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Claude Joseph et Ariel Henry à couteaux tirés

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La date du 6 au 7 juillet 2021 restera tragique dans l’histoire politique d’Haïti. L’assassinat spectaculaire du Président en fonction a choqué le monde. Ce sanglant et révoltant événement a comme effet direct et immédiat, entre autres, une lutte entre deux Premiers Ministres pour le leadership de l’exécutif.

Il est important de rappeler qu’avant son assassinat, le Président de la République avait nommé, le 5 juillet, Ariel Henry, comme Premier Ministre en remplacement de Claude Joseph. Dans cet arrêté publié un jour avant sa mort, M. Moïse avait clairement précisé la mission du nouveau PM qui aurait dû prendre ses fonctions le lendemain, soit le 7 juillet 2021, date à laquelle fut assassiné le Président quelques heures plus tôt. Ariel Henry devait former un gouvernement d’ouverture incluant toutes les forces vives de la nation, résoudre le problème criant de l’insécurité et accompagner le Conseil électoral provisoire dans le cadre des élections générales et du référendum.

Le torchon brûle entre les deux PM. Un démissionnaire et un nommé. Quant à M. Henry, Chef du Gouvernement sur le papier, il annonce déjà la couleur. «  Claude Joseph fait partie de mon Gouvernement. Nous devons oublier les polémiques et œuvrer pour sauver le pays », a-t-il déclaré précisant qu’il entreprend déjà des pourparlers avec les différents acteurs de la vie nationale, notamment des parlementaires, dans la perspective des prochaines élections.

Outre cela, M. Henry émet des suspicions sur l’implication du PM, jusqu’à présent en exercice, dans la mort du Président. Dans un  tweet il informe M. Joseph qu’il lui doit des explications.

D’un De l’autre côté, Claude Joseph semble se fixer un autre agenda. Identifier, arrêter et traduire devant la justice les  meurtriers de Jovenel Moïse est pour lui prioritaire. Poussé vers la sortie par le décret du 6 juillet, le Premier Ministre a.i évoque, dans le dernier arrêté publié, les règles de droit lui accordant les pleins pouvoirs d’pour assurer l’après-Jovenel.

Ce n’est pas sans conséquences puisque beaucoup se posent des questions sur son objectif réel par rapport à trop d’indices qui éclaboussent son image. Pourtant, il a le plein soutien de la communauté internationale pour l’exercice du pouvoir jusqu’à la réalisation des futures élections.

Du Les points de vue des experts !

Le débat est à son comble. Le Professeur en droit constitutionnel, Sonet Saint Louis livre sa lecture de la situation. « Non, Dr Claude Joseph ne peut pas être Premier Ministre selon l’article 149 de la Constitution de 1987 amendée. La nomination d’Ariel Henry a démis automatiquement Claude Joseph de ses fonctions. Il est en situation de coup d’État contre Jovenel Moïse », a balancé l’avocat précisant que, pour avoir été nommé par un Président dont le mandat était arrivé à terme, Ariel Henry ne peut pas non plus être considéré en tant que tel.

« Nous vivons une situation exceptionnellement grave avec une interruption de l’ordre démocratique », a renchérit le Docteur en droit qui appelle à une solution concertée pour résoudre la crise multidimensionnelle que connaît le pays.

L’homme de loi préconise la mise en place d’un conseil national de gouvernement. Cette transition aura pour mission, selon lui, d’organiser des élections générales dans le pays.

De son côté, l’ancien Ministre de la Justice sous la présidence de Boniface Alexandre. Me Bernard Gousse, abonde dans le même sens. Il soutient que les dispositions de la Constitution ne sont pas applicables à la réalité présente.

 « Dr Claude Joseph ne peut pas s’attribuer le titre de Chef de l’exécutif, ni prétendre pouvoir assurer la continuité de l’État. Il n’est pas dans le temps pour légitimer une telle prétention », a souligné Me Gousse. L’homme de loi poursuit en expliquant que le Premier Ministre ad interim est démissionnaire et expédie les affaires courantes depuis la nomination de son successeur, M. Ariel Henry. 

Selon l’ancien Garde des Sceaux de la République, le docteur Ariel Henry, pour les mêmes raisons temporelles et n’ayant jamais été investi dans ses fonctions, ne peut, lui non plus, accéder à la primature.

De ce fait, Me Bernard Gousse fait appel à la sagesse des politiques et aux forces organisées de la société pour sortir de cet imbroglio.

Dans pareil climat, beaucoup se demandent de quoi demain sera fait en Haïti. Si le Dr Claude Joseph se positionne déjà en maître du jeu avec l’appui de la communauté internationale, on doute de plus en plus fort qu’il parviendra à rétablir la sécurité dans le pays en vue de la tenue des prochaines élections comme promis.

Mario Sylvain

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