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Les méthodes contraceptives : entre méconnaissance, foi et tabou

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Utilisées pour contrôler les naissances et limiter les grossesses non-désirées, les méthodes contraceptives sont de différents types, offrant le choix aux femmes. Toutefois, malgré cette possibilité de choisir, plusieurs gardent quand même leurs distances par manque d’informations, par crainte des effets secondaires et parfois aussi pour des raisons d’éthique religieuse.

Dans une salle d’un hôpital de Port-au-Prince, une femme vient renouveler son planning familial qui consiste en une injection. Tandis que Nadine, l’infirmière, le regard attentif et souriant, prépare la seringue, elle déclare : « C’est ma dernière ». Lorsque l’infirmière lui demande pourquoi, elle lui répond que Dieu ne veut pas. « C’est d’ailleurs pour cela que je suis tombée enceinte l’année dernière, alors même que j’effectuais le planning », continue-t-elle sous les yeux étonnés de l’infirmière qui, visiblement, ne comprend pas en quoi planifier est un péché, surtout lorsqu’il s’agit d’une famille déjà  nombreuse.

Des scénarios comme celui-là surviennent assez souvent. À un moment où la société haïtienne est rongée par des crises de toutes sortes, la planification familiale se dresse comme un moyen pour empêcher l’explosion démographique la et lutter contre la délinquance juvénile occasionnée par le manque de moyens économiques des familles. Pourtant, de nombreuses femmes gardent leurs distances par rapport aux méthodes de contraception.

Plusieurs philosophies négatives  favorisent cette négligence observée : ‘Pitit se byen malere’, ‘Depi l fèt, l apviv’. Toutefois, au-delà d’une simple mauvaise volonté, d’autres raisons se cachent comme celle des croyances religieuses. En effet, les opinions religieuses sur la question de la contraception, sont assez diversifiées. Ce qui n’empêche pas que beaucoup de chrétiens aient une vision négative de la question. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le taux de natalité.

Ajouté à cela, la crainte des effets sur le long terme dissuade plusieurs à pratiquer un certain type de contraception. « Je déteste lorsque l’injection arrête mes règles. L’infirmière dit que c’est normal mais j’ai toujours l’impression que, sur le long terme, je vais finir par tomber malade », confie Lise, une jeune fille dans la vingtaine. Elle n’est pas la seule à avoir ces craintes, certaines femmes allant jusqu’à prendre toutes sortes de médicaments naturels pour éviter d’avoir recours à ce moyen.

Loin de tout ceci, le préservatif n’est pas irréprochable. En effet, en plus de ceux qui y sont allergiques,  il y a ceux qui n’aiment tout simplement pas avoir à utiliser un préservatif. C’est le cas de Ruth qui affirme détester cette méthode sans en pratiquer d’autres, malgré son cycle irrégulier.

Le manque de connaissance et les tabous qui entourent, aujourd’hui encore, la question de sexualité en Haïti, peut aussi constituer un blocage pour une personne animée de la volonté d’utiliser une méthode de contraception. Le malaise qu’il faut vaincre pour demander un préservatif est bien présente chez certaines personnes. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, les méthodes de contraception offrent un vaste champ de choix. Il suffit, de s’informer et de choisir la méthode la plus pertinente et qui convient le mieux.

Ketsia Sara Despeignes

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