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Covid-19/Haïti: comment les travailleuses du sexe se protègent ?

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Depuis plusieurs mois, l’État haïtien a déclaré l’état d’urgence sanitaire sur tout le territoire national  en raison de la pandémie du COVID-19. À l’instar de l’administration publique, des institutions privées, du transport en commun, des marchés publics entre autres qui continuent à desservir la population, les mesures barrières  préconisées par l’exécutif n’affectent  pas l’activité  de prostitution qui, en général s’effectue en pleine rue et sans confort.

Tous les jours, on retrouve les prostituées sur leurs lieux habituels. Jusque-là, rien n’a changé. Elles  occupent les trottoirs, pariant sur leur beauté pour attirer non seulement leurs clients habituels, mais aussi de nouveaux clients. Au regard de la concurrence pour  ce type d’activité, aucune mesure ne va  affecter la marchandise. Comme sur les tréteaux ou dans les rayons des supermarchés, elles se doivent d’être repérées de loin plongeant du coup les potentiels consommateurs dans l’embarras du choix.

Quant au port du masque, les travailleuses de sexe ont des argumentaires bien fondés. Il s’agit avant tout de business. Bien maquillée, en mini robe, cigarette à la main, le soir venu, Anna prend  place au coin de Delmas 41, attendant son premier client. Elle est bien parée pour une nuit de travail à la hâte. Elle explique les méfaits du respect scrupuleux des  consignes des autorités sanitaires par rapport à son travail. « Je ne peux pas défaire de ma beauté pour attirer mes clients en mettant un masque. Je dois être toujours séduisante face à la clientèle », confie-t-elle au journal Le Quotidien News.

Malgré tout, des clients  exigent quand même qu’elles portent un masque. « Ils sont catégoriques: le masque avant tout », ont  raconté certaines prostituées  interviewées par le journal.

Les mesures barrières imposent leurs lois à ces travailleuses. Elles se plient aux désirs des consommateurs. Cependant, au lieu de prendre la situation pour une torture, elles en profitent grandement en ajustant le prix du moment en fonction du risque. « Le sexe face à face coûte plus cher par rapport à la position de dos », nous a raconté Ismène, une autre travailleuse de sexe.

S’il est vrai que, dans la majeure partie des cas, les prostituées  mettent en avant leur travail, d’autres plus soucieuses d’elles-mêmes accordent la priorité à leur santé. C’est le cas de Mania, l’une des travailleuses du carrefour de l’aéroport assise sur un tabouret,  qui surveille l’arrivée de ses premiers clients. « J’ai toujours considéré la prostitution comme un pont pour gagner ma vie  parce que je n’ai pas d’autre choix. Et en aucun cas, je n’aimerais  perdre ma vie  », a lâché la jeune fille.

En outre, elle nous a confié qu’elle respecte et applique tous les conseils sanitaires du MSPP et demande à ses clients de se laver les mains avant même qu’ils ne la touchent. «Bien que beaucoup d’entre eux soient têtus, je ne recule jamais sur ma décision. C’est à prendre ou à laisser », a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, ces deux groupes de prostituées ne cachent pas leur mécontentement face à la diminution du nombre de clients  durant la période de la pandémie du nouveau coronavirus. « On  reçoit beaucoup moins de visites. Nos rentrées sont en baisse. Nos conditions de vie se dégradent peu à peu. On le fait parfois  en équipe, dans le but de subvenir à nos besoins quotidiens », ont expliqué plusieurs travailleuses un peu déçues de la rente.

Il faut souligner que la majeure partie des prostituées rencontrées ne portent pas de masque et ne respectent pas la distanciation « sociale » qui est de 1m50.

Sherlande MICHEL       

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