lun. Déc 23rd, 2024

Le Quotidien News

L'actualité en continue

Le rôle des medias haïtiens dans un processus électoral transparent

4 min read

Les élections représentent pour Haïti depuis l’établissement du suffrage universel direct, un défi de taille dans la mise en place du système de gouvernance démocratique tant souhaité. La transparence du processus électoral étant l’un des principes-clé qui fondent la crédibilité de celui-ci, cette dernière devrait être garantie par des institutions elles-mêmes transparentes et démocratiques comme les médias.

Qu’ils soient traditionnels ou numériques, d’information ou de formation, les médias ont donc ce rôle considérable à jouer vis-à-vis du travail de l’institution électorale ainsi que de l’ensemble des acteurs engagés dans le processus. Depuis plus de trente ans que le pays s’est engagé sur une voie dite démocratique, les élections continuent de demeurer  un sujet assez délicat et le processus le plus embarrassant existant dans tout le système politique haïtien. « À une ou deux exceptions près, toutes les élections ayant eu lieu en Haïti depuis l’après-Duvalier furent contestées », confie Godson Lubrun,  communicateur social spécialiste en management des médias et Président de l’Association Haïtienne des Medias Numériques (AHMN). C’est un problème de plus en plus compliqué qui met à chaque fois en doute le processus électoral, et également les institutions, les personnalités publiques et parfois les médias eux-mêmes.

En effet, la politique est sans conteste l’une des thématiques les plus présentes dans le travail des médias en Haïti, souligne le communicateur Lubrun. Ce dernier, précise qu’un professeur du nom de Vario Sérant avait déjà, depuis 2007, alerté sur ce fait dans son essai « Sauver l’information en Haïti ». Néanmoins, ce mariage étroit entre les médias et la politique n’a pas la même efficacité quand il s’agit de garantir la transparence dans les affaires publiques et surtout les élections. « En Haïti, nous avons historiquement des problèmes quant à l’érection d’un État de droit, et les médias justement sont eux aussi en reste de cet avènement d’un État démocratique », reconnaît celui qui est aussi journaliste.

Ainsi, le processus électoral n’est pas surveillé de près par les médias comme dans la plupart des démocraties occidentales. Les « sondages » peinent à refléter des tendances réelles des configurations politiques et ont un déficit de confiance de la part de la population. Par ailleurs, les accusations récurrentes de corruption, de cooptation, de « machann mikwo » que se renvoient mutuellement les acteurs de la presse ne jouent nullement en faveur du secteur. Une presse non-transparente et peu crédible ne saurait garantir la transparence ou la crédibilité des élections pour tout un pays, selon le professeur et Docteur en sciences politiques Daniel Elinet.

Les élections organisées en Haïti depuis le début de cette période dite de transition démocratique, ont toujours fait l’objet d’une observation poussée de la part de l’international. Cependant les contestations électorales, les crises de légitimité et les émeutes populaires n’ont cessé de miner cette confiance dans le processus qui, malheureusement, ne comble jamais les attentes de toute la population. « On a besoin d’une éducation politique de la société, pour que les gens comprennent comment fonctionne la démocratie », estime le professeur. 

À en croire le spécialiste des medias Godson Lubrun, les médias traditionnels comme numériques ont un très grand rôle et une grande responsabilité dans ce domaine. « Ils sont tenus d’éclairer le processus du début jusqu’à la fin, de faire connaître les acteurs et protagonistes à la population, de mettre en lumière les rouages du système, de questionner les personnalités responsables, de confronter entre eux les candidats qui concourent au suffrage du peuple, etc. », explique-il.

Force est de constater que le rôle que devraient jouer les médias en tant que quatrième pouvoir en Haïti demeure vide ou bien encore qu’il est mal comblé par des organismes d’observation électorale internationaux et locaux, et même des Organisations Non-Gouvernementales (ONG). D’une manière ou d’une autre, il faut trouver un moyen de garantir à la population haïtienne un processus électoral à la hauteur de ses attentes. Un immense défi nécessitant l’effort conjugué de beaucoup d’acteurs dans divers secteurs et où la part à jouer des medias est effectivement importante.

Daniel Toussaint

danieldavistouss@gmail.com

Laisser un commentaire