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Lancement de la saison cyclonique ce 1er juin  sur fond de crise et de vulnérabilité 

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Ce 1er Juin marque officiellement le début de la saison cyclonique. Au rendez-vous, les événements météorologiques extrêmes seront beaucoup plus violents que d’habitude et en plus grand nombre d’après les prévisions. Cependant, à part les grandes conférences gouvernementales, peu d’efforts ont été consentis pour éviter à la population de nouvelles catastrophes dans les villes comme dans les sections communales.

L’équipe de recherche sur la météo tropicale et climatique de l’Université de Chicago avait estimé, dans un rapport publié en Avril dernier, qu’en comparaison à la période de référence 1991-2022, la saison 2022 présente des indicateurs qui révèlent une hausse des activités cycloniques. Près d’une vingtaine de tempêtes sont prévues pour cette saison, et parmi elles neuf ouragans majeurs. Ces événements risquent d’avoir de sérieux impacts sur le pays qui est très montagneux, densément peuplé et limité en ressources.

Pour Mapou, une section Communale du Département du Sud-Est, les fortes activités météorologiques sont synonymes de catastrophes. Elles riment avec souvent avec des pertes en vie  humaine. Dans la nuit du 23 au 24 mai 2004, de fortes averses ont fini par inonder plusieurs zones de cette section communale, et ont été la cause de 1 232 morts, 1 443 disparus et 31 130 personnes sinistrées, sans compter les pertes matérielles et en tête de bétail. 18 ans après ce désastre, cette section communale garde encore la mémoire de son deuil, mais aussi le souvenir d’autres catastrophes plus récentes à chaque grand événement climatique.

Une géomorphologie complice

Ce n’est pas un hasard si la septième section communale de Belle-Anse est constamment sous les eaux après les grandes averses. Selon Schneider L. Ricard ANTOINE, coordonnateur de la Nouvelle Orientation pour l’Émergence Agricole et Environnementale (NOEAE) et survivant in extremis de la catastrophe de 2004, ses conditions géomorphologiques en sont pour beaucoup. « Mapou représente un bassin versant très complexe, dit-il. L’eau déverse dans un exutoire que constituent les conditions géomorphologiques de la zone. Avec un réseau hydrographique complexe, la ville est constamment sous la menace des inondations, surtout lors des périodes pluvieuses ».

« Le sol est aussi très perméable, dit-il. L’eau s’infiltre rapidement après la pluie, et même après les inondations. C’est pour cette raison qu’avant la catastrophe de 2004, ce qui constitue aujourd’hui la plaine de Mapou où les agriculteurs cultivent leurs champs était restée une zone résidentielle. La population locale s’y est toujours retournée après les inondations. Mais ce soir du 23 mai 2004, la situation a dégénéré, les victimes se comptaient par centaines, et cette zone n’est plus habitable aujourd’hui ».

« Les causes de ces catastrophes qui frappe cette section communale et bien d’autres encore dans le pays sont aussi anthropiques. Le déboisement abusif contribue à rendre la zone vulnérable. L’érosion draine les terres arables depuis les mornes et augmente le niveau de la plaine et modifie les couches du sol », explique celui qui est certifié en agroécologie, en changements climatiques et aires protégés, mais qui est aussi étudiant finissant en Sciences agronomiques. Pour lui, l’inondation est inévitable pour cette saison cyclonique qui débute le 1er juin, mais il est encore possible de réduire les risques de dégâts.

La prévention est au point mort

Les institutions haïtiennes essayent tant bien que mal de jouer leur rôle dans cette conjoncture, mais la crise que connait aujourd’hui le pays limite au maximum leurs actions. Cependant, le danger ne risque pas d’être compréhensif, et les institutions sont à bout de force. « L’un des services responsable de la prévention des risques et désastres au niveau des sections communales est la Direction de la Protection Civile. Dans chaque collectivité territoriale, la structure de la protection civile devrait avoir 25 membres. Cependant, tel n’est pas le cas dans la section communale. Il est rare d’y trouver plus de deux ou trois membres actifs, et au niveau des collectivités du Département de Sud-Est, les rares membres actifs ne se livrent pas à des campagnes de sensibilisation et de prévention des risques », affirme Schneider L. Ricard ANTOINE.

« Si les structures de la Protection Civile étaient renforcées, l’institution pourrait alors animer des forums et des ateliers dans les milieux ruraux afin de former la population sur la gestion des risques et des désastres. La population doit savoir comment gérer son environnement afin d’assurer sa sécurité. Quant aux bureaux du Ministère de l’Environnement, ils sont quasi inexistants dans les sections communales, et cela fait défaut », dit-il.

Toutefois, il appelle toute la population et les institutions du pays à prendre leçons du passé en créant les conditions nécessaires pour limiter les impacts des événements climatiques à venir. « L’événement climatique est une menace, dit-il, et la population est vulnérable, ce qui constitue un risque. Sans préparation face à ce risque, après l’événement, nous ferons certainement face à une catastrophe, et ce ne sera même pas une tragédie vue que c’est un scenario qui se rejoue quasiment chaque année dans le pays ».

Clovesky André-Gérald Pierre

cloveskypierre1@cloveskypierre

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