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Entre enlèvements, affrontements armés et lynchages, Haïti vient de vivre une semaine des plus douloureuses

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Malgré les différentes sanctions prononcées, les nombreux efforts de la Police Nationale d’Haïti ou le silence du Gouvernement, l’insécurité a lourdement frappé au cours de cette dernière semaine. Au bilan, des dizaines de morts au sein de la population civile, et des groupes armés qui se réveillent.

Tandis que le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) tente de teinter la conjoncture d’un semblant de normalité en estimant à 17,61% le nombre d’institutions scolaires ayant fonctionné au niveau du département des Nippes pour cette semaine du 7 novembre, le pays  a été à feu et à sang. La menace armée est de plus en plus à craindre. Dans un tweet du 9 novembre, le Bureau des Affaires Consulaires du Département d’État américain (@TravelGov sur Twitter), a placé Haïti sur une liste de 20 pays à éviter pour ses ressortissants, aux côtés de l’Ukraine. Tandis que le pays s’apprête à vivre, le 14 novembre 2022, les funérailles de l’ex-candidat à la Présidence Éric Jean-Baptiste tombé sous les balles assassines, ce ne sont pas moins d’une trentaine de morts qui ont été provoquées par les bandes armées.

Des morts par dizaines

Certains groupes armés se sont réveillés dans le Grand Nord. Dans la région du Bas-Artibonite, des affrontements entre deux gangs rivaux ont provoqué la mort d’environ 17 personnes. Des dizaines de maisons ont été incendiées au cours des journées du 9 et du 10 novembre, selon les médias locaux, des estimations qui peuvent être revues à la hausse. Par ailleurs, la veille, dans la commune de Léogane au sud de la capitale, un cambiste, Maxo Elisma, a trouvé la mort suite à une attaque à main armée alors qu’il circulait à bord d’une motocyclette.

Plus tard, l’entrée sud de la capitale allait être le théâtre de gigantesques affrontements entre la PNH et des gangs dans la localité de Savanne Pistache, où des individus armés ont investi les locaux du sous-commissariat de Carrefour-Feuilles, et les policiers ont peiné à avoir le dessus. Selon les informations de l’institution policière, un bandit a été mortellement blessé sous les balles policières, et un fusil d’assaut en sa possession a été confisqué. De même, un autre truand a trouvé la mort, lynché par des éléments de la population civile. Autre bilan, deux blessés sont à recenser du côté de la police, et un véhicule blindé endommagé, selon le porte-parole Gary Desrosiers. Toujours au cours de ces événements sanglants à Savane Pistache, les affrontements entre gangs rivaux ont également provoqué la mort de Kathiana Pierre, une jeune mère âgée de 30 ans, brulée vive lors d’un incendie provoqué par les gangs, selon les témoignages de sa mère témoignant des faits à la Radio Caraïbes FM.

La ville de Cabaret sous la menace

L’extension des gangs  semble ne pas vouloir observer de pause. La Commune de Cabaret, à quelques kilomètres au Nord de Port-au-Prince, est sous la menace des agissements des groupes armés, et la population crie à l’aide. « Depuis plus d’un mois, on vit dans la terreur à Cabaret. Après l’installation d’un chef de gang à Titanyen, non loin de Lafiteau, dans la nuit du vendredi 7 octobre dernier, les bandits imposent leur loi », les propos d’un citoyen résidant dans la zone sous couvert de l’anonymat dans les colonnes du quotidien Le Nouvelliste. « Depuis l’attaque des gangs, pratiquement rien ne fonctionne à Cabaret. La mairie, des entreprises privées ont fermé  à cause non seulement du climat de terreur qui s’installe dans la zone, mais également avec la persistance de la rareté de carburant », a-t-il ajouté. Une ville côtière il y a quelques mois réputée pour son hospitalité et ses potentialités touristiques, est aujourd’hui sous la menace armée, avec une population terrorisée.

Une situation qui va de mal en pis

L’actualité autour de l’insécurité dans le pays ne connaît pas de pause et des victimes sont à déplorer quotidiennement parmi la population. L’annonce de sanctions par des éléments de la communauté internationale ne semble pas mettre en veilleuse le trafic d’armes et de munitions dans le pays. Le mardi 8 novembre, les gardes frontaliers dominicains ont procédé à l’arrestation d’Yvanosky Joachim, épouse du Vice-délégué de Belladère, dans un véhicule chargé de munitions en direction d’Haïti, selon le journal dominicain Diario Libre. Ce véhicule transportait 22,160 cartouches.

Les actes d’enlèvements et de séquestrations contre rançons se poursuivent quant à eux dans la capitale. Patrick Zreik, propriétaires de Azteca distribution et une autre personne, ont été enlevés ce mardi 8 novembre 2022 dans la commune de Delmas 48 par des individus lourdement armés. Les sanctions ne semblent pas encore porter leurs fruits, mais les États-Unis n’en démordent pas, et offrent près de trois millions de dollars pour la capture de trois chefs de gangs impliqués dans l’enlèvement de leurs ressortissants en automne 2021, inculpés depuis les États-Unis. « Les chefs accusation descellés aujourd’hui nous rappellent la capacité du FBI à atteindre les acteurs criminels à l’étranger lorsque des crimes sont commis à l’encontre de citoyens américains », les déclarations du Directeur du FBI Christopher Wray, rapportées par le site officiel de leur ambassade en Haïti. La conjoncture actuelle semble résister à toutes les approches essayées jusqu’à présent, et la population, grande victime, continue de réclamer sécurité et justice.

Clovesky André-Gérald PIERRE

cloveskypierre1@gmail.com

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