mar. Déc 24th, 2024

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Allocution du Gouverneur de la BRH, Jean Baden DUBOIS lors de la cérémonie d’intégration de la session 2023s de l’Université Quisqueya

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Bonjour tout le monde,

Je salue le Recteur de l’Université Quisqueya,

Je salue le Vice-Recteur aux Affaires académiques,

Mesdames, Messieurs les Vice-recteurs, Madame la Secrétaire Générale,

Mesdames, Messieurs les doyens et vice-doyens, Chers professeurs,

Chers étudiants,

Distingués invités,

Mesdames, Messieurs,

Je suis profondément honoré de participer en ce jour solennel à la Cérémonie d’intégration de la Session 2023S de l’Université Quisqueya en tant qu’invité d’honneur. Je suis particulièrement ravi d’aborder un sujet qui résonne étroitement avec les priorités actuelles de la Banque de la République d’Haïti : »Inclusion financière et développement soutenable ».

Avant de poursuivre, je tiens à exprimer ma sincère gratitude à la Direction des Affaires Étudiantes et au Centre de Recherche en Gestion et en Économie du Développement (CREGED) pour leur aimable invitation.

Cette invitation intervient à un moment stratégique, alors que la Banque centrale, sous la houlette du Conseil d’Administration que j’ai le privilège de présider, est en phase avancée de préparation d’une initiative majeure visant à encourager l’inclusion financière parmi la jeunesse et à mettre en exergue des projets innovants en faveur d’un développement durable.

lI est académiquement reconnu que les stratégies d’inclusion financière peuvent catalyser la croissance économique d’une nation et contribuer efficacement à l’atteinte d’ambitieux objectifs de développement   

Questions

• Combien d’étudiants ont un compte (Soit dans une banque, soit dans une coopérative d’épargne et de crédit sol dans une institution de Micro finance)

• Combien d’étudiants ont une carte de crédit ?

• Combien d’étudiants pensent que cela ne les concerne pas du tout aujourd’hui ou c’est ceux qui font de l’argent ?

• Combien d’étudiants pensent qu’une assurance n’est pas nécessaire ?

• Combien d’étudiants savent qu’il existe en Haïti un Bureau d’Information sur le Crédit en Haïti ?

Dans les économies fragiles et en développement, telle que celle d’Haïti, l’inclusion financière et le développement durable sont plus qu’une simple aspiration; ils sont essentiels pour transformer la réalité socio-économique du pays. La vulnérabilité d’Haïti aux catastrophes naturelles telles que les séismes, les cyclones et les inondations complique davantage les défis déjà existants tels que la pauvreté endémique, la corruption rampante et l’instabilité politique chronique. Ces éléments entravent souvent les initiatives de développement, créant un cercle vicieux de pauvreté et de dépendance.

De plus, l’inclusion financière peut être un antidote à la corruption en créant un système financier plus transparent et traçable. Lorsque les transactions financières sont formalisées et documentées, li devient plus difficile pour la corruption de prospérer sans détection. Ce type de transparence peut également attirer des investissements étrangers, un élément crucial pour le développement durable.

Dans le contexte de l’instabilité politique, l’accès à des services financiers fiables peut également apporter une certaine forme de stabilité aux citoyens. Par exemple, des options de crédit abordables pourraient permettre aux entrepreneurs locaux de créer ou d’étendre des entreprises malgré les turbulences politiques, générant des emplois et stabilisant l’économie à un niveau microéconomique.

La clé pour lier efficacement l’inclusion financière et le développement durable en Haïti réside dans une mise en œuvre minutieuse et bien réfléchie. Nous l’avons bien compris à la Banque Centrale :

L’offre financière dans l’inclusion financière

Compte Bancaire % 15 ans +

Des 54% d’inclus financièrement, 1% détiennent un compte bancaire, 26% d’entre eux ont accès à d’autres institutions formelles (Coop et IMF) Environ 16% utilisent à la fois les services bancaires et les autres institutions formelles et / ou informelles pour gérer leurs besoins financiers.

Stratégie Nationale d’inclusion Financière pour qui ?

Les récentes données issues de l’étude Finscope montrent que les femmes représentent 51% de la population âgée de 15 ans et plus. Parmi elles, 75% sont engagées dans des emplois instables, seulement 9% ont accès aux services bancaires, et approximativement 75% n’ont ni l’habitude d’épargner ni celle d’investir. Ces statistiques mettent en lumière le niveau alarmant d’exclusion financière parmi les femmes, tandis que de multiples études suggèrent que l’inclusion financière des femmes génère des retombées économiques et sociales significativement plus importantes que celle des hommes.

Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF):

Favoriser les stratégies de développement économique.

Faciliter l’accès aux produits et services financiers.

Développer des produits et services adaptés aux besoins de la clientèle.

Promouvoir l’éducation financière.

Promouvoir l’utilisation des technologies de l’information et de la communication.

Favoriser l’émergence d’un cadre formel de protection du consommateur financier.

Le Plan National d’Éducation Financière (PNEF, Haïti 2020-2025) se veut de répondre à Quatre (4) objectifs fondamentaux:

1.- Développer les compétences financières de la population et renforcer les institutions clé qui promeuvent l’inclusion financière;

2.- Améliorer l’alphabétisation financière, c’est-à-dire la connaissance de la population sur les produits, services, concepts et risques financiers;

3.- Entretenir et élargir une communauté de professionnels en éducation financière bien informée, proactive et collaborative, guidée par des principes pratiques et Éthique, afin de promouvoir une éducation financière objective et efficace;

4.- Responsabiliser les consommateurs des produits et services financiers vis-à-vis de leurs droits et obligations.

Le PNEF comporte six (6) axes stratégiques. Tout comme le SNIF, le PNEF met un accent particulier sur des groupes cibles: les agriculteurs, les femmes, les jeunes, les travailleurs migrants et leur famille, les personnes vivant dans les zones rurales et micro-entrepreneurs. Un ensemble d’indicateurs sont prédéfinis en fonction des objectifs qui sont établis.

Comment l’Université peut-elle aider ?

L’université est souvent perçue comme un incubateur d’idées et un catalyseur de changements sociaux, économiques et technologiques. Dans le contexte d’un pays comme Haïti, où les défis de développement sont nombreux et complexes, les institutions d’enseignement supérieur peuvent et doivent jouer un rôle pivot dans la promotion de l’inclusion financière comme vecteur de développement durable. Voici quelques domaines clés où l’université pourrait contribuer de manière significative :

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Le plan se veut:

1.- D’offrir un cadre permettant d’apporter des solutions concrètes aux principaux enjeux soulevées par les enquêtes FinScope;

2.- de mieux coordonner les pratiques d’éducation financières dans le pays;

3.- rendre les jeunes des écoles et des universités, les ménages, les entrepreneurs de tous les secteurs et les consommateurs financiers haïtiens plus sensibles aux risques et aux opportunités financières. Les femmes constituent une composante transversale à tous  ces groupes.

La mise en place de la Stratégie Nationale D’inclusion financière et l’implémentation du Plan d’Education Financière cela exige une collaboration étroite entre le gouvernement, les ONG, les institutions financières, l’Université et la communauté internationale pour créer un environnement qui non seulement facilite l’accès aux services financiers, mais qui assure également que ces services sont équitables, durables et adaptés aux besoins spécifiques de la population haïtienne.

En résumé, l’inclusion financière possède le potentiel intrinsèque de servir de levier aux efforts plus larges de développement durable en Haïti. Elle peut offrir une voie viable pour sortir de la fragilité économique, combattre la corruption et créer une résilience face à des défis environnementaux et politiques persistants. Ainsi, elle ne doit pas être envisagée comme une initiative isolée, mais plutôt comme un élément central d’une stratégie globale visant à améliorer la qualité de vie et le bien-être à long terme en Haïti.

L’inclusion financière est le processus qui permet aux individus et aux entreprises d’accéder à des produits et services financiers utiles et abordables, tels que le crédit, les dépôts et les paiements.

En Haïti, où environ 70% de la population est exclue du système financier formel, l’importance de l’inclusion financière est d’autant plus cruciale.

Recherche et Innovation

Le développement d’instruments financiers adaptés aux besoins et aux réalités des populations locales et des étudiants nécessite une compréhension approfondie des dynamiques socio-économiques. Les universités, par leur capacité à mener des recherches rigoureuses, peuvent contribuer à la création de produits financiers plus inclusifs. Par exemple, la recherche peut aider à identifier les obstacles spécifiques à l’adoption de services financiers parmi les groupes marginalisés, comme les femmes, les jeunes ou les personnes vivant en zones rurales ou dans les Gethos.

Éducation et Sensibilisation

Les programmes académiques peuvent être développés pour intégrer des cours sur l’économie du développement, la gestion financière et même des modules spécifiques sur l’inclusion financière.

Non seulement ces cours préparent les étudiants à devenir des acteurs compétents dans le secteur financier, mais ils créent également un niveau de sensibilisation et d’expertise qui peut être transféré aux communautés locales.

Formation et Développement de Compétences

En plus des programmes réguliers, les universités peuvent offrir des ateliers, des webinaires et des formations professionnelles ciblées pour divers acteurs impliqués dans la promotion de l’inclusion financière. Ces formations peuvent bénéficier aux décideurs politiques, aux professionnels du secteur financier, et même aux entrepreneurs locaux qui cherchent à mieux comprendre comment utiliser les services financiers pour améliorer leur compétitivité et viabilité à long terme.

Partenariats et Collaborations

Les universités peuvent servir de plateformes pour le dialogue et la collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et les organisations non gouvernementales. En organisant des conférences, des séminaires et des forums de discussion les universités peuvent faciliter l’échange d’idées et le réseautage entre différents acteurs qui partagent l’objectif commun de promouvoir l’inclusion financière et le développement durable.

Incubation et Accélération d’Entreprises

Plusieurs universités à travers le monde ont des incubateurs qui aident à transformer les idées en entreprises viables. En Haïti, un tel incubateur pourrait se concentrer sur les startups financières qui visent à résoudre les problèmes d’inclusion financière, fournissant non seulement un financement initial mais également un mentorat, un réseau et un accès à des ressources académiques pour tester et améliorer leurs services.

Plaidoyer et Politique Publique

Grâce à leur statut et à leur crédibilité, les universités ont également la possibilité de plaider en faveur de politiques publiques qui soutiennent l’inclusion financière. Que ce soit par la rédaction de papiers politiques, l’engagement avec les médias ou la consultation directe avec les décideurs politiques, les universités peuvent utiliser leur expertise pour influencer les politiques dans une direction qui favorise le développement durable.

En somme, les universités en Haïti ont un rôle polyvalent et influent à jouer dans la promotion de l’inclusion financière comme secteur de développement durable. Par la recherche, l’éducation, la formation, le partenariat et le plaidoyer, elles peuvent contribuer à créer un écosystème plus inclusif et durable qui profite non seulement à l’économie mais aussi à la société dans son ensemble.

Formalisation de l’Economie ?

La formalisation de l’économie est un levier essentiel pour le développement durable, en particulier dans des pays où l’économie informelle est prédominante, comme en Haïti. Un aspect clé de la formalisation est l’inclusion financière, qui peut contribuer de manière significative à rendre les transactions économiques traçables, transparentes et, en fin de compte, imposables.

Ce processus a des implications profondes, allant de l’amélioration de la gouvernance à l’augmentation des recettes fiscales, en passant par la réduction de la corruption et de la criminalité économique.

La formalisation de l’économie par le biais de l’inclusion financière présente donc une opportunité unique pour les pays comme Haïti de renforcer leur base fiscale, d’améliorer la gouvernance et de créer un environnement plus propice au développement économique durable. En rendant les transactions plus transparentes et traçables, en augmentant les recettes fiscales et en réduisant l’économie souterraine, l’inclusion financière peut être un outil puissant pour transformer l’économie et, par extension, la société dans son ensemble.

En Conclusion pour vous chers universitaires:

Pour un Étudiant à l’Université

  1. Préparation pour l’Avenir : Vous Les étudiants à l’université, Vous êtes à une étape où vous allez faire des choix qui auront un impact significatif sur votre avenir financier. Une éducation financière solide peut vous aider à comprendre l’importance de l’épargne, de l’investissement et de la gestion de la dette, même des dettes étudiantes.

2. Pratique de l’Indépendance Financière: L’université peut également être le premier moment où de nombreux étudiants gèrent leur propre argent. L’inclusion financière à ce stade peut initier des habitudes financières saines qui durent toute une vie.

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3. Entrepreneuriat : Pour les étudiants intéressés par l’entrepreneuriat, la compréhension des services financiers et des principes de la gestion financière sera inestimable.

De nombreuses universités offrent également des incubateurs ou des cours d’entrepreneuriat qui peuvent aider à transformer une idée en une entreprise viable, nécessitant une solide compréhension des finances.

En résumé, l’inclusion financière et l’éducation financière peuvent jouer un rôle essentiel dans l’accumulation de capital en fournissant les outils, les connaissances et l’accès nécessaires à divers services et produits financiers. Ensemble, ils peuvent aider à instaurer une culture d’épargne, d’investissement et de gestion du risque financier qui est bénéfique non seulement pour l’individu, mais aussi pour la société  dans son ensemble.

Monsieur le Recteur,

Mesdames Messieurs,

Je me réjouis de voir que l’Université Quisqueya, un partenaire de la BRH dans le domaine de l’éducation, veut faire aujourd’hui de l’inclusion financière un pilier important dans les réflexions académiques. Il s’agit d’un pas important, qui devrait inspirer les autres établissements Universitaires, pour favoriser cet écosystème financier au service du développement durable dont nous rêvons tous.

Les défis sont de taille et li y a beaucoup de dépassement à faire et des engagements à maintenir en vue de surmonter les obstacles.

Le moment est venu pour moi maintenant de souhaiter tous mes vœux de succès aux nouveaux étudiants, de bonne continuité à ceux qui sont déjà dans la course, de courage et de fermeté aux professeurs et de résilience à l’Université Quisqueya.

Jean Baden DUBOIS, Gouverneur de la Banque Centrale

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