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Totale confusion

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Comme c’était le cas à la fin du mois d’août dernier, le pays est consterné. Les voix s’élèvent de toutes parts  pour dire que c’en est trop. Les conséquences de la pérennisation du règne de l’impunité n’ont que trop duré.  À en croire les cris de protestation assourdissants qui ont suivi le meurtre du Bâtonnier Dorval,  on aurait pu penser que c’était  la dernière  victime  à susciter autant d’indignation et de révolte. Deux mois après, le dossier passe à la trappe, l’intensité baisse, Grégory Saint-Hilaire gonfle le rang des victimes, puis vient maintenant Evelyne Sincère.

On ne cesse, dans ce pays, de condamner, de déplorer, mais on n’agit jamais en conséquence. Tous se disent horrifiés, révoltés. Les réseaux sociaux débordent de messages de sympathie, de textes de condamnation, mais  cette volonté manifeste ne sort pas du cerveau du téléphone ou de l’ordinateur. On dirait qu’à chaque évènement, l’Haïtien en profite pour créer le  buzz.

Le cas d’Évelyne n’est pas le premier évènement à provoquer cette  émotion générale et il ne sera pas non plus le dernier. À chaque  ignominie,  les autorités(comme des figurants dans une mauvaise pièce de théâtre) derrière leurs téléphones, les plus audacieux devant les projecteurs des journalistes, tous appellent les responsables à faire la lumière et à sévir contre les complices, auteurs et co-auteurs des crimes. Une chanson qui devient fade à force de l’entendre et de la répéter.

Pour l’édification de tous, l’État est rémunéré pour administrer le pays et y favoriser un climat propice à la vie. Cette structure payée par le peuple doit  instaurer une harmonie entre ses différentes articulations. Malheureusement, l’État se résume au Palais national et au gouvernement, toutes les autres  ramifications sont défaillantes et asservies.

À chaque crime, des simulacres. La PNH sous pression populaire annonce l’arrestation de deux ou trois suspects. La DCPJ donne les résultats de son enquête et ça suffit. Dossier classé. Le greffe du cabinet d’instruction est vandalisé. Fin de l’épisode, l’enquête se poursuit. La population  est livrée aux chasseurs pour lesquels les êtres humains sont du gibier. La police  ne fait que constater les dégâts.

Ce qui est paradoxal,  c’est que tous les crimes, kidnappings,et autres, sont réalisés par les gangs armés proches du pouvoir, dont le G9, et qu’ils dénoncent sans cesse la société civile et la classe politique. Selon eux, ce sont  eux qui entravent la normalité dans le pays. Parallèlement, c’est le G9 qui arrête les coupables pour les livrer à la police. La PNH peine à  retrouver la trace des bandits, les assassins et les fugitifs, tandis que le G9 avec une facilité ahurissante arrive à remonter la trace d’un individu contre lequel a été lancé un avis de recherche à l’aide d’un simple appel téléphonique et, cerise sur le gâteau, il est remis à la police par un personnage très recherché par la justice.

Dans cet amalgame, on se perd. Comme plongé dans la profondeur de l’océan, on  se trouve mangé par n’importe lequel des créatures de ce vaste océan. Légalement, on devrait être protégé par la PNH, mais pratiquement ce sont les gangs qui assurent le mieux la sécurité de ceux qui croient en eux. Chacun son arme, chacun son gang, ainsi va la République.

Face à cette situation au plus haut point troublante, un tas de question émergent, mais ne suscitent que des hypothèses. L’État est  réduit à sa plus simple expression.

Alors que la police et la justice clament à gorge déployée que M. Chérisier est activement recherché par la justice.  Sans être inquiété, ce dernier se rend dans les commissariats, s’exhibe en pleine rue, met la main sur des individus  dont le statut est identique au sien. Quelle bravoure, quel sens du patriotisme, quelle utilité du G9 qui remplace au besoin la PNH? Occasion de plus pour Le Quotidien News de réitérer son appel de tous les jours: moralisons l’État !

Daniel Sevère

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