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Les élections en Haïti : la pomme de discorde aux USA

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Environ une trentaine de parlementaires américains  ont écrit au secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, pour exprimer leur préoccupation sur la position américaine dans la crise politique d’Haïti. Ils ont condamné les menaces proférées à l’encontre de l’opposition politique et la société civile, la pression du gouvernement américain poussant l’État haïtien vers un processus antidémocratique. Ils invitent par ailleurs le département d’Etat à s’assurer que la politique étrangère des USA envers cette nation ne légitime pas le comportement antidémocratique.

Plusieurs parlementaires américains (députés et sénateurs) dont Andy Levin, Barbara Lee, Frederica S. Wilson ont adressé une correspondance au secrétaire d’État, Mike Pompéo, le 15 octobre dernier autour de la situation politique en Haïti. Ils l’ont invité à utiliser la voix des USA pour soutenir des élections libres et équitables dans le pays. Des élections qui respectent les normes constitutionnelles.

Dans cette correspondance, ils ont exprimé leur déception à propos de la déclaration d’un officiel américain ayant encouragé la poursuite d’un processus électoral en Haïti malgré le refus des partis politiques et des organisations de la société civile. Les parlementaires précisent aux dignitaires américains que le soutien des USA au retour à l’ordre constitutionnel  en Haïti ne doit pas constituer  en une précipitation du processus électoral qui risque de déstabiliser davantage le système politique du pays.

Les signataires  invitent  aussi M. Pompeo à s’assurer  que la politique étrangère américaine envers Haïti ne légitime pas le comportement antidémocratique.  Car, précisent-ils, les déclarations et les programmes des USA doivent non seulement soutenir un processus électoral qui respecte la constitution haïtienne,  mais aussi la reconnaissance de l’importance de la société civile dans tout processus démocratique.

Les parlementaires, à travers cette correspondance, n’expriment aucune objection à la tenue des élections en Haïti. Pour eux, c’est essentielle.  Mais, ils attirent l’attention de l’ambassadeur sur le statut du régime depuis janvier 2020. « Le président Jovenel Moïse dirige par décret depuis janvier 2020 sans l’adoption d’une loi électorale nécessaire à la tenue des élections législatives » , précisent  les parlementaires. 

Les signataires disent déplorer, en outre, la nomination du nouveau CEP sans un minimal de consensus, et avec une mission anticonstitutionnelle. Ils disent craindre, à cet effet,  que la récente déclaration du haut cadre de l’administration Trump ayant suivi de seulement quelques jours la mort du bâtonnier haïtien, Monferrier Dorval, ait entravé le processus d’un dialogue constructif entre les protagonistes. Les congresman estiment, dans la même lignée,  que Haïti fait face à tellement de défis que la présente conjoncture risque de dérailler le processus démocratique. Ils   soulignent, sur ce,  le pullulement des gangs dans les quartiers à forte dominance des partisans du pouvoir qui utilisent des véhicules blindés, des armes automatiques et de gaz lacrymogènes pour terroriser la population. À ces propos, ils citaient les rapports des organisations des droits humains qui parlent de stratagèmes de l’État pour influencer le processus électoral.

Les parlementaires  rappellent, en fin compte, à M. Pompéo, la demande de plus de 100 membres du congrès pour lui exprimer leur inquiétude par rapport à la montée de l’insécurité en Haïti, les violations des droits humains et les répressions sauvages des manifestants pacifiques contre la corruption. Ils demandent au département d’État de veiller à ce que le processus électoral haïtien tient compte de l’implication de la société civile et que le processus soit inclusif. 

Malheureusement, les récentes actions du gouvernement américain ne prêtent pas le flanc à la satisfaction de cet objectif, écrivent les parlementaires.

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