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Souvenez-vous-en!

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Plus besoin de rappeler que l’être humain est un animal social qui évolue en communauté. Ayant institué la société, il fixe les objectifs du groupe, définit les règles et veille à ce que l’harmonie y règne car, le groupe n’est pas la somme des parties. De nos jours, la nation haïtienne fait face à l’un des plus difficiles moments de son histoire. C’est l’anarchie totale. Au lieu d’arriver à l’effet moutonnier, la population a plutôt enfermé le loup dans la bergerie.

Tout groupe est périssable, la démotivation de ses membres et la disparition de l’intérêt commun peuvent en être les facteurs. La démotivation  joue un rôle certain en Haïti. L’intérêt national est le cadet des soucis de la population. Personne ne prend en compte le danger que cela représente. On est devenu un pays voyou. L’insécurité est partout. On se fait tuer par des balles perdues comme par de petits avions en détresse. On se fait brûler vif par des camions citernes remplis de gazoline, comme par des policiers souffrant de dépression. Dommage que la cohésion sociale s’effrite ainsi graduellement sans que l’État ne  se sente concerné.

Depuis un certain temps, les nouvelles sont accablantes. D’un côté, des psychopathes tuent, kidnappent, violent à volonté. De l’autre, des terroristes dissimulés sous de faux poils les alimentent en moyens adéquats. D’autres groupes encore, prennent l’État en otage. Ils se donnent un mandat imaginaire et prennent la Police Nationale d’Haïti pour bouc émissaire. Partout sur le territoire, c’est la détresse, c’est la consternation. À cause de ce blocage volontairement imposé à l’ensemble du corps social, beaucoup de maisons de fortune sont transformées en dépôts de carburants. Ces produits hautement inflammables se vendent sur les trottoirs sous les yeux impuissants de tous.

Pour fuir l’enfer de Martissant, la population est obligée de risquer sa vie sur les hauteurs de Fontamara, de Saint-Jude, sur la route menant à Tarase, par la mer ou par  voie aérienne. En l’espace de sept mois, deux crashs spectaculaires de monomoteurs  ont été enregistrés. Le commerce informel a considérablement diminué. Les cas de kidnapping ont explosé. Parallèlement, l’État fait grimper le prix de l’essence (disponible au compte-goutte) malgré la baisse considérable du trafic. Le secteur privé fait exploser les prix des produits de première nécessité en dépit du fait que la classe moyenne soit totalement décapitalisée. Chacun des groupes oppresseurs essaient de tirer son épingle du jeu et fait semblant de compatir à la douleur du peuple.

Plus besoin de demander à un « madan sara » du bloc sud de Martissant comment elle fait pour continuer à exister. Continuer de claironner sans cesse que vous avez un mandat et que ce dernier est lié à la tenue d’élections ne peut pas compenser la douleur infligée au « madan sara », à la population du Grand Sud, à celle du Bel-Air, de la Saline, aux rescapés du tremblement de terre dans le sud,  aux familles qui ont été kidnappées et qui ont payé des fortunes, aux sans-abris, etc. Si vous pensez que c’est la solution, continuez.

Si, de l’autre côté, les récalcitrants pensent que constituer des groupes protestataires (Accords) et fuir tout processus de dialogue peut résoudre le problème, foncez. Mais, n’oubliez pas, que vous soyez au pouvoir ou dans l’opposition, que l’histoire retiendra vos noms comme ceux qui ont coupé le pays en deux, comme ceux qui ont instauré et toléré le banditisme dans le pays, comme ceux qui ont détruit la PNH, qui ont poussé la population à s’humilier dans des voyages clandestins. Souvenez-vous que vous avez tué l’espoir de la jeunesse, fermé les écoles dans les quartiers populaires, chassé les résidents de ces quartiers, privé la population de dollars et finalement, que vous vous êtes croisé les bras et que vous vous êtes réjouis du malheur du peuple. Souvenez-vous-en.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com   

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