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L’approche de la saison de Noël entre insécurité et crises plurielles

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La saison de Noël approche à grand pas. Ordinairement, c’est la période la plus joyeuse de l’année. En Haïti, la Noël est symbole de la gaieté et des couleurs vives. En cette période, les activités débordent les calendriers et  la population peut traîner à toute heure dans les rues, sans craindre le moindre incident.

Les décorations et les chants traditionnels propres à cette festivité s’immiscent avec charme dans nos salons. Cependant, depuis quelques années, les crises permanentes et insoutenables qui rongent le pays affectent grandement cette période de bonheur et de partage. Cette année encore, la Noël approche dans un contexte encore plus difficile que les années précédentes. Avec la mort du Président de la République en juillet dernier, la rareté du carburant qui persiste et l’insécurité qui  s’installe confortablement dans notre quotidien, la Noël ne s’annonce pas d’une manière très joyeuse!

Durant ces trois dernières années, la population haïtienne, confrontée à une crise multiforme, se trouve livrée à elle-même. Perdue entre les problèmes sociaux, politiques, économiques et sanitaires, elle plonge de plus en plus dans le gouffre de la misère. Sans issue et sans personne vers qui tourner le regard, la jeune nation se retrouve dans un labyrinthe sur son propre territoire. Voilà plus de trois ans, que cette crise, toujours à l’allure conjoncturelle, handicape les festivités de fin d’année. D’un côté, avec les séances interminables de ‘’pays lock’’, en 2018, qui ont grandement affecté l’économie du pays et de l’autre, la crise sanitaire  à laquelle fait face le monde entier depuis environ deux ans. Ces phénomènes ont constitué des obstacles majeurs dans la réalisation des fêtes de fin d’année.

Cependant, ils n’ont pas été les seuls à paralyser les activités de fin d’année. Depuis 2019, un autre phénomène a pris place dans le quotidien des Haïtiens, celui du kidnapping. Déjà deux ans que la population tombe quotidiennement sous l’assaut des gangs armés qui font la pluie et le beau temps. Beaucoup de citoyens ont perdu leur vie, beaucoup de massacres ont été perpétrés; des centaines de gens ont été enlevés. Ce phénomène devient de plus en plus incontrôlable. La faiblesse des institutions étatiques et le malaise du gouvernement engendre un désespoir total, lisible sur les visages de la population qui ne sait plus à quels saints se vouer ! Le gouvernement actuel reste les bras croisés et fait le sourd-muet face aux cris désespérés du peuple qui n’imagine sa vie que sous d’autres cieux.

Depuis le début de l’année, la rareté du carburant, est devenue un phénomène « normal ». Mais depuis environ deux mois, cette rareté prend une tournure  particulière. Les bandes armées prennent l’habitude de s’emparer des camions d’essence afin de les empêcher d’approvisionner les stations-services. Obtenir un gallon d’essence est la chose la plus difficile, ces dernières semaines. Les rues sont complètement paralysées, la population ne peut circuler librement à cause du manque de transport ou des prix excessifs de ce dernier, les marchandises ne peuvent pas être transportées et les institutions publiques et privées ne fonctionnent presque plus (du moins pas comme avant). De jour en jour, la situation s’aggrave et on se retrouve de plus en plus proche du chaos.

Généralement, la saison de Noël est l’une des périodes les plus animées de l’année du point de vue économique et culturel. Suite à cette grave pénurie de carburant, à l’insécurité et en raison de cette crise politique, les grandes, moyennes et petites entreprises menacent de fermer leurs portes jusqu’à ce que la crise soit complètement réglée ; ce qui risque d’entraver sérieusement les activités coutumières de fin d’année. Les supermarchés ne fonctionnement presque plus, le prix des services et produits augmentent exagérément tandis que l’anxiété et la peur envahissent la vie de chaque Haïtien. Cette année, la célébration de la Noël dans la joie et la gaieté habituelle ne sera pas évidente. Les coups bas, les vols, les demandes de rançon, les actes de traîtrise entre autres, se substitueront au partage traditionnel. L’insécurité, la gangstérisation, la mort et les pleurs remplaceront la gaieté. Le pays est asphyxié.

À seulement un mois et demi des festivités de Noël, les Haïtiens se posent des questions sur ce que sera l’avenir. Emprisonnés sur leur propre terre, gémissant sous le poids d’une crise sociopolitique et économique sans précédent, incapables de répondre même à leurs besoins primaires, ils se demandent quand tout reviendra à la normale. L’espoir s’évanouit petit à petit.

En cette période de fin d’année, le pays est en soins intensifs. Déjà quatre mois que le Président de la République a été assassiné, et l’État devient de plus en plus inexistant. Chaque bloc son lot de calamités. Le Sud tente de se relever du tremblement de terre, l’Ouest subit le diktat des politiciens rapaces, des hommes d’affaires inconscients ou irresponsables et des gangs assoiffés de sang et de richesse facile. La police est à genoux face aux bandits et n’a plus aucune autorité.

À l’aube de la période de Noël symbolisant le partage et l’espérance, la nation sombre dans le plus profond désespoir, le pays tout entier est à la recherche d’un salut qui tarde à venir.

Leyla Bath-Schéba Pierre Louis

Pleyla78@gmail.com

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