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Au-delà du faire semblant !

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Comme à l’accoutumée, les messages de circonstance ont enflammé les réseaux sociaux le 8 mars 2022. Des gens de tout acabit ont souhaité « Bonne célébration aux femmes ». Des conférences de presse, des notes, des conférences-débats et d’autres activités ont ainsi marqué cette journée, dans l’idée de rendre hommage à la gente féminine. Douze heures durant pour faire l’éloge des filles et pour ensuite les oublier rapidement.

S’il y a une bataille sérieuse que les femmes doivent dorénavant mener, c’est celle de lutter contre ce faire-semblant. C’est de renverser la tendance dominante qui  amène à percevoir la femme comme un bien matériel. C’est de combattre cette  détestable idée qui détermine  le statut social de la femme dès sa naissance, cette conception qui fait que le sexe de l’enfant la prédisposerait à des fonctions distinctes dans la société. C’est de lutter contre l’éducation de «maîtresse » inculquée aux fillettes. Pour les courageuses Haïtiennes notamment, la journée du 8 mars devrait être un moment de remise en question de ces stéréotypes, afin de rompre avec le rapport discriminatoire et vertical Homme/Femme.

La lutte pour l’émancipation totale de la gente féminine nécessite un plus large engagement. Les portes doivent être forcées. C’est d’abord un exercice psychologique. Il faut  chasser ce petit machiste qui siège à l’intérieur de chaque homme et faire place à une vision plus équilibrée. Il est impératif que cesse l’hypocrisie des deux côtés. La femme largement épanouie qui apparaît devant les caméras doit l’être également au foyer. La femme qui promeut l’émancipation doit être  elle-même vraiment émancipée. Arrêtons de faire semblant.

Pas mal de figures emblématiques ont marqué l’histoire de la lutte des femmes à travers le monde. Elles sont nombreuses en Haïti à porter le message d’égalité entre les sexes. Pourtant, les lignes n’ont pas réellement bougé. Elles sont toujours éclipsées par l’autre sexe et, ce, à presque tous les niveaux de la communauté. Or, rappelons que les femmes comme les garçons sont nés libres et égales en droit.

Au-delà des discours, il faut qu’il y ait des actions concrètes. Il ne faut pas seulement regarder le problème de manière limitée (égalité entre les sexes). La question est beaucoup plus profonde. L’important, c’est de restituer son humanité au genre féminin qui est le moteur de notre communauté. N’oublions pas que les femmes sont à la fois mères, pères, ménagères, cultivatrices, commerçantes, etc.

Le 8 mars, elles reçoivent des fleurs, mais pendant les 364 jours qui suivent elles récoltent, la plupart du temps des coups, des marques de non-respect ; elles sont victimes d’abus de pouvoir, de préjugés, de discriminations, de maltraitances. La date du 8 mars doit rappeler à tous que la femme est une compagne. C’est un être humain à part entière. Ce jour doit rappeler aux femmes aussi qu’elles ont les mêmes droits que les hommes et que ceux-ci doivent traiter d’égal à égal avec elles. La journée internationale des droits des femmes est une occasion de penser par exemple aux ouvrières de la sous-traitance qui n’ont pas le droit de percevoir un salaire équivalent à leur force de travail. C’est une occasion de réfléchir aux moyens  de supprimer les obstacles placés sur la voie des femmes, qui les empêchent par exemple de briguer des postes électifs.

Le 8 mars, c’est l’occasion pour les femmes d’arrêter de se soumettre. De cesser de réclamer leurs droits tout en ayant étant convaincues qu’elles sont naturellement soumises aux hommes. C’est aussi l’occasion pour les hommes, au-delà des fleurs, des « bonne fête ! » hypocrites, des discours mensongers, de faciliter la route à nos héroïnes.

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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