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La prise d’assaut du Palais de Justice de Port-au-Prince affecte économiquement les jeunes avocats

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L’espace où est logé le Palais de Justice de Port-au-Prince a été pris d’assaut par des gangs armés au moment où les autorités judiciaires étaient en train d’auditionner certains prévenus en date du vendredi 10 juin 2022. En plus des répercussions sur les justiciables, cette attaque a aussi des conséquences économiques sur les jeunes avocats qui ont l’habitude de fréquenter ce Palais. Le  journal Le Quotidien News a recueilli particulièrement  les propos de deux avocats.

Le système judiciaire du pays est en pleine dégénérescence. Le Palais de Justice de Port-au-Prince ne cesse de subir des affronts. Les locaux où est logé le Palais de Justice de Port-au-Prince, comprenant, entre autres, les bureaux de certaines personnalités importantes dans l’appareil judiciaire haïtien comme le bureau du Commissaire du Gouvernement et aussi les bureaux de cinq juges d’instruction, sont sous l’emprise des bandes armées depuis environ un mois. Et cet état de fait a des conséquences économiques particulièrement  sur la vie de certains jeunes avocats.

« Du point de vue économique, il y a un ensemble de jeunes avocats stagiaires et avocats militants travaillant dans des cabinets d’avocats qui sont affectés par ce qui s’est passé au Palais de Justice de Port-au-Prince. Ces avocats vivent comme des commerçants, c’est-à-dire au jour le jour par rapport au fait qu’ils sont obligés de se rendre au Parquet pour trouver un dossier leur permettant d’avoir un minimum de moyens pour pouvoir fonctionner car ils ne sont pas encore des avocats de renom », explique le Directeur Exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains (ORDEDH), Me Darbenzky Michaelange Gilbert qui souligne, par ailleurs, que la réalité est totalement différente pour les avocats ayant déjà un certain renommée sur le terrain.

« Les avocats de renom ne sont pas vraiment affectés par cela car ils ont signé des contrats avec des clients ou des entreprises fixant ce qu’ils doivent faire comme travail même si le Parquet ne fonctionne pas et par conséquent peu importe la situation dans laquelle se trouve le pays, ils reçoivent toujours leur salaire mensuel », a fait savoir l’homme de loi.

Selon Me James Deralus, membre du Collectif Défenseur Plus, les avocats vivaient une situation économique difficile depuis bien avant l’emprise l’occupation du bâtiment du Palais de Justice par les hommes armés. « Les jeunes avocats faisaient face à une situation économique difficile depuis bien avant. Cependant, l’attaque armée contre le Palais de Justice les a mis à genoux d’un point de vue économique», dit-il. Me Deralus a par ailleurs souligné que si jusqu’à présent les bandes armées occupent les locaux du Palais de Justice de Port-au-Prince, c’est parce que soit l’État est impuissant, soit il conserve sa force pour mieux rebondir dans l’objectif de résoudre définitivement ce problème.

Alors que, pour Me Gilbert, si l’État, jusqu’à date, ne réagit pas encore à ce qui s’est passé au Bicentenaire, c’est à cause, en autres, d’une affaire de délocalisation du Palais de Justice de Port-au-Prince. « En ce qui concerne la délocalisation du Palais de Justice, il y a des gens qui ont des intérêts dans cette affaire car ils sont ceux qui sont chargés de trouver un autre local pour le Palais de Justice et de le proposer à l’État haïtien. Face à cette situation, si les choses restent en l’état, ces gens vont proposer le plus rapidement un local à l’État haïtien. Et par conséquent, en attendant que cela arrive, d’autant plus qu’il s’agit d’une question de contrat, la plus grande juridiction du pays se retrouve sans tribunal pour l’instant »,indique-t-il.

Le directeur exécutif de l’Ordre des Défenseurs des Droits Humains rappelle que les bandes armées avaient annoncé qu’elles allaient prendre d’assaut le Palais de Justice de Port-au-Prince depuis bien longtemps sauf que les autorités de l’État n’avaient pas réagi. « Depuis un certain temps, les gangs armés opérant à Village de Dieu avaient mis des notes vocales en circulation à travers lesquelles ils annonçaient qu’ils allaient prendre le Palais de Justice de Port-au-Prince en otage. Face à cela, on avait constaté que le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique n’avait rien entrepris pour protéger le bâtiment, qu’il s’agisse du Commissaire du Gouvernement, des substituts et des juges d’instruction. Au contraire, il faisait preuve de légèreté », a-t-il noté.

Signalons, dans une correspondance  adressée au Premier Ministre Ariel Henry, président du Conseil Supérieur de la Police nationale (CSPN) en date du 27 juin 2022,  le bureau du Sénat de la République avait indiqué que « les locaux du Parlement font l’objet de menaces par les bandits qui réclament une rançon ». De cette correspondance, le Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, Me Bertho Dorcé, le Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, Listz Quitel, le Directeur Général et l’Inspecteur Général de la PNH, Frantz Elbé et Fritz St Fort  ont reçu une copie conforme. Le bureau du Sénat a demandé  de « mettre un dispositif de sécurité aux abords du Parlement pour faire face à toute éventualité ».

Jackson Junior Rinvil 

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