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La présente pénurie de carburant en Haïti traduit la faiblesse de l’État selon le syndicaliste Sonson Dumé

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People push a tap tap public transport van that ran out of fuel in front of a closed gas station in Port-au-Prince, Haiti, on October 29, 2021. Already burdened by months of political chaos and natural disaster, Haitians this week have faced new nightmarish conditions as unchecked gangs choked fuel access, cutting off power and water supplies in the process. (Photo by Ricardo ARDUENGO / AFP)

Le pays, pour une énième fois,  fait face à une pénurie de carburant. Les prix du transport en commun ne cessent d’augmenter  et impactent sur les prix des produits de première nécessité. Intervenu à ce sujet au journal Le Quotidien News en date du 13 avril 2023, le coordonnateur de la Brigade syndicale anti-corruption (BSAC), Sonson Dumé, pointe du doigt la faiblesse de l’État comme l’une des causes de cette pénurie.

La crise du carburant constatée sur le marché haïtien était prévisible en raison du fait que les autorités de l’État sont incapables de prendre des décisions pour résoudre de manière définitive le problème, estime Sonson Dumé. « Une rencontre a eu lieu au Ministère des Finances entre les autorités de l’État et les compagnies qui importent les produits pétroliers. Lors de la réunion, les compagnies pétrolières ont fait savoir qu’elles ne peuvent pas continuer d’importer du carburant parce qu’elles n’ont pas assez de dollars pour passer des commandes », explique le coordonnateur général de la Brigade syndicale anti-corruption (BSAC).

« Les représentants des compagnies pétrolières sont d’avis que l’État haïtien doit  revoir à la hausse le prix des produits pétroliers, notamment celui de la gazoline dans les stations-essence », a-t-il ajouté. Selon ses dires, les représentants des compagnies pétrolières estiment qu’il y a des ‘’manques à gagner ‘’ pour la gazoline, compte tenu à la fois de la rareté du dollar et du prix auquel elle se vend dans les stations-service. « Ils ont dit qu’ils font des pertes. Et par conséquent, ils risquent d’être dans l’incapacité d’alimenter le pays », déclare M. Dumé.

Si le pays se retrouve dans cette situation difficile, c’est parce que les autorités de l’État sont irresponsables et ne se soucient guère des difficultés auxquelles la population haïtienne est confrontée. « L’État haïtien n’aurait pas dû laisser aux gens du secteur privé importer le carburant dans le pays puisque c’est un produit stratégique. Face à cela, il revient aux autorités étatiques de reprendre le contrôle du carburant sur le marché local afin qu’il soit disponible pour la population  », estime le syndicaliste.

Mis à part le problème du manque de dollars en circulation pouvant expliquer la pénurie d’essence sur le marché local, Sonson Dumé estime que ceux qui importent les produits pétroliers dans le pays font parfois preuve de mauvaise foi. « Ils ont l’habitude de stocker les produits pétroliers dans des stockages illicites afin de pouvoir les vendre sur le marché informel afin de faire beaucoup plus de profit », explique le coordonnateur de la BSAC, soulignant par ailleurs que le problème de rareté évoqué est un prétexte utilisé par les compagnies pétrolières. « Elles sont celles qui stockent le dollar dans le pays. Et ceux et celles qui contrôlent la BRH, c’est encore eux et il en va de même pour le pouvoir politique », dit-il.

Comment faire face à cette situation ?

La décision que l’État doit prendre serait de s’assurer à nouveau du monopole du carburant, selon Sonson Dumé. « Il faut par ailleurs faire en sorte de stabiliser le dollar. Et ensuite, il faut augmenter les capacités de stockage dans le Grand Nord et le Grand Sud pour la population de ces régions », souhaite-t-il. Avant de les augmenter, il faut évidemment se demander si ces deux grands pôles du pays disposent déjà  d’un terminal pétrolier à l’instar de Varreux?

Il convient de souligner que, pour la journée du 14 avril 2023, il y a eu un déchargement de 8,500 gallons de diesel, 3,000 gallons de kérosène et 538,472 gallons de gasoline au centre de stockage pétrolier de WINECO,  selon des  informations fournies par le terminal Varreux sur son compte twitter le jour même. D’après le terminal, un « total de 68 camions-citernes ont été chargés ».

Les promesses d’Ariel Henry refont surface

La rareté du carburant tend à se banaliser ces derniers mois. Les produits pétroliers sont beaucoup plus accessibles sur le marché informel que dans les stations-essence. L’État perd tout contrôle. Toutefois, du côté de la population, on pensait que le premier Ministre Ariel Henry avait déjà résolu ce problème, comme il l’avait promis lors de  son adresse à la Nation dans la soirée du 20 juillet 2022.

Le discours du Chef de la Primature avait mis l’accent sur « les fluctuations à la hausse sur le marché » pour demander à la population d’accepter l’ajustement du prix des produits pétroliers à l’époque. « Avec les fluctuations mondiales à la hausse sur le marché mondial, c’est un effort que nous allons encore demander progressivement au peuple […] C’est à cette condition que nous pourrons importer le carburant et le rendre disponible en permanence », avait-il déclaré. Plusieurs mois après, le même  problème persiste. Y aura-t-il de nouvelles promesses ?

Jackson Junior RINVIL

rjacksonjunior@yahoo.fr

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