Haïti-Énergie : l’ED’H rationne au compte-goutte les usagers
4 min readDepuis plusieurs semaines, l’Electricité d’Haïti (EDH) peine davantage à alimenter les ménages. La plupart des centrales thermiques sont à l’arrêt, selon le directeur Jean Errol Morose, situation qui force l’Ed’H à jongler entre le rationnement dans les zones industrielles, commerciales et les zones résidentielles.
L’électricité représente un vrai défi pour le pays depuis des décennies. L’insuffisance au niveau de la production d’énergie, couplée aux difficultés liées à la distribution et les recettes, plonge le pays dans une situation où le black-out devient souvent la règle. Les coûts estimés pour une restructuration et une revalorisation du système haïtien sont très énormes pour le pays. Près d’une personne sur cinq en Haïti n’a pas accès à l’électricité, ce qui fait d’elle comme étant le pays du continent américain où la couverture électrique est la moins importante.
Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix s’élèvent dans diverses communes des départements du « Grand Nord » d’Haïti pour réclamer une meilleure distribution de l’énergie électrique. Plusieurs villes de la région n’ont pas reçu de rationnement depuis maintenant des mois. Par ailleurs, cette semaine, des dizaines de citoyens ont gagné les rues dans la Commune de Mirebalais, dans le Centre, pour dénoncer le rationnement au compte-goutte et revendiquer une meilleure distribution.
Plus loin, dans la région sud du pays, une centrale électrique qui dessert la région au niveau de la commune de Miragôane est à l’arrêt depuis plusieurs semaines à cause d’une panne de carburant pour alimenter ses moteurs, plongeant ainsi la ville dans un black-out total. C’est pratiquement la même situation au niveau de la commune de Jérémie dans la pointe sud-ouest de l’Île qui connait une panne sèche d’électricité depuis maintenant près de deux mois.
L’ED’H impuissante mais son directeur espère une amélioration
Même si les difficultés liées à la production et à la distribution de l’énergie semblent sans cesse s’agrandir, le directeur de l’Électricité d’Haïti, Jean Errol Morose, croit qu’il y a des possibilités d’améliorer cette situation d’ici la fin de l’année. Lors d’une conférence de presse donnée récemment, le directeur de l’institution publique a reconnu une grande diminution au niveau de sa production qui n’a atteint que la barre des 41 mégawatts. « 41 mégawatts, cela veut dire que je ne peux pas alimenter plusieurs ménages à la fois. Si je regarde mes données actuelles, il n’y a ce matin (14 mars dernier) que huit circuits sur quarante qui sont fermés, ce qui signifie que seulement huit circuits sont alimentés. Par ailleurs, il y en a de ces circuits qui sont tellement énormes que je ne pourrais les alimenter pendant 24 heures. Les alimenter ainsi reviendrait à rouvrir trois autres circuits. Nous sommes par conséquent contraints à procéder à des rotations stratégiques. D’abord une rotation commerciale en alimentant dans la journée le commerce et l’industrie, puis dans la soirée des roulements avec les zones résidentielles. Avec un taux de facturation en dessous de 50%, la situation est grave au niveau commercial », avait fait savoir le directeur Morose.
Pour pallier à cette situation, le directeur Morose compte sur l’arrivée prochaine de compteurs prépayés qui permettront d’amoindrir les pertes de l’institution. Aussi, selon lui, les techniciens de l’ED’H font de leur mieux afin de réparer les appareils en dysfonctionnement dans les différentes centrales, afin d’optimiser la capacité de production. Ainsi, il prévoit la réparation « des groupes pouvant fournir jusqu’à 111 mégawatts d’ici à la fin de l’année » et ainsi il écarte la nécessité de faire intervenir des groupes privés.
« Entre temps, la direction de l’institution est en train de mettre en œuvre son plan d’action à très court terme de manière à atteindre 115 MW pouvant garantir une alimentation d’au moins 8 heures par circuit/jour », a-t-il déclare récemment sur son compte Twitter. Cependant, des jours après cette intervention de l’institution, le phénomène perdure et la population, sans source d’énergie alternative, demeure dans le noir presqu’absolu.
Clovesky André-Gérald PIERRE
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