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2020 : l’économie nationale continue sur sa pente descendante

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Au cours de l’année 2020 l’économie du pays a été frappée par la crise liée au nouveau coronavirus et à la mauvaise gouvernance. Ces deux maux ont eu des effets négatifs sur l’économie nationale. En effet, la majorité  des indicateurs économiques du pays pour cette année sont au rouge.

De jour en jour on constate la dégradation de l’économie nationale. De fait, tous les derniers rapports  publiés par les instances concernées montrent que  notre économie  se trouve dans un état déplorable. Selon le Fonds Monétaire International (FMI), la croissance annuelle en Haïti, qui a fluctué entre -1,2% et 1,5% au cours des cinq dernières années, a  diminué  considérablement au cours de l’année 2020.

Plus loin, selon les données disponibles, l’économie haïtienne devrait se contracter de -4% en 2020 et ne devrait pas dépasser 1,2% en 2021. Pour sa part la Banque Mondiale (BM) avait fait une prévision de croissance de -3.5% en 2020 contre 0.9% en 2019.

Il importe de mentionner que dans le budget pour l’exercice fiscal 2020-2021 le gouvernement haïtien  a tablé  sur une croissance économique de 2.4%. À cet effet, le gouvernement en place a fixé un ensemble de priorités  dans le budget visant à  relever l’économie nationale. Selon le Premier ministre haïtien, Joseph Jouthe, l’administration est en train de préparer un plan économique post-Covid.

Par ailleurs, selon les données fournies par la Banque centrale, les transferts en provenance de la diaspora ont augmenté de 18% en 2020. Toujours selon la BRH, durant les onze premiers mois de l’exercice, les transferts sans contrepartie passant par les canaux officiels ont progressé de 16,36 % pour atteindre 2,7 milliards de dollars US.  «Cette accélération des transferts a été particulièrement observée à partir du mois de mai 2020 où ils ont dépassé la barre mensuelle des 300 millions de dollars US», a précisé la Banque des banques.

Baisse de l’Indice Global de l’Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique (ICAE)

Dans un rapport publié au cours du mois de novembre, l’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) a présenté la situation de l’Indice Global de l’Indicateur Conjoncturel d’Activité Économique (ICAE) pour le troisième trimestre de l’exercice fiscal 2019-2020. Selon ce rapport, l’ICAE a connu une croissance négative pour ce trimestre.  

«L’ICAE est évalué à 136.1 au troisième trimestre (avril – juin) de l’exercice fiscal 2019-2020, contre 144.9 au troisième trimestre de 2018-2019, soit une décroissance de 6.1 % en rythme annuel. En termes cumulatifs, d’octobre à juin, l’ICAE-Haïti a chuté de 4.9 %. Cette contraction relativement forte résulte de la baisse combinée des trois grands secteurs de l’économie », lit-on dans ce document.

Un taux d’inflation de plus de 21%

Dans son dernier bulletin publié en novembre dernier concernant l’indice des prix à la consommation (IPC), l’IHSI a fait remarquer que le taux d’inflation a atteint 21,6% en octobre 2020. En ce sens, selon ce rapport , on a constaté qu’une légère baisse mensuelle de l’inflation observée depuis le mois de septembre (-0,5 %) s’est renforcée en octobre (-1,2 %), provoquant ainsi une décélération de la hausse des prix en glissement annuel de 3.5 points de pourcentage, soit 21,6 % en octobre, contre 25,1 % pour le mois de septembre.

« Le niveau de l’Indice des prix à la consommation (100 en 2017-2018) qui était de 159.6, en septembre,  s’est contracté en octobre pour tomber à 157.7.Cette diminution de l’inflation provient de la baisse de quasiment toutes les fonctions de consommation, dont les plus importantes sont : «Produits alimentaires et boissons non alcoolisées» (-1 % sur un mois et 26,4 % sur un an), «Articles d’habillement et chaussures» (-1,9 % sur un mois et 24,6 % sur un an), «Meubles, articles de ménage et entretien courant du foyer» (-2 % sur un mois et 18,5 % sur un an) et «Biens et services divers» (-2,3 % sur un mois et 17,5 % sur un an) », lit-on dans ce rapport.

Perte d’emplois

La crise liée au nouveau coronavirus a des effets négatifs sur le secteur des emplois. De fait, en raison de cette crise, plusieurs entreprises sont obligées de réduire leurs personnels et l’industrie touristique qui est l’un des moteurs de la croissance économique a pris un coup sévère. Cette situation  a causé la perte de milliers d’emplois dans le pays.

À  côté de la covid-19 qui a provoqué la perte d’emplois dans le pays, l’instabilité politique au cours de ces deux dernières a mis plusieurs milliers de gens au chômage. En effet, en 2019, le secteur textile a perdu plus de 3000 emplois.

Déficit de la balance commerciale

Dans sa note sur la politique monétaire pour le 4e trimestre de l’exercice fiscal 2019-2020, la Banque  de la République d’Haïti (BRH) a indiqué que le déficit de la balance commerciale a été négatif au cours de ces derniers mois. « Au cours des 10 premiers mois de l’exercice fiscal 2019-2020, le déficit commercial a atteint 2,09 milliards de dollars US, ce qui représente une baisse de 23,08 % par rapport à la même période de l’exercice précédent»,  informe la Banque centrale.

La contraction du déficit commercial, souligne la note de la BRH, s’explique principalement par un repli des importations qui a plus que compensé celui des exportations. « En effet, pendant la période considérée, les exportations ont reculé de 333,44 millions de dollars US pour atteindre 675,29 millions de dollars US tandis que les importations ont totalisé 2,76 milliards de dollars US, soit un recul de 960,41 millions de dollars US », lit-on dans cette note.

Hausse de l’insécurité alimentaire

Le nombre d’Haïtiens faisant face à l’insécurité alimentaire augmente constamment. En effet, pour l’année, plus 4 millions d’Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire. « En 2020, près de 4,1 millions de personnes en Haïti sont en insécurité alimentaire de phases 3 et 4 de l’IPC (Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire). Parmi celles-ci, 1,2 millions sont ciblées dans la révision du Programme de réponse d’urgence de la FAO qui vise à soutenir les personnes les plus vulnérables face à la crise humanitaire et à limiter l’impact de cette dernière sur les moyens d’existence des ménages agricoles», a indiqué l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)  dans son dernier rapport sur Haïti.

Que peut-on espérer de la nouvelle année sur le plan économique pour le pays ?

Cluford Dubois, journaliste économique

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