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Il faut d’abord nous accepter!

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La question de la démocratie est au centre des discussions au Sommet des Amériques. Plus d’un surveille à la loupe l’issue de ce grand rassemblement et son éventuel impact positif sur Haïti. Dans l’intervalle, le représentant haïtien, le Premier Ministre Ariel Henry en a profité pour discuter avec certaines personnalités de ce monde, dont le Secrétaire Général de l’Organisation des États Américains (OEA) et le Président dominicain, Luis Abinader.

Les réunions internationales n’en manquent pas. Durant ces derniers mois, la question d’Haïti a figuré souvent à l’ordre du jour de ces réunions. Pourtant, la crise ne fait qu’empirer et les aides promises, si l’on croit, le Chef de la Primature, peinent à arriver. Parlant d’aide, le Premier Ministre conditionne le rétablissement de la sécurité en Haïti à l’assistance promise par certains pays étrangers à la Police Nationale d’Haïti (PNH), sous peine de voir l’hégémonie des gangs s’accroître.

Outre l’aspect sécuritaire, les acteurs sont tous dans l’attente d’une décision imposée par l’étranger. Ils font passer le temps sans rechercher la moindre solution. Toutes les initiatives prises à cet effet sont mortes-nées. Indirectement, elles ont porteuses d’un discours qui sous-entend que la crise dépasse les Haïtiens. Les acteurs disent préconiser une solution à l’haïtienne sans le vouloir vraiment, pensant que l’étranger a la solution dans son sac.

Tous les indicateurs montrent qu’Haïti n’est pas, pour le moment, une préoccupation pour les pays de la région, malgré le flux de migrants clandestins que ces derniers enregistrent au quotidien. Ils s’arrangent pour intercepter les illégaux et les refouler chez eux. On se rappelle de la tragédie  qui a eu lieu au Texas et on revit aujourd’hui cette situation avec la République Dominicaine. Partout, nous sommes mal venus. Chez nous, nous n’avons pas droit de vivre. Comment faire ?

On dirait qu’Haïti a sa propre conception de la démocratie. Parmi les trois pouvoirs, deux n’existent que de nom. La justice et les lois sont mises en veilleuse. Le banditisme conditionne tout. Et, c’est dans ce contexte-là que le Gouvernement veut réaliser les élections.

Ce que le pays est en train de vivre n’est pas une situation spontanée, rassurez-vous. Le discours politique faisant croire que la PNH est incapable de faire face aux bandits est tout aussi questionnable. De même que cette tendance populaire laissant croire qu’on a touché le fond sans possibilité (avec nos propres moyens) de rebondir. Le banditisme s’est développé. Les gangs se sont  fédérés. Même de nos jours ils continuent d’être  protégés. Ils circulent dans des véhicules immatriculés « Service de l’État », ils ont des uniformes de la PNH en quantité. L’enquête concernant le défunt chef de gang de Village de Dieu, Anel Joseph, n’a pas permis à l’État haïtien de pouvoir avancer sur la question. Que faire ? Doit-on accepter que la police n’ait pas réellement les moyens ou faut-il croire qu’il n’y a pas de volonté politique pour  résoudre le problème ? Doit-on penser que seule la communauté internationale peut trouver et imposer la solution ?

Si les Gouvernements de Michel Joseph Martelly et de Jovenel Moïse n’ont pas combattu ce phénomène qui atteint son paroxysme aujourd’hui  sous le règne d’Ariel Henry, c’est que le gangstérisme ne leur pose aucun problème. En absence de  forces étrangères sur le sol, le banditisme apporte peut-être plus detranquillité aux gouvernants. Quoi qu’on dise ou qu’on pense, le nœud du problème, c’est que nous n’arrivons pas à nous accepter, à prendre le recul nécessaire et à faire notre examen de conscience. Plus de deux siècles après l’indépendance, nous continuons à nous livrer au marronnage (consistant à fuir notre propre conscience et la raison) et à cultiver la logique esclavagiste nous laissant penser que nous ne pouvons rien faire sans le Blanc.

 Sur le chemin d’une prise de conscience collective, nous vous rappelons ces phrases  d’Hubert Deronceray, aujourd’hui disparu : « Les chances de survie de tout peuple sont dans la qualité de ses élites. Dans celle de ses musiciens, de ses professeurs, de ses universitaires. Si la qualité se noie dans la médiocrité, il y a de fortes chances que dans moins d’un demi-siècle on ne reconnaitra plus Haïti. Et ce sera dommage pour une si grande nation, un si grand peuple ».

Daniel SÉVÈRE

danielsevere1984@gmail.com

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