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Tapis rouge pour legénie haïtien Frantz Saintellemy

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Frantz Saintellemy,d’élève en difficulté à Chancelier de l’Université

Par Max Dorismond

Voilà plus d’un mois depuis que je n’ai pas tapé le mot Haïti sur mon clavier. Le spleen ou le mal-être de l’hiver ne m’incite point à la réflexion, surtout quand tout va de travers dans mon pays d’origine. Les évènements négatifs se bousculent à un rythme soutenu, au point de perdre le nord en raison du découragement, de la lassitude, du dégoût et de la déception.

Pour sortir de cette léthargie, et tromper mes sens, mieux vaut éplucher l’actualité littéraire. Comme,en février, on fête l’Histoire des Noirs au Canada, une belle expression pour réchauffer le cœur contritdes négros dans la neige, je suis tombé par hasard sur une édifiante lecture,à propos d’un Haïtien que le Québec couvre de lauriers…ces types d’anecdotes qui te prennent par la main pour t’emmener tout droit au paradis.

En résumé, il s’agit du premierNoir, le 1er de la diversité culturelle, nommé à titre de Chancelier de l’Université de Montréal pour 4 ans.Sa tâche consiste à «présider les séances du Conseil, qui exerce les droits et les pouvoirs nécessaires à l’administration et au développement de l’établissement ».

De «cancre1» à génie —

Qui est ce célèbre chanceux ? Quel fut son parcours ?Il se nomme Frantz Saintellemy.Élevé par une mère monoparentale, dans une famille de 7 enfants, le jeune Frantz, arrivé à Montréal à l’âge de 8 ans, a été rétrogradé en classe d’accueil,suite à des difficultés rencontrées.Il ne maîtrisait pas le français. Pour l’école, il était un « cancre » attitré.Tel était le choix du système, à l’époque. Depuis1982, Haïti consacre deux langues officielles comme langues d’enseignement : le français et le créole.« Dans le cadre de cette réforme, le français est enseigné comme langue étrangère, donc, langue seconde ». Ce qui occasionne quelques difficultésà certainsécoliers.  

Remarqué par un prof haïtien, Gérard Jeune, qui le prend sous ses ailes, parce qu’il ne fut jamais un « cancre »,le jeunot fracasse les records jusqu’au collégial avec des scores électrisants, pour obtenir des bourses qui l’envoient à Boston aux USA.Il y étudie d’abord en génie électronique et informatique à l’Université NorthEastern, puis entreprend un doctorat au prestigieux MIT, Massachusetts Institute of Technology, qui se passe de présentation.

En 1996, dès sa première année aux États-Unis, non encore ingénieur, ilétait recruté par la compagnie AnalogDevices, un géant dans l’industrie des semi-conducteurs. Sa compétence remarquée et sa passion pour les microprocesseurs lui font gravir les échelons à la vitesse de l’éclair pour défoncer le plafond de verre jusqu’au titre de directeur général, tout en étudiant à distance (en ligne), la gestion, le commerce et le marketing aux HEC de l’Université de Montréal.

Pour les entreprises spécialisées en haute technologie, Saintellemy est l’homme aux doigts d’or.Adepte de l’intelligence artificielle, le prodigieux créateur invente des utilitaires en s’amusant.Dans toutes les entreprises où il prête ses services, le chiffre d’affaires se multiplie à vue d’œil. En 2004, ingénieur expérimenté, il revient à Montréal et est embauché par la compagnie Future Électroniqueet, « toujours en gravissant les échelons, il est devenu chef de la direction des technologies et premier vice-président de l’ingénierie, tout en complétant le Fellowship en génie, stratégie et innovations complexes au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT-Sloan) ».

Un imprimeur de dollars —

En contribuant à la croissance spectaculaire des entreprises, le surdoué est devenu,au fil du temps,multimillionnaire, grâce aux actions que les compagnies lui octroient, selon entente,pour ses inventions tout en désirant le garder par tous les moyens. Mais, ayant la bougeotte, et étant sollicité de toutes parts au niveau du globe, on le retrouve à Dresden, en Allemagne, à la tête de la société mondiale de semi-conducteurs ZMDI.Après 4 ans, il venditcette dernière, sous l’instigation des actionnaires pressés,qui se voient déjà assez fortunés. Riche de plus de 20 millions de dollars, notre génie retourna aux États-Unis pour se joindre à l’équipe de la Integrated DeviceTechnology, dans la SiliconValley, la Mecque de la haute technologie.

En 2017, on le retrouve à Montréal, Président-propriétaire de LeddarTech, un chef de file en haute technologie qui utilise l’intelligence artificielle et les algorithmes, avec 13 employés, pour développer des véhicules autonomes et les systèmes avancés d’aide à la conduite. Quatre ans plus tard, en 2021, par une croissance phénoménale, l’entreprise compte 200 personnes, surtout des ingénieurs, et roule sur un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars.

Et le « cancre » de Montréal-Nord n’en reste pas là. Créateur de richesses, il a investi quelques petits lions ($$$), dans le célèbre building du 3737 Crémazie, dans le quartier Saint-Michel.Il le convertit en un centre d’innovations et de diversité entrepreneuriale. C’est le plus gros incubateur de compagnies privées en Amérique du Nord, pour aider les jeunes entrepreneurs immigrants à partir en business. Jusqu’à présent, plus de 1000 individus sont passés par ce chemin, et volent de leurs propres ailes. Simultanément, en donnant toujours l’exemple, il en profita pour enrichir sa formation en obtenant, en 2020, un EMBA2 de l’Université McGill et de HEC Montréal. Pour lui, la formation continue est une des clés de la réussite.


 Avec plus de 25 ans d’expérience dans le secteur de l’électronique et de l’automobile, Frantz Saintellemy est un expert internationalement reconnu en technologies de pointe, à la source de plusieurs brevets et innovations. Polyglotte, multi-entrepreneur, technologue, conférencier et philanthrope, « il siège à divers conseils d’administration, dont ceux de Sharethrough, de l’APMA, de l’Association québécoise des technologies et du Musée national des beaux-arts du Québec. Il est notamment conseiller auprès du ministre de l’Économie et de l’Innovation pour l’élaboration de la stratégie québécoise de recherche et d’innovation, en étant membre du Conseil de l’innovation du Québec ».

Alors, si l’Université de Montréal lui a déroulé le tapis rougeen venant le chercher à titre de Chancelier aujourd’hui, c’est que notre congénère est l’exemple parfait de la réussite exceptionnelle à montrer, à mettre en exergue, pour prouver que la race, le milieu, l’origine, n’ont aucun rapport avec le succès et l’intelligence.

De là, à constater cette ascension spectaculaire, je suis porté à penser à notre Leslie Manigat national qui eut à dire un jour : « Hélas,dans l’arrière-pays, croupissent des milliers de ces petits génies. Il leur manque simplement une perche pour les sortir des cavernes. Mais ce n’est pas le souci de nos élites ». Ayez aussi à l’esprit que ces génies de chez nous n’ont que la lumière du soleil pour faciliter leurs études. Imaginezqu’ils aient un pays et de l’électricité !

Max Dorismond

NOTE

1 — « Cancre » : Le mot a été utilisé par la presse canadienne avec des guillemets pour souligner le paradoxe du système scolaire québécois, trop vite sur ses patins, à l’endroit des nouveaux arrivants, éprouvant certaines difficultés d’adaptation.

2— EMBA : L’EMBA ou Executive Master of Business Administration est un diplôme d’enseignement supérieur convoité par de nombreux cadres supérieurs qui rêvent de jouer dans la ligue majeure des grands dirigeants d’entreprises internationales.

3—Src. : Le Journal La Presse, Radio-Canada et Wikipédia.

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