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Les femmes et l’entreprenariat en Haïti : les problèmes et les pistes de solution

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La Banque de la République d’Haïti (BRH) a organisé récemment  une conférence-débat autour de l’entreprenariat féminin. À travers un panel animé qui a réuni, pendant environ une heure, plusieurs personnalités  du secteur des affaires, les problèmes et les pistes de solution de ce secteur ont été présentés.

« Le mot exclusion n’est pas uniquement un mot féminin, il concerne aussi majoritairement les femmes », tels sont quelques-uns des premiers mots avec lesquels l’ancien Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle,  Nesmy Manigat, a introduit le panel. En effet, consciente des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes dans le monde entrepreneurial, la BRH a ouvert le débat lors de ce panel organisé autour du thème : « L’entreprenariat au féminin, mesurer les contraintes du secteur ». Un thème qui a permis de pointer du doigt les différents cas d’exclusions subies par les femmes dans le secteur.

Selon une représentante du Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) participant en ligne au panel, les femmes haïtiennes jouent un rôle important dans l’économie du pays et sont très impliquées dans le commerce, l’industrie d’assemblage, la production de biens et de services, la transformation agro-alimentaire, l’industrie créative. « Ces femmes laissent leurs lits pour nous apporter à manger dans la capitale », souligne-t-elle. Elle avance aussi que c’est avec cela qu’elles élèvent leurs enfants et gagnent leur vie.

Pourtant, la représentante déclare que, malgré tout  leur talent et leurs compétences, les femmes ont beaucoup de contraintes. L’une de ces causes serait la différence faite entre hommes et femmes en entreprenariat, liée à un stéréotype de genre. « On a souvent tendance à lier l’entreprenariat à une attribution masculine », déplore-t-elle. Elle soulève un autre aspect : les stigmatisations sociales, politiques et économiques subies par les femmes, qui les limiteraient et qui entraîneraient un manque de confiance dans les prises de décision économiques du pays.

De plus, dans certains milieux ruraux, l’éducation des garçons est encore aujourd’hui priorisée par rapport à celle des filles qui restent à la maison pour s’occuper des tâches ménagères. Cette situation entraîne, selon elle, un manque d’éducation qui serait à l’origine d’une exclusion de ces femmes dans le développement du pays. Il y a aussi la difficulté à concilier les tâches domestiques, l’éducation des enfants et le travail. Ce sont là des obstacles à leur épanouissement dans l’entreprenariat.

À cette liste déjà longue viennent s’ajouter le manque d’accès au financement, le manque d’infrastructures, les problèmes conjoncturels du pays et l’insécurité. « Prenons le marché de la Croix des Bossales par exemple, c’est le bastion même de l’économie du pays, c’est là que l’argent se discute. Lorsque la conjoncture est telle qu’elle est aujourd’hui, il est difficile pour les marchandes des provinces d’apporter les marchandises vers la capitale », avance la représentante du ministère. Les pertes sont alors lourdes pour l’économie du pays et pour ces  marchandes qui ne peuvent plus compter sur cet argent pour répondre aux besoins de leurs familles.

L’un des apports du ministère du commerce concerne surtout  l’aspect formalisation des entreprises. « Le ministère ouvre grand ses portes aux femmes voulant formaliser leurs entreprises », déclare la représentante du MCI. Selon elle, les femmes en province peuvent utiliser les directions départementales pour le faire. Le temps aurait aussi été réduit : cela prendrait moins d’une semaine.

Où se situent les femmes rurales dans la question ?

Le ministère de l’agriculture sur ce point s’est beaucoup penché sur la question, selon les  dires de sa représentante. Il aurait déjà travaillé sur plusieurs aspects avec les femmes, particulièrement les femmes rurales. Plusieurs points comme l’aspect éducatif et sensibilisateur auraient été abordés afin de permettre à ces dernières d’occuper la place qui leur convient dans la société et de faire mieux ressentir leur présence et leur importance.

« Afin de les aider à mieux se faire une place, l’État haïtien, principalement le ministère de l’agriculture, les accompagne. Nous insistons pour qu’il y ait des femmes dans les associations de pêcheurs, de planteurs et d’éleveurs », déclare-t-elle. Selon elle, il faudrait montrer beaucoup plus aux femmes rurales le pourcentage qu’elles représentent dans la vie économique du pays.

Ketsia Sara Despeignes

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