays mais aussi dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ce soir-là, les commentaires ont fusé de toutes parts sur les réseaux sociaux demandant : « W santi l » (Est-ce que vous avez ressenti le tremblement). Aucune victime n’a été déplorée par la Protection Civile. Le lendemain, à 38 km de Punta Cana en République Dominicaine, un autre séisme de magnitude 3.8 a été enregistré, après celui du 20 février toujours dans la même région, à 66 km au large de Punta Cana, 3.4 sur l’échelle de Richter.
Des conditions naturelles des moins avantageuses
Dans un article (Pourquoi les séismes en Haïti sont-ils aussi dévastateurs ?) du National Geographic le 18 août 2021 écrit par Maya Wei-Haas, la géophysicienne Susan Hough de l’Institut d’études géologiques des États-Unis a expliqué la raison pour laquelle les séismes se multiplient à ce rythme en Haïti. Selon elle, l’île d’Hispaniola reposant sur la plaque caraïbe, entourée de plusieurs autres plaques tectoniques, est constamment bousculée et écrasée par les mouvements provoqués « par la cohue entre la plaque nord-américaine, la plaque des Cocos, la plaque sud-américaine et la plaque de Nazca ».
« La jonction-clé qui provoque les secousses en surface se trouve juste au nord de la nation insulaire », lit-on dans cet article. « À mesure qu’elles se heurtent les unes aux autres, les forces appliquées ouvrent des failles qui sillonnent la région. Plusieurs évènements géologiques majeurs se sont produits au sein de l’une de ces séries de failles, regroupées sous le nom de système de failles Enriquillo-Plantain Garden ».
Selon Mme Hough, chaque séisme en engendre d’autres. « Un séisme relâche de la pression mais il pousse également les failles environnantes de telle sorte qu’elles favorisent l’apparition de futurs tremblements de terre ». Malheureusement, malgré les informations et les développements technologiques, il est encore impossible de prédire un séisme. « Nous constatons les schémas après coup et nous nous rendons compte que tel domino a poussé tel domino. Mais il n’y a aucun moyen de savoir quel domino sera le prochain », a affirmé la géophysicienne au National Geographic.
Les infrastructures urbaines demeurent un parfait potentiel désastre dans le pays. Les constructions anarchiques se multiplient sans aucun contrôle, affaiblissant ainsi de façon exponentielle toute capacité de résilience du pays. « Les infrastructures en Haïti ressemblent à un chaos de facteurs malencontreux », s’est indignée Mme Hough. « Elles ont tous les éléments qu’on ne veut pas voir touchés par un séisme ».
Retour sur les séismes les plus meurtriers dans le monde au 21e siècle
Après le séisme du 14 août 2021 ayant fait plus de 2 200 morts en Haïti, celui survenu le 6 février dernier en Turquie et en Syrie est le plus meurtrier de ces trois dernières années. À quatre heures au matin du 6 février, heure locale, des milliers de Turcs et de Syriens ont perdu la vie suite à un violent séisme de magnitude 7.8 au sud des deux pays, suivi d’une réplique de magnitude 7.5, ainsi que de plusieurs autres. Au bilan, jusqu’à date, 44 218 morts en Turquie et 5 914 morts en Syrie selon les autorités des deux pays.
Ce samedi 25 février, un nouveau tremblement de terre de magnitude 5.2 a secoué Nigde, province de Turquie, à 350 kms à l’Ouest de la frontière des deux pays, aucune victime n’a jusqu’à présent été déplorée, information confirmée par l’institut turque de surveillance sismique à Kandilli, quartier d’Istanbul. Entre-temps, des centaines de migrants haïtiens qui sont en situation irrégulière en Turquie restent bloqués, faute de visa ou de papiers turcs qui leur garantiraient l’accès aux territoires de transit.
En ce début du 21e siècle, les victimes de séismes se comptent par centaines de milliers. Une liste de certains des séismes les plus meurtriers dans le monde au cours de ces 20 dernières années : 26 décembre 2003, à Bam en Iran, 30 000 morts après un séisme de magnitude 6.6 ; 26 décembre 2004, en Indonésie, un séisme de magnitude 9.1 au larges de Sumatra, suivi d’un tsunami avec de gigantesques vagues allant jusqu’à 30 mètres de haut et à plus de 700Km/h, ont fait plus de 230 000 morts en Asie du Sud-est, dont 170 000 en Indonésie ; dans le Cachemire sur le sous-continent indien, le 8 octobre 2005, plus de 73 000 morts suite à un séisme de magnitude 7.6, sans oublier le séisme du 26 janvier 2001 qui, d’une magnitude 7.7, avait fait 20 000 morts dans l’État du Gujarat en Inde, détruisant du même coup la ville de Bhuj.
Le 12 mai 2008, séisme de magnitude 7.9 à Sichuan dans le Sud-ouest de la Chine, ayant fait plus de 87 000 morts et 4.45 millions de blessés ; 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7.3 en Haïti, c’est-à-dire proche de la puissance dégagée par une bombe nucléaire de 5 mégatonne, a fait plus de 200 000 morts ; le 11 mars 2011, 18 500 morts au Japon après un séisme de magnitude 9.1, suivi d’un tsunami dans la région du Tohuku au Nord-est du pays, provoquant ainsi la catastrophe nucléaire civile dite de Fukushima ; et ce 6 février 2023, ce séisme en Turquie et en Syrie qui vient de causer plus de 50 000 morts.
Clovesky André-Gérald PIERRE