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Reconstruction de la Péninsule du Sud : des discours et encore des discours  7 mois après

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La presqu’île du Sud peine à se relever du tremblement de terre du 14 août 2021 accusant 1,6 milliards de dollars en terme de dommages et de pertes selon l’évaluation des besoins post-désastre (PDNA). Le gouvernement dit vouloir la reconstruction qui coûtera environ  deux milliards de dollars.

Le mercredi 16 février 2022, la Conférence internationale pour financer la reconstruction de la Péninsule du Sud a bel et bien débuté. Le Gouvernement a réitéré ses engagements en faveur de la reconstruction. Parlant de l’importance de cette conférence,  le Premier Ministre Ariel Henry prévoit d’y trouver « les leviers de financement pour le relèvement de la Péninsule du Sud d’Haïti ». Toujours selon M. Henry, « C’est une étape importante pour la mobilisation impulsée par mon gouvernement en vue de faire face aux conséquences économiques et sociales de ce désastre ». 

Selon le Dr Henry, le coût des besoins de relèvement est évalué à près de  deux milliards par le PDNA.  À en croire le Chef du Gouvernement de fait, ce montant planifié sur 4 ans est réparti entre 4 secteurs qui sont : le secteur productif (197 millions US), le secteur social (1 515 millions US), le secteur infrastructures (172 millions US), les secteurs transversaux (94 millions US). Le PM a fait savoir qu’environ 347 millions de dollars US doivent être trouvés pour lancer de façon effective la reconstruction de la Péninsule du Sud.

Le Ministre de la Planification et de la Coopération Externe, M. Ricard Pierre, a fait savoir lors de cette conférence que «le gouvernement a compris que la vulnérabilité du pays est la résultante d’une conception et d’une application de politiques publiques non idoines. C’est pourquoi, en réponse au séisme du 14 août, il s’accorde avec tous les acteurs à renforcer autrement le cadre des interventions publiques et privées post-séisme. En ce sens, outre le PDNA, le Gouvernement a opté pour l’élaboration d’un Plan de Relèvement Intégré de la Péninsule du Sud (PRIPS) assorti d’un plan d’action ». 

Le Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, Nesmy Manigat a, quant à lui, tenu à défendre la part du budget national qui doit être allouée à l’éducation dans le pays. « L’un des grands défis aujourd’hui du pays, c’est d’arriver à retrouver le montant minimal des engagements tant nationaux qu’internationaux pris par la République d’Haïti de financement domestique avoisinant les 20% pour rendre possible ces infrastructures et établissements scolaires antisismiques, anticycloniques, dans un contexte où l’on sait déjà que le Gouvernement peine à dépasser le seuil bien plus que symbolique de 20% de l’offre publique d’éducation en terme de parcs scolaires ». Le Ministre Manigat a aussi signalé  que, le 15 février, son ministère avait conclu « deux journées d’atelier sur le renforcement de la gestion des risques et désastres dans le curriculum du système éducatif haïtien ».

La population de la Péninsule du Sud insatisfaite des mesures d’urgence

Joints séparément au téléphone par la rédaction du journal Le Quotidien News, une journaliste du département du Sud, Mapouse Antoine, ainsi que le Coordonnateur de la Plateforme d’Organisations pour l’Idéal de Boisrond-Tonnerre (POIBT) ayant son siège social dans la commune de Torbeck, Jude Casseus, ont fait part de leurs constats quant aux conditions dans lesquelles vit la population méridionale depuis près de sept mois. 

Selon le Coordonnateur de la POIBT, organisation signataire de l’accord dit de Montana, des milliers de sinistrés vivent encore dans des abris de fortune  sur plusieurs  sites de la  région. M. Casseus souligne que, jusqu’à aujourd’hui, l’accès à l’eau potable reste un défi majeur pour les victimes. Toujours selon ses dires, un glissement de terrain aurait suivi le séisme au niveau de la quatrième section communale de Torbeck, entraînant la mort d’environ 25 personnes. Ces cadavres, dit-il, seraient restés coincés sous une rivière de la  localité de Madan Julien, privant ainsi la population de cette eau.

Quant à la Conférence Internationale pour financer la reconstruction de la Péninsule du Sud, le leader de l’organisation populaire se dit pessimiste,  en rappelant les expériences passées telles que la gestion du séisme du 12 janvier 2010 ou encore l’ouragan Matthew qui ont été, selon lui, de vastes opérations de gaspillage. « Avant le tremblement de terre du 14 août, nous avions (l’État) recueilli de l’argent pour le coronavirus. Ce Gouvernement a été nommé par l’ancien président de facto Jovenel Moïse qui avait lancé un programme de 3000 gourdes pour chaque paysan, mais l’argent n’est jamais arrivé pour la plupart d’entre nous. C’est toujours la même logique, faire des promesses pour la forme pour tenir le peuple sous tutelle , pendant qu’ils se remplissent les poches et financent l’insécurité », martèle le natif de Torbeck.

De son côté, la journaliste de la Radio Planète FM aux Cayes, Mapouse Antoine, souligne, quant à elle, l’insatisfaction des sinistrés ainsi que les conditions « d’indignité totale » dans lesquelles les aides d’urgence ont été fournies. « Vu nos constats dans plusieurs centres d’abris, sans compter les gens victimes mais qui restent chez eux, nous avons questionné  beaucoup  de personnes dans le cadre de notre travail et ils se sentent insatisfaits et mécontents parce qu’ils s’attendaient à un véritable soutien de la part de l’État ».

Toujours selon la jeune journaliste, « les plus faibles, en particulier des femmes ont reçu des coups lors des distributions et sont retournées d’où elles  venaient les mains vides. D’autres,  encore des femmes, se sont fait tabasser et voler leur riz, puis sont rentrées après avoir subi des violences. Cela vous donne une idée de la distribution dans le Sud après le désastre ». 

Mme Antoine qui a plaidé pour des assistances psychologiques en faveur des enfants terrorisés par les secousses sismiques, dit garder espoir et ose, en dépit de tout,  espérer que le Plan d’action du Gouvernement ne sera pas qu’une façade, qu’il apportera des résultats concrets.

Soulignons que la communauté internationale s’est engagée à aider la reconstruction de  la Péninsule du Sud à hauteur de  600 millions de dollars américains.

Clovesky A.-G. PIERRE

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