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Les femmes Haïtiennes : entre avancées et défis

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Le mois de mars est consacré aux femmes, surtout à leurs droits en tant qu’êtres humains. Partout dans le monde, des débats ont lieu, des organismes des droits humains se réunissent et profitent de l’occasion pour soutenir les femmes dans leur lutte, évoquer le chemin parcouru, mais aussi pour se remettre en question afin de pouvoir avancer.

Une lutte constante dans ce domaine est engagée, et les femmes haïtiennes peuvent compter sur le soutien des organisations féministes pour se faire entendre. Parmi elles, la Fédération des Organisations des Femmes pour l’Égalité des Droits Humains (FEDOFEDH). À telle enseigne que la fédération s’est entretenue avec le journal, le 5 mars 2022, pour nous révéler où Haïti en est dans la lutte pour les droits des femmes.

Comme son nom l’indique, la FEDOFEDH est une coalition d’organisations féministes. Ayant à sa tête Novia Augustin, qui a su poser un acte judicieux, celui de réunir les organisations féministes pour mieux aller à la rencontre des femmes dans le besoin et de pouvoir les assister. La Fédération regroupe 320 organisations féministes et se donne pour mission de les former, de les renforcer. Elle se charge aussi de sensibiliser la population sur la question du VIH, et s’emploie à forger l’estime de soi des femmes qu’elle rencontre.

Le climat sociopolitique du pays ne les empêche pas de travailler. Mme Augustin a confié au journal que la Fédération s’organise pour assister les femmes  en calculant les risques, de façon à protéger le personnel et les femmes en difficulté. Donc, elle reste en retrait, mais continue d’épauler concrètement les femmes. Selon Mme Augustin, la Fédération s’acharne à frapper aux portes des institutions concernées, en les contactant, les rappelant à leur devoir. Tout cela, dit-elle, avec la ferme intention d’attirer l’attention des autorités nationales et internationales compétentes en la matière. Les femmes haïtiennes ne devraient pas perdre l’héritage légué par les femmes avant elles. L’égalité de la femme est un combat constant, rien n’est gagné, tout comme les valeurs démocratiques, estime-t-elle.

Retour à la genèse du mouvement

«Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi », peut-on lire dans 1 Corinthiens 14:34. La femme a été longtemps dans l’ombre de l’homme. Ce dernier jouissait de tous les droits au détriment de la femme. Mais avec le siècle des Lumières la machine du mouvement féministe s’est mise en marche. L’objectif principal : la femme doit être égale à l’homme devant la loi. Plus tard, à la fin du 19ème siècle, les idées d’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique commencent à prendre racine.

Une deuxième vague est observée à la fin des années 1960 avec le Mouvement de Libération des Femmes ; grâce à ce mouvement plusieurs concepts ont été élaborés, comme par exemple le patriarcat. Les femmes revendiquaient aussi le contrôle de leur corps, exigeaient des rapports sains entre les genres et surtout l’égalité des chances.

À présent de nouvelles pensées émergent et elles touchent aussi les hommes. En effet, les hommes souffrent du système patriarcal qui les leur fait comprendre qu’ils doivent être tout le temps forts et ne peuvent pas exprimer leurs sentiments. On dit au petit garçon de ne pas pleurer et il grandit en pensant que ça le rend faible. Ce qui fait que les hommes ont une apparence de durs à cuire, d’êtres forts et inébranlables.

Le féminisme en Haïti

Si le mouvement féministe a commencé au 18ème siècle, les femmes haïtiennes doivent cependant attendre deux siècles plus tard pour qu’enfin les femmes obtiennent des privilèges jusque-là réservés aux hommes.

Dans les années 50, soit en 1950, les femmes haïtiennes avaient le droit de voter, mais ce n’est qu’en 1957 avec la loi du 25 janvier de cette même année que ce décret va vraiment se concrétiser. Elles pouvaient participer à la vie politique du pays. Mais cette victoire fut de courte durée, en effet, peu de temps après, le régime dictatorial de Duvalier va anéantir le mouvement féministe, vu que ces femmes étaient dans la ligne de mire du dictateur.

Ce n’est qu’après son départ, en 1986, que le mouvement a repris son envol. Le mouvement célébra quelques victoires notables comme le Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme (1994), la loi électorale qui exige qu’une présence féminine à 30% (2006), le décret criminalisant le viol (2005), la loi sur la paternité responsable (2014). Mais malgré ces avancées, cela n’empêche pas qu’à chaque trouble que connait le pays, les femmes sont victimes d’abus, de violences, notamment sexuelles.

Par ailleurs, peut-on parler de droits de la femme dans un pays où le système judiciaire est décrié et les autres pouvoirs fonctionnent sans aucune base légale ?

Danie Charlestan

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