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Trafic d’armes/Église Épiscopale d’Haïti : Le Ministère des Cultes en mode silencieux ?

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L’enquête relative à la saisie d’objets illicites à la douane de Port-au-Prince le 14 juillet 2022 progresse selon toute vraisemblance. Des cadres de l’Église Épiscopale d’Haïti (EEH) ont été mis sous les verrous pour trafics d’armes et de munitions. D’autres personnes comme le zimbabwéen Vundla Sikhumbuzo, les pères Jean Mardoché  Vil et Fritz Désiré sont recherchés activement par la Police Nationale d’Haïti. À côté des démarches des avocats, le Ministère des Cultes semble rester en mode attentiste par rapport au dossier.

Depuis le 14 juillet 2022, l’Église Épiscopale d’Haïti (EHH) qui se donne, entre autres, pour mission la reconstruction de l’âme et de l’esprit, est impliquée, selon des enquêtes policières, dans un vaste scandale de trafic d’armes et de munitions par le biais de certains de ses cadres. Dans un contexte d’insécurité criante, les autorités religieuses de cette Église qui devraient s’ériger en modèle pour accompagner les fidèles brebis dans leur foi sont apparemment incapables de traduire cet idéal en réalité.  Dans une situation pareille, le rétablissement de la lumière semble être une nécessité quand on sait que l’Église en général représente une force morale et devrait être au-dessus de tout soupçon. 

À côté des enquêtes policières et du juge d’instruction qui  est chargé du dossier, le Ministère des Cultes qui est l’organe étatique s’occupant des affaires religieuses dans le pays ne s’est pas prononcé vraiment sur le dossier. Peut-être qu’il attend une décision judiciaire pour donner aux responsables religieux de cette Église les encadrements nécessaires pour pouvoir professer et remplir  leur mission.

Toutefois, les avocats de certaines personnes épinglées dans ce dossier ne cessent d’intervenir dans la presse. Avocat de l’EEH et du Père Frantz Cole en particulier dans le cadre cette affaire, Me Péguy Jean estime qu’en cas d’une enquête en cours au niveau du cabinet d’instruction, la Police Judiciaire n’a pas le droit de publier des rapports  relatifs à cette enquête. Celui qui se revendique d’être l’avocat de l’EEH, du Père Frantz Cole et du comptable Jean Mary Jean Gilles, en l’occurrence Me Peguy Jean, précise que « la police et le Parquet sont dessaisis une fois que le dossier est arrivé au cabinet d’instruction».

La Police Nationale d’Haïti (PNH) dit être à la recherche d’autres personnalités au sein de l’EEH qui seraient impliquées dans ce dossier. Elle cite  notamment les Pères Jean Mardoché Vil et Frantz Désiré, le Zimbabwéen Vundla Sikhumbuzo, pour entre autres,  pour « trafic d’armes et de munitions, contrebande, enrichissement illicite, association de malfaiteurs ».

Pour  Me Jean, ce rapport policier ressemble à un rapport politique. « Comment se fait-il que la PNH ne soit pas au courant qu’à la fin du mois de mars le Père Jean Mardoché Vil s’était présenté au cabinet d’instruction ? », se questionne-t-il en soulignant bien avant cela que le Père  Vil  est allé à la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire). Il a été entendu et par la suite il est rentré chez lui. « Aujourd’hui il est recherché partout. Cela n’a pas de sens », poursuit Me Jean.

Il y a une faute grave de la part de la DCPJ découlant du fait que le rapport du Bureau des affaires Financières et Économiques a été rendu public, selon Me Péguy Jean. « Le rapport devait rester à l’interne », dit-il en soulignant que la DCPJ n’est pas une instance décisionnelle. À en croire l’avocat, la DCPJ étant la Police judiciaire, travaille pour la juridiction de poursuite, c’est-à-dire pour le Parquet. « Elle peut travailler pour le cabinet d’instruction dans le cadre d’une enquête », précise l’homme de loi.

La question de la franchise de l’EEH

Me Jean rappelle par ailleurs qu’en date du 19 juillet 2022, le Directeur Général du Ministère des Cultes a eu à déclarer  que relativement à ce conteneur il y avait eu aucune demande de « franchise » émanant de l’Église Épiscopale. « Dès qu’il s’agit de l’Église (quelle soit catholique, vodou  ou protestante), toutes les demandes de ‘’franchise’’ sont passées par le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes. Celui-ci est l’instance de régulation du secteur. Et il est l’autorité compétente en la matière. C’est l’État haïtien à travers l’instance compétente qui a déclaré qu’il n’y avait eu aucune demande de ‘’franchise’’ émanant de l’Église Épiscopale », rappelle Me Jean. « Si des gens sans droit, ni qualité ont frauduleusement utilisé le nom de l’église pour orchestrer leur sale besogne, il revient aux autorités judiciaires de les identifier et de les sanctionner », a-t-il ajouté.

L’objectif de l’Église Épiscopale d’Haïti

Selon Me Jean, l’objectif de l’Église Épiscopale d’Haïti, c’est de voir que les vrais fautifs soient identifiés, poursuivis, jugés et condamnés. « Que la justice arrive à remonter la filière de ceux qui sont impliqués dans cette sale besogne. L’Église Épiscopale d’Haïti affirme qu’elle n’a pas participé à l’importation d’armes et il revient à la justice de prouver que l’EEH participait à l’importation d’armes dans le cas contraire, il faut innocenter l’EEH […] », déclare-t-il.

Il convient de rappeler que plus d’une dizaine de personnes ont été arrêtées dans le cadre de ce dossier, comme  Gina Rolles Jean-Louis, Samson Francois, Frantz Cole et Jean Marie Jean Gilles, mais qu’aucune personne dans le staff dirigeant  de l’EEH n’a démissionné en attendant  que toute la lumière soit faite.

Jackson Junior RINVIL

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