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Le département d’État Américain entend évaluer les actes de corruption majeure en Haïti

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Les scandales de corruption tendent de plus en plus à ternir l’image d’Haïti. À côté d’éventuels cas de corruption à l’ambassade d’Haïti à Washington où la Cour Supérieure des comptes et du contentieux administratif a déjà annoncé un audit ; le mardi 15 mars 2022, le Président Américain Joe Biden a signé une loi demandant au Département d’État une évaluation des actes de corruption majeure commis en Haïti depuis janvier 2015.

Ces dix dernières années, la corruption a pesé de tout son poids dans la création d’une mauvaise image d’Haïti à l’étranger. La dilapidation des fonds du Petro Caribe représente, pour de nombreuses personnes, la plus vaste opération de corruption dans ce pays qui peine à garantir à ses concitoyens le minimum au niveau des conditions matérielles d’existence. « Notre pays a seulement cinq problèmes », disait feu le Président Jovenel Moïse en scandant cinq fois le mot « corruption ».

Chronique d’une sombre affaire à Washington

L’année 2021 s’est terminée sur cette révélation de l’ex-Sénateur Youry Latortue au sujet de quatre millions de dollars américains qui seraient détournés à l’Ambassade d’Haïti à Washington, chargée de la production des passeports pour des Consulats haïtiens à travers le monde. Rapidement, l’Ambassade d’Haïti à Washington a apporté un démenti formel à ces allégations aux moyens d’une note publiée le 18 décembre 2021. « L’Ambassade d’Haïti à Washington D.C., présente ses compliments à la presse parlée, écrite et en ligne, et souhaite apporter un démenti formel aux allégations faisant état de la disparition d’une forte somme d’argent provenant des recettes des Consulats de la République. Cette Mission diplomatique est davantage surprise de lire que son administrateur aurait accusé un ancien officiel à qui ce montant aurait été transféré », lisait-on dans cette note.

Plus tard, dans une note, la Chancellerie haïtienne s’en sera mêlée. « Le Ministère des Affaires Etrangères présente ses compliments aux missions diplomatiques et aux postes consulaires d’Haïti et a l’avantage de leur demander d’expédier en urgence à Port-au-Prince, tous les originaux de formulaires de demandes de passeports non encore acheminés à Washington, les documents de support ainsi que le montant de paiement adressé à l’ordre de la Direction Générale des impôts ».

Aujourd’hui, c’est la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) qui dit avoir dans l’œil l’ambassade d’Haïti à Washington après une lettre du Senat de la République. « Je vous informe que le Conseil de la Cour, en réunion ordinaire, avait déjà pris la décision d’auditer la gestion des passeports par l’Ambassade d’Haïti à Washington et de se pencher sur les contrats passés par cette mission diplomatique dont ceux relatifs au lobbying », lit-ont dans la lettre portant la signature du Président de la Cour, l’honorable Fritz Robert St Paul.

Les États-Unis dans le viseur de la corruption en Haïti

Dans un communiqué du 2 mars 2022, l’Ambassade des États-Unis à Port-au-Prince a annoncé l’ouverture en leur sein d’un bureau permanent de Home Security Investigation (HSI). « Les postes permanents en Haïti visent à renforcer davantage les relations avec le pays pour lutter contre les crimes liés aux gangs, traduire les criminels en justice et assurer la sécurité publique », disait-elle dans son communiqué. Devant l’établissement en Haïti de ce service d’enquête sur les organisations criminelles transnationales, les autorités haïtiennes gardent un silence de cimetière.

Cette semaine, soit le 15 mars 2022, c’est par le biais d’une loi signée par le Président Joe Biden que les États-Unis d’Amériques veulent avoir une vision claire sur les actes de corruption majeure en Haïti, dans les secteurs publics et privés depuis janvier 2015 en demandant au département d’État d’en faire une évaluation. Pour le professeur James BOYARD, ces initiatives étasuniennes pourraient avoir des conséquences positives. « La création d’un service d’enquête de la Homeland Security à l’Ambassade des USA et la signature par Joe Biden d’une loi visant l’identification des actes de corruption en Haïti nous laissent croire que les élections seront possibles avec un new political class et un new civil society », dit-il sur son compte Twitter le 17 mars 2022. Cependant, le Gouvernement haïtien n’a jusqu’à date fait aucune déclaration concernant ces nouvelles données, laissant la population dans un noir total. Les États-Unis d’Amérique, vont-ils, réussir l’exploit de susciter l’intérêt de l’Etat haïtien pour combattre la corruption dans le pays ? Combattre la corruption en Haïti restera-t-elle toujours un vœu pieux ? C’est en tout cas, autant d’interrogations que l’on se pose !

Rappelons en date du jeudi 10 mars 2022, l’Organisation de Défense des Droits Humains Sant Karl Lévêque a fait montre de ses préoccupations concernant d’éventuels cas de corruption au Consulat d’Haïti à Paris dans une affaire de renouvellements de passeports. Le SKL avait profité pour demander au gouvernement haïtien de résoudre ce problème.

Clovesky André-Gérald PIERRE

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