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Covid-19 : les Léoganais entre fatalité, résignation et nécessité

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Vraisemblablement, la Covid-19 n’est plus une source de préoccupation pour le citoyen haïtien. Il ne s’en préoccupe guère. Toutes les activités affectées par la flambée de cette pandémie reprennent leur droit comme si ce fléau n’existait plus. Plages, boites de nuit, activités sportives, bandes de rara, autant d’activités qui font les yeux doux à ce virus tueur.

Le port du masque est de moins en moins remarqué. Dans les milieux qui attirent la grande foule, les gens ne font aucun cas de ce fléau tueur. Il est le cadet de leurs soucis. À plusieurs reprises, les autorités sanitaires du pays ont imposé des restrictions sur les activités de rassemblement. Les activités académiques ont été plusieurs fois interrompues. Les compétitions sportives et les activités culturelles également. Les Églises ont été invitées à fonctionner en effectif réduit. L’administration publique en dehors des critiques dont elle est l’objet, se montrait plus ou moins active. Depuis quelques temps, les projecteurs sont tournés vers la fantaisie, l’insécurité, la richesse illicite, les conflits politiques, etc.

À présent, l’élan de mobilisation connaît une cassure importante. Mis à part le processus de vaccination qui stagne, l’intérêt d’appliquer la vigilance est en perte de vitesse. Cette attitude de « lesegrennen » concerne également le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) qui publie au compte-goutte les mises à jour sur l’évolution de la maladie et qui lève le pied sur les campagnes de sensibilisation.

Entre-temps, la population reprend ses habitudes perdues. Une visite du Journal Le Quotidien News sur plusieurs plages au cours du weekend, a permis de constater à point sont délaissés ou ignorés les gestes barrières à la Covid-19. Des gens venus s’amuser s’entassent comme des sardines, ils se frottent les uns les autres sans penser au virus. Questionnés sur leur attitude à risque, ils reprennent les mêmes vieilles rengaines : « la maladie n’existe pas ».

En effet, pour beaucoup de fêtards, la question est mal venue. Ce n’est pas intéressant d’essayer de gâcher la fête avec une telle question, jugent-ils. Ce qui est réel pour eux, c’est la situation d’insécurité qui sévit à Martissant, la hausse des prix de tous les produits, le kidnapping, entre autres. « Poukisa laprès pa okipel nan ede sosyete a debarasel de rat kay sa yo epi kontribye nan fèanket pou fèlimyè sou krim finansye ak krim san yo olye lap bay bouradak on sitiyasyon oksidantal la kreye pou fèrichès », s’en prend un jeune, qui se présente comme un universitaire à notre reporter.

Outre les plages, les boîtes de nuit et les bandes de rara, il y a d’autres centres d’attractions qui attirent la grande foule. Dans ces ambiances, il est impossible de parler de mesures barrières. Les gens se relaxent sans complexes et essayent de se libérer de la réalité toxique de leur quotidien. Pour la plupart des gens interrogés, cette activité constitue pour eux une forme de thérapie.

La situation n’est pas différente dans les Églises, les centres scolaires, les entreprises commerciales, entre autres. Le transport en commun est un cas chronique. Dans les lieux de pélerinage, autour des fontaines publiques, la pandémie est complètement ignorée. Les gens se fient aux « ouï dire » et se laissent aller. Dans quelques sections communales visitées sur les hauteurs, les jeunes notamment, rigolent avec la question. « W panse kowona ka monte jis la », rétorque une fille jeune qui s’efforce avec beaucoup de difficulté de puiser de l’eau dans une source où le débit est insignifiant. Dans d’autres localités dont « k foumi », les habitants recueillent de l’eau à boire en aval de petits affluents provenant des montagnes. «  Il faut faire beaucoup attention pour tirer de l’eau propre. On ne sait pas ce qui se passe en amont », nous confie un sexagénaire qui ignore complètement les techniques de purification des eaux.

Toutefois, il faut rappeler que dans quelques localités de la troisième section communale de Léogâne, les habitants utilisent les eaux de la Rivière Rouyonne pour la consommation. Chacun creuse avec ses mains une petite portion de sable du lit, en fait une petite source et attend que l’eau s’éclaircisse. Dans les périmètres peuplés de ces petites sources, des animaux étanchent leur soif, des gens se lavent, d’autres font la lessive, etc. Nécessité, ignorance, résignation, les citoyens vivent leur vie sans penser à la mort.

La Rédaction

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