L’Acul-du-Nord, sur les traces de l’histoire haïtienne!
4 min readLe Nord d’Haïti est réputé pour être le bastion de l’histoire du pays. Les révoltes et la guerre de l’indépendance y sont inscrites dans chaque monument, chaque sculpture et dans le mode de vie des habitants. À l’Acul-du-Nord, les traces du passé se remarquent dans la fierté des Aculois. Entre les vestiges des forts et l’odeur du cacao, cette ville paisible invite à la découverte.
La commune de l’Acul-du-Nord est située à deux kilomètres au sud de la baie de l’Acul ainsi qu’à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de la ville du Cap-Haïtien. Pour une superficie de 186 kilomètres carrés, elle comprend 6 sections communales qui sont : « Camp-Louise, Bas de l’Acul, Mornet, Grande Ravine, Coupe à David et la Soufrière ». L’économie locale repose principalement sur la culture du cacao. L’Acul-du-Nord est la troisième ville productrice de cacao dans le Nord. Des compagnies étrangères achètent le cacao fermenté des mains des paysans. On y cultive aussi du café, du riz dans les plaines et des fruits. Des ruches sont aménagées par des apiculteurs pour la récolte du miel. La ville a un climat frais surtout à cause de sa position en bordure de mer et aussi des plaines assez fertiles. La pêche est aussi pratiquée et la ville dispose d’un port dédié à cette activité.
Jadis, la commune de l’Acul du Nord s’appelait « Camp-Louise » qui découle de l’espagnol «Acón de Luysa ». En effet ce nom a été utilisé pour indiquer le port où vivait une dame s’appelant Louise. L’ex-président Jean-Louis Pierrot et Mercier Du Paty (trésorier de France, membre de l’Académie de La Rochelle) sont, entre autres, certaines personnalités de marque qui ont vu le jour dans la commune de l’Acul du Nord. La paroisse de Camp Louise a été fondée en 1699 par le gouverneur de Saint-Domingue, Joseph d’Honon de Gallifet. En 1730, elle prend le nom de l’Acul. Le site de lakou Campêche, point de rencontres lors de la bataille de Vertières, occupé à l’époque par une vieille grand-mère nommée Dede Magrit, existe encore.
À Dupaty, non loin de l’endroit qu’occupait le fort de la Nativité, premier établissement militaire de l’île de Saint-Domingue, la paroisse Notre-Dame de la Nativité fête sa sainte patronne entre le 7 et 8 septembre. « De somptueuses festivités sont réalisées en l’honneur de la patronne de la ville. Entre les diasporas et les résidents locaux, on ne saurait identifier les natifs de la zone. La fête n’en finit pas lorsque le numéro gagnant au loto est celui de Notre-Dame», rapporte Roudy Joseph, un Aculois de sang.
L’Acul-du-Nord est une ville sécurisée. On y trouve un seul commisariat et 12 policiers pour les six sections communales. Elle connaît actuellement un exode perturbant. Ce qui pourrait nuire à sa tranquillité plus tard. Elle comprend le lycée Louis Pierrot et plusieurs autres écoles nationales. La ville est construite sur de grandes habitations. Il y a plus d’une décennie, une ancienne prison et un fort souterrain ont été découverts au milieu d’une grande habitation de cacao. Des études ont été entamées puis abandonnées. Il est quasiment impossible de connaître l’histoire de ce fort situé sur une propriété privée.
Pierre, un des jeunes étudiants ayant découvert le fort, rapporte: « C’est en jouant au milieu des arbres que nous avons senti l’espace vide sous nos pieds. On a fouillé et un mur est apparu. L’ancienne prison était en plein air. Après avoir creusé, on a découvert une bonne partie du fort. C’est comme une galerie et un couloir menant dans des chambres. C’est aux instances concernées d’achever la tâche».
En 2013, un projet de construction d’un débarcadère et d’infrastructures touristiques a été lancé. Cela aurait permis de mieux recevoir les croisiéristes curieux de s’aventurer dans les rues pavées de la ville. Cependant, selon des riverains, les travaux ont été brusquement arrêtés et l’espace a été converti en boîte de nuit. Un championnat estival baptisé « Ballon de l’amitié » a lieu tous les ans sur le terrain en terre battue de la ville.
La ville de l’Acul-du-Nord connaît une forme de développement progressiste grâce au cacao qu’elle exporte. L’exode qu’elle connaît pourrait certainement nuire à cette production. Les habitants, trop hospitaliers, ne peuvent arrêter cette migration brusque. Pendant que certains se ruent vers le Parc Industriel de Caracol, d’autres continuent de travailler la terre. L’exode n’a jamais profité à la ville qui le subit.
Geneviève Fleury