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Shéba N’Sahna Estimé, une jeune battante et amoureuse de la vie

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Shéba N’Sahna Estimé est l’une des jeunes de cette génération qui mène tambour battant le combat de la vie. Elle inspire et attise tous ceux qui détiennent un esprit positif. Dans le cadre de la journée internationale des droits de la femme ce 8 mars, le journal Le Quotidien News est parti à sa rencontre, ses impressions ont été recueillies par Godson Lubrun pour la rédaction.

Le Quotidien News : Qui êtes-vous ?

Shéba N’Sahna Estimé : Je suis Shéba. J’aime la Vie, la Nature, la Simplicité. Et j’aime mon pays, Haïti. Ma vie professionnelle s’équilibre entre une pratique du Droit en entreprise ; et des services conseils, propositions d’ateliers et rédaction de documents au profit des associations/fondations, des petites et moyennes entreprises, en Gestion des Ressources Humaines. Il m’arrive d’écrire pour des sites de presse en ligne, et pour la presse écrite. Bénévole du soleil levant jusqu’au soleil couchant, je fais la promotion de la culture du livre et de l’écrit. Et ma vie sociale se résume pratiquement à cela, à la danse et à mes quelques amis.

LQN : Quels sont les faits qui ont marqué votre vie ?

SNE : Elle est quand même difficile, la question-ci. En fait, cela me pousse à parler de moi, de mes peines et de mes moments de joie, de mes défaites et réalisations. Et je n’aime pas cela. Bon ! J’y vais pour ceux qui ont été, plutôt, d’intérêt public.

Mon déménagement de la capitale pour cette belle et historique ville de province, que je ne citerai pas ici. J’y ai passé, jusqu’à ce jour, les plus belles années de ma vie. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 m’a secoué et m’a ouvert les yeux sur tant de choses… Le décès de ma mère en 2017 et les changements que son départ a occasionnés me marqueront à jamais. L’assassinat de Me Dorval m’a ébranlée. J’ai fait des études de Droit, je me plais dans cet univers, et je n’ai pas compris comment l’on pouvait si aisément  ôter la vie à un Bâtonnier !

Puis, j’ai aussi enregistré de petites victoires, qui m’ont aidée à construire et renforcer mon estime de soi. Et quelques grandes, qui m’ont permis de comprendre qu’il n’y a pas de fin en soi, parlant de réalisations. Il y aura toujours quelque chose d’autre à accomplir. Et le temps d’y parvenir, d’autres seront en train de parachever les leurs. Plus petites ou plus grandioses que les nôtres. Donc on reste humble.

LQN : À titre personnel, comment illustrez-vous dans la vie?

SNE : Encore une question que j’aurai éludé de bon cœur. Voyons… Je me considère comme citoyen du monde. Une entrepreneuse sociale. Une femme de conviction, une femme de lettres, qui a en horreur le désordre, l’injustice, les débats stériles et l’exhibitionnisme. Un éternel étudiant. Serviteur, je veux dédier ma vie entière au service, pourvu que les communautés soient prêtes à recevoir ce que j’ai à donner. Voilà ! Tout le reste n’est que fioriture.

LQN : Une jeunesse en Haïti aujourd’hui imprime quoi pour vous?

Je vois des êtres remplis d’incertitude. Des êtres avec le désarroi plein la tête, la rage plein le cœur. L’amertume et les regrets se lisent dans leurs yeux. Ils sont là, passifs, fatalistes, attendant le jour où ils se réveilleront sous d’autres cieux. J’en vois d’autres ; une catégorie qui en veut, qui demande des comptes. Elle se bat consciemment, et espère malgré tout. Peut-être que cette catégorie de jeunes veut également partir, mais pas avant d’avoir tout essayé. Alors aujourd’hui, lorsque j’entends le mot « jeunesse », je pense à deux états de fait : la fuite ou la résistance.

LQN : Quel est votre  rêve pour Haïti ?

SNE : J’en ai tellement ! Tellement… Que je parlerai de rêves, au pluriel. Tellement que je ne sais lequel mettre en avant, parce que pour moi, ils se valent tous et m’importent tous au même niveau que je me battrais volontiers pour chacun, comme une lionne ou avec l’énergie du désespoir.

Mon rêve pour Haïti ? Le rêve des rêves ? Voir ses citoyens s’unir et travailler pour sa cause, jusqu’à ce qu’elle renaisse de ses cendres. Et je sais qu’il n’est pas trop grand ce rêve. Il n’est pas trop grand. Ni trop tard.

LQN : Quel serait votre  projet favori pour ce pays dans lequel vous  inviteriez d’autres jeunes?

SNE : Pour moi cela a toujours été l’Éducation. Une éducation par les livres. C’est mon cheval de bataille depuis 9 ans. Promouvoir une culture du livre et de l’écrit, c’est former des têtes pensantes, c’est encourager la production littéraire et scientifique. De mon point de vue, il faut autant lire pour se détendre, que pour stimuler sa réflexion. Parce que Jules Renard l’a dit: « Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe. » Une grande campagne nationale sur la sensibilisation à la lecture et à l’écriture, dès les cours préparatoires, en prenant en compte tous les établissements scolaires. Puis implémenter des actions en ligne avec cette campagne, serait mon projet favori dans lequel j’entrainerais les jeunes, et les moins jeunes aussi.

LQN : Un message aux haïtiens en ce moment serait quoi?

SNE : À mes Frères Haïtiens, je lance un appel à la conscience collective et au service. Nous devons bien cela à nos ancêtres et aux générations futures; à nos progénitures. Nous devons tenir bon et rester debout. Il est grand temps de penser  à l’avenir de ce pays. Nous ne pourrons pas tous fuir. Nous ne le devons pas!

Godson LUBRUN

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