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Ida Faubert, poétesse et féministe dans le sens vivant du terme!

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Romancière et poétesse, Ida Faubert figure parmi la première génération des femmes de lettres haïtiennes. Femme haïtienne et ouverte d’esprit, elle s’est totalement épanouie dans son art et dans sa vie personnelle. Se dégageant de l’étouffante étreinte de la société machiste, elle était une féministe dans le sens le plus vivant du terme.

Née Gertrude Florentine Félicité Ida Salomon, elle était l’unique fille de l’ancien Président de la République Lysius Salomon et de Florentine Félicité Potiez. Elle a vu le jour sous les cieux de Port-au-Prince, le 14 février 1882. Elle a grandi là et a passé sa petite enfance au palais présidentiel. Cependant, suite à des tumultes politiques, la famille présidentielle  a été obligée de s’exiler  en 1888.Elle s’est alors installée en France où la jeune fille a achevé ses études.

De retour en Haïti, déjà amoureuse de littérature et de liberté, Ida intègre le monde littéraire haïtien du 20e siècle. Elle fait partie de la génération de La Ronde, période de la littérature haïtienne qui s’étend de 1818 à 1915. Durant cette période, la littérature haïtienne a pris un essor particulier et Ida figurait parmi la première génération de poétesses haïtiennes. Femme ayant un esprit libre et pleine d’audace, Ida a publié ses premiers poèmes dans la revue Haïti littéraire et scientifique, sous son nom propre sans faire l’usage d’un pseudonyme, comme  d’autres avant elle.

Jeune femme bien éduquée et issue de la haute société, Ida Salomon n’avait jamais tenu à rentrer dans les cases ni à suivre le chemin tracé par la société pour une jeune fille de bonne famille. Elle ne s’est pas résignée à faire comme tout le monde et a choisi d’emprunter des chemins pleins d’aventures. Après un premier mariage en France, elle divorce puis se remarie à son retour sur sa terre natale, avec André Faubert avec qui elle a eu une petite fille, Jacqueline qui meurt à l’aurore de sa vie et un garçon Raoul en 1906.

Ses œuvres littéraires, en particulier ses poèmes étaient très mélancoliques. Elle a écrit aussi des poèmes où l’amour se mêle à la sensualité. Elle a traité divers thèmes comme la mort, mais a également écrit des vers beaucoup plus personnels, comme son poème devenu populaire: Pour Jacqueline, dédié à sa petite partie trop tôt. C’est un texte poignant où elle écrit :

« Et voici soudain, on ouvre la porte

On t’arrache à moi, mon ange adoré

Mais dans le cercueil afin qu’on l’emporte

Près du tien, j’ai mis mon cœur déchiré

Oh ! Ne parlez plus! La petite est morte » !

Ne se sentant plus l’envie de vivre à Port-au-Prince, elle part s’installer à Paris, en 1914. Elle divorce de son second mari mais décide de garder son nom. Prête à démarrer une nouvelle vie en France, Ida Faubert fréquente les galeries et conférences en vogue à l’époque et met sur pieds son propre salon littéraire hebdomadaire où elle reçoit des écrivains et des artistes. Son salon est très fréquenté par l’élite intellectuelle de l’époque. Ses œuvres ont connu beaucoup de succès et elle se lie d’amitié avec plusieurs grands écrivains de son temps : Léon Laleau, Jean-Price Mars, Jean Richepin et Jean Vignaud.

Ses œuvres sont, entretemps, devenus très populaires en France et en Haïti ; et ses poèmes paraissent aussi dans Les annales politiques et littéraires, La Gazette de Paris, Le Journal du Peuple, Lisez-moi Bleu et même dans des journaux littéraires italiens. Finalement, ses poèmes sont rassemblés dans le recueil Cœur des îles, publié en 1939 par les Éditions René Debresse, et ce début littéraire lui vaut le prix Jacques Normand de la Société des Gens de Lettres. En 1959, elle publie un recueil de récits Sous le soleil Caraïbe, qui dépeint délicatement le quotidien de ses compatriotes haïtiens, car malgré son choix de vivre en Europe, son cœur a toujours appartenu à Haïti. Ces informations sont, pour la plupart, tirées du site web libre d’accès : « http://ile-en-ile.org/faubert/ ».

S’il est commun de considérer Ida comme une grande féministe, c’est parce que, dans ses actions, elle a toujours démontré une certaine autonomie et indépendance. Elle avait décidé d’acquérir une liberté que la société patriarcale de l’époque ne permettait pas aux femmes. Ses deux divorces en sont la preuve, son audace de publier en son nom propre des poèmes dans une revue haïtienne, également. En dépit du fait qu’elle fréquentait à Paris des écrivains féministes et participait à des conférences et d’autres activités à caractère féministe, elle n’a pour autant jamais été une militante. Par ailleurs, elle s’est toujours donnée les moyens d’être libre et indépendante et prônait cette liberté pour toutes les femmes.

Femme libre et indépendante, talentueuse écrivaine, et surtout féministe dans chacun de ses gestes, Ida Faubert fut l’une des premières poétesses haïtiennes à s’affirmer en tant qu’écrivain et en tant que femme sans se soucier des on-dit. Dans un milieu où les stéréotypes ne manquaient pas, Ida a refusé d’emprunter le commun chemin destiné aux femmes et elle s’est tracé elle-même des chemins plus larges en suivant sa passion !

Leyla Bath-schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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