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Les réfugiés du Centre Sportif de Carrefour jetés aux oubliettes

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Chassés par les caïds dans la troisième circonscription de Port-au-Prince depuis le 1er juin 2021, les déplacés de Martissant sont dans une situation critique. Livrés à une promiscuité totale, abandonnés à leur sort, les réfugiés tentent de survivre. Leur condition socioéconomique ne fait que se détériorer sous le regard passif des plus hautes autorités de l’État, qui semblent avoir d’autres priorités.

« Au début, il y avait un véritable élan de solidarité pour nous aider. Des institutions publiques et privées, des particuliers volaient à notre  secours. Aujourd’hui, la société nous oublie », a lâché Shella, une réfugiée dans le centre. Plus de quatre mois après avoir été contraints de laisser leur maison, ces citoyens manquent de nourriture. « Nous n’avons pas assez d’eau, rien à manger, pas de matelas pour nous coucher et il y a en plus des problèmes de toilettes », a-t-elle indiqué.

« Ça fait déjà quatre jours environ qu’on ne nous a rien donné. Ce sont des membres de l’Église Indigène qui sont venus hier nous apporté de quoi manger. D’ailleurs s’ils n’étaient pas venus, on allait dormir le ventre vide », a soupiré une jeune mère qui réclame un nouvel endroit pour se reloger avec ses deux enfants. Le gouvernement n’a jamais porté assistance aux déplacés, a dénoncé le maire de la commune, Jude Edouard Pierre.

La municipalité de Carrefour paie un lourd tribut avec cette guerre des gangs dans la commune de Port-au-Prince, particulièrement à Martissant. Depuis le 1er juin, ces milliers de déplacés logés au centre sportif de Carrefour ont été pris en charge par la mairie avec le généreux support des églises de la zone comme le FTL, MEBSH de Côte-Plage, entre autres, le PAM, des ONG et des particuliers.

Aujourd’hui, la mairie a la responsabilité morale d’envoyer à l’école environ 300 enfants qui ont fui les zones de guerre avec leurs parents. « La mairie de Carrefour est à genoux après trois mois de gestion de ces déplacés. Nous n’avons reçu aucun support de l’État », tance Jude Édouard Pierre.

L’agent intérimaire de Carrefour affirme avoir entrepris les démarches pour permettre aux enfants des déplacés de retourner à l’école. Selon Jude Edouard Pierre, l’HAAMES et la Fondation Saint-Luc ont déjà porté assistance à environ 70 familles chacun. L’ADRA a aussi un projet d’accompagnement pour les déplacés et le Fonds national d’éducation (FNE) leur promet une aide.

Le ministère de l’Éducation nationale promet des kits scolaires pour les enfants, indique le maire. « Nous sommes en train de rechercher des places dans les lycées, les écoles nationales, communales et les écoles privées aussi qui veulent accorder des bourses et des demi-bourses aux enfants… », a avancé M. Pierre.

Le plan de réponse  annoncé par le Gouvernement se fait encore attendre. Le ministère de l’Économie et des Finances avait promis de décaisser des fonds en faveur des réfugiés ; on parlait même de relogement. Ce qui jusqu’à date reste un vœu pieux. La situation de nos compatriotes au centre sportif de Carrefour continue de demeurer très préoccupante.

Mario Sylvain

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