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La crise environnementale en Haïti : l’autre catastrophe !

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Haïti connaît depuis quelque temps des épisodes de crises à n’en plus finir. Entre les crises politiques, socio-économiques, sanitaires et environnementales, le pays se retrouve cerné de toutes parts. Les immondices empilés partout sous le regard de tous, les égouts bouchés, la coupe effrénée des arbres  qui devient très fréquente sont la preuve que Haïti se trouve sur une mauvaise pente et  non à l’abri d’inondations.

Il est difficile de circuler dans la capitale sans tomber sur des piles d’immondices qui jonchent les rues. Les ordures ménagères puantes, les déchets des entreprises et les résidus de polystyrène jouent un rôle majeur dans la pollution du territoire. La saine gestion des ordures organiques et inorganiques est un sujet qui revient souvent sur la table lors de diverses discussions. Toutefois, ce sujet reste à l’état discursif car aucune action concrète n’a été faite, jusqu’à présent, pour éradiquer le problème ou encore essayer de mettre en place une structure spécialisée dans le recyclage des déchets en Haïti.

Malgré les nombreuses contributions de plusieurs organisations humanitaires dans le domaine du recyclage en Haïti, cela ne suffit pas. Les ménages et les entreprises produisent quotidiennement des quantités importantes de déchets organiques et inorganiques tous les jours. Par faute de structures adéquates, les consommateurs finaux ne pouvant guère cohabiter avec les déchets qu’ils produisent trouvent un moyen, quoique pas très approprié, pour se débarrasser de ces derniers. Par conséquent, ils utilisent les moyens les plus simples qui ont des conséquences pour la société. Fort souvent, ils jettent leurs déchets quelque part sur les trottoirs, dans les ravines ou les canaux d’irrigation.

Ces actions ne sont pas sans conséquences sur la circulation routière quotidienne. En effet, les immondices ont tendance à s’étaler sur les trottoirs, jusqu’à bloquer une bonne partie de la rue en compromettant la circulation des piétons et des voitures. Ce phénomène est d’autant plus observable dans les marchés publics où les marchands et tous ceux qui entreprennent d’autres activités consomment et jettent les produits de consommation dans la rue. D’autant plus qu’aucune action durable  n’est entreprise par les autorités concernées pour essayer de mettre en place des mécanismes de gestion des ordures dans les marchés publics.

Les immondices sont aussi présents en grande quantité dans les ravines et les égouts. En effet, avec l’exode rural et les constructions anarchiques réalisées sans le contrôle des autorités municipales, dans les flancs des montagnes ou tout près des ravines, il est courant de constater à quel point ces dernières regorgent de déchets ménagers et sont transformées en  dépôt d’ordures. Les égouts, quant à eux, dont la fonction première est de permettre l’évacuation souterraine de l’eau provenant de la surface (eau de pluie ou autre), sont bouchés par des tonnes de déchets. Ces immondices bloquent l’évacuation de l’eau et par conséquent lors de la tombée de la pluie provoquent des inondations.

La crise environnementale  que connaît Haïti n’est pas une chose qui doit être prise à la légère. D’ailleurs, durant cette année 2022, le pays compte déjà une dizaine d’inondations. À cause des difficultés de l’évacuation de l’eau de pluie dans les canalisations souterraines, l’eau reste à la surface, envahit les maisons, transporte et détruit les biens et les vies.  En février 2022, les départements de Nippes, du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest ont été inondés, suite à des précipitations. Plusieurs communes ont été endommagées. Et récemment, à la fin du mois d’août 2022, dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite, suite à des pluies diluviennes, plusieurs communes ont été endommagées et plusieurs dégâts enregistrés.

En dehors des inondations fréquentes, un autre phénomène est remarqué. Il fait de plus en plus chaud. Le réchauffement climatique est certes un phénomène mondial. Cependant, en Haïti, les étés sont de plus en plus chauds, à mesure que les années passent. La température ambiante est particulièrement élevée et crée des précipitations beaucoup plus souvent et cause parallèlement d’autres dégâts. Les comportements des Haïtiens au quotidien sont à la base de ces changements perturbants pour l’écosystème. La mauvaise gestion des ordures qui se déversent directement dans les ravines, les rivières et les mers, l’émission des gaz à effet de serre par les voitures, les industries et les pneus enflammés lors des manifestations, ne sont guère des actes sans conséquences, sans oublier la coupe effrénée des arbres!

Très souvent, les autorités se concentrent sur la résolution des crises politiques, socio-économiques, sécuritaires et négligent la crise environnementale en Haïti. Pourtant, autant que les autres crises, la crise environnementale cause d’importants dégâts. Beaucoup de gens, meurent, sont blessés en raison de la mauvaise gestion de l’environnement. Les constructions des maisons et des routes et la gestion des déchets ne sont pas contrôlées par les autorités municipales. Alors, si l’espace territorial est négligé, comment prévenir les catastrophes? Haïti est en proie à diverses crises qui menacent de causer sa perte, toutefois si les autorités continuent de fermer les yeux sur la crise environnementale, le pays fonce la tête la première vers la catastrophe! 

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

pleyla78@gmail.com

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