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Covid-19/Haïti : c’est ce que l’on appelle vivre avec son ennemi

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Cette année 2020, outre les problèmes sociopolitiques et économiques du pays, un ennemi important nous a tenu compagnie. Bon gré mal gré, nous avons fait route ensemble sans nous laisser surprendre comme c’est le cas pour bon nombre d’autres pays.

Nous voulons parler du nouveau coronavirus, communément appelé, Covid-19. Ce fléau initialement considéré comme une épidémie a progressivement transformé la vie au niveau mondial. Devenant pandémie, elle a, jusqu’au 20 décembre 2020, infecté 75 704 857 de personnes et provoqué 1 690 061 cas de décès. Un record exceptionnel qui a changé de façon rapide le mode de vie de la population mondiale.

En Haïti, si on peut dire, on a eu la chance de ne pas être frappé de plein fouet. Les chiffres haïtiens comparés à ceux des États voisins, dont la République Dominicaine et les États-Unis, peuvent laisser facilement déduire qu’Haïti a fait une bonne gestion de la pandémie. Si en France, au Brésil, en Angleterre, en Espagne on compte  les victimes par plusieurs milliers au quotidien, en Haïti, cela n’a pas été le cas. On en comptait deux, ça a évolué par unité, puis par dizaine tardivement, et on en reste là.

Nous ne sommes pas à l’abri pour autant. En dépit de nos faiblesses comme peuple, malgré  nos maux comme la pauvreté, de misère, le gaspillage, les détournements de fonds, les vols récurrents, l’impunité et la corruption; malgré l’indigence criante de notre système sanitaire, on n’a pas déploré la catastrophe redoutée qui aurait été des centaines et des milliers de morts journaliers.

Quoi qu’on dise, l’Haïtien a cohabité avec son ennemi cette année. Ce fut en réalité l’année des mauvaises compagnies en Haïti. Malgré l’amateurisme dont font montre les dirigeants de l’État, bien que la population n’ait pas accordé une trop grande importance à la maladie, malgré la négligence des mesures barrières, la nation haïtienne a enregistré jusqu’au 20 décembre en cours seulement 40 987 cas suspects, 9805 cas confirmés, 235 morts et 8403 cas récupérés, selon le ministère de la santé publique et de la population (MSPP).

Vu la fragilité de la pandémie, on aurait pu souhaiter qu’elle ne nous touche même pas. Malheureusement, depuis quelques semaines, on commence à sentir, comme elle le fait à travers le monde, un rebond de la maladie. Et, le dernier bulletin en date fait état de 257 nouveaux cas suspects et de 34 nouveaux cas confirmés. Des données qui annoncent qu’Haïti n’est pas complètement sortie de l’œil du cyclone. En attendant les jours qui viennent, le MSPP décrète l’alerte rouge sur le pays en vue de préserver la nation.

Durant ces neuf mois, aucun des départements du pays n’a gardé son invincibilité. L’Ouest et le Nord ont remporté la palme avec respectivement 6660 et 664 cas d’infection. En ce qui a trait aux décès, l’Ouest maintient la cadence avec 99 cas, rejoint cette fois par l’Artibonite, 39 cas. Les communes de Delmas et le Cap-Haïtien occupent la tête de la liste en termes de villes les plus affectées, avec respectivement 1596 et 388 cas.

Le bilan en détail

Du 19 mars  au  20 décembre 2020, le pays a connu 40 987 cas suspects, dont 257 nouveaux; 9805 cas confirmés pour 34 nouveaux; 235 décès et zéro nouveau cas; 8403 personnes récupérées. Le département du Nord-Ouest  a eu 229 cas, dont 133 à Port-de-Paix; le Nord 664 cas, dont 388 au Cap-Haïtien; 313 dans le Nord’Est pour 106 à Ouanaminthe ; 586 dans l’Artibonite, dont 191 à Saint-Marc; 500 dans le Plateau central, dont 179 à Hinche; 6660 dans l’Ouest avec 1596 à Delmas; pour le département des Nippes, on recense 148 cas, dont 68 à Miragoane; 272 dans le sud’est pour 203 à Jacmel; 172 cas d’infection dans la Grand’Anse, la ville de Jérémie domine avec 139 cas et finalement le Sud avec les Cayes, respectivement 261 et 138 cas. Ce qui permet de conclure qu’à l’exception du Nord’Est et de l’Artibonite, tous les chefs-lieux des départements ont été les villes les plus touchées.

Selon les données fournies par JHU, Haïti  a   le taux de létalité le plus élevé dans la région caribéenne, soit de 2.38 contre 1.46 pour la République Dominicaine.

Des perspectives toujours inquiétantes

L’un des obstacles majeurs auxquels le pays a fait face durant l’introduction de cette pandémie sur le sol national a été la crise de confiance. D’une part, la population ne se fie pas aux autorités et n’accorde aucun crédit ni  aux données fournies, ni à la présence réelle de la maladie. De l’autre, l’opposition politique qui pensait dans un premier temps que c’était une  stratégie de l’exécutif pour mater les mobilisations. La maladie a fait son chemin sans enlever les doutes. Sur le point de rebondir, les doutes refont surface avec tous les risques qu’ils comportent. En attendant d’être considérée comme une manœuvre politicienne pour entraver les mobilisations de 2021, elle reste et demeure une pandémie meurtrière.

Daniel Sévère

danielsevere1984@gmail.com

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