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L’habilité des journalistes à effectuer leur travail en toute sécurité, l’une des principales assises d’une société démocratique

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L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a organisé, ce mercredi 18 décembre à l’hôtel Le Plaza, un atelier de réflexion autour du thème « Renforcer la coopération nationale pour la sécurité des journalistes en Haïti ». Des représentants d’associations de médias et de journalistes, des dirigeants du Conatel, des responsables d’organisations nationales et internationales, des organismes de défense de droits humains et des ambassades des États-Unis et du Canada ont été présent à cet atelier.

Beaucoup de journalistes ont été agressés, récemment, durant la période de « peyi lòk ». Selon Pilar Alvarez, directrice de l’UNESCO en Haïti, « les agressions et crimes commis contre les journalistes sont malheureusement de plus en plus fréquents en Haïti ».

« Des discours de haine et la désinformation peuvent potentiellement conduire à des tensions accrues. Les discours de haine et la désinformation circulant sur Facebook et les applications de messagerie mobile comme WhatsApp peuvent polariser et diviser la société », avance la directrice de l’UNESCO.

Citant les données de la Fédération de la presse haïtienne, Hanan Talbi, directrice des droits de l’homme du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) avance que près de 50 journalistes seraient victimes de violence, d’assassinat et de menaces de mort. Elle a rappelé un communiqué de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et du bureau du rapporteur spécial pour la liberté d’expression qui lui est attaché, M. Edisson Lanza, soulignant : « L’Etat a le devoir de garantir que les journalistes et les communicants qui remplissent leur mission d’information dans le cadre d’une manifestation publique ne font l’objet de détention, menace, agression ou limitation de quelque forme que ce soit dans leurs droits d’exercer leur profession »

Mme Hanan Talbi indique plus loin que la CIDH a été informée des « discours haineux incitant à la violence qui circulaient sur internet, mais également diffusés par le biais d’émissions de radio ». Pour la commission, ces discours auraient pour effet d’exacerber la polarisation politique et les attaques contre la presse en général. Mme Talbi appelle donc à une prise de conscience de la nécessité de mieux protéger le travail des journalistes.

Selon Alexandre Côté, chef de la coopération de l’ambassade du Canada, « Quand les journalistes sont cibles d’actes de violence, c’est la société tout entière qui en paie le prix ». La liberté de presse, l’habilité des journalistes à effectuer leur travail en toute sécurité, est l’une des principales assises d’une société démocratique. Elle est essentielle à la protection des droits de la personne et des libertés fondamentales, a-t-il estimé tout en rappelant la noblesse et l’importance du rôle des journalistes dans notre société.

Jeanne L. Clarc, conseillère aux affaires publiques de l’ambassade des États-Unis en Haïti, de son côté, appelle à la valorisation du travail de la presse, tout en encourageant toute idée visant à soutenir une presse responsable dans le pays. Elle dénonce et condamne les violences exercées contre la presse, tandis que les journalistes tentent simplement d’exercer leurs fonctions dans le cadre de leur profession.

Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste et président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), rappelle aux journalistes que le micro, la plume, le papier, ou quelle que soit la forme d’expression utilisée, peuvent provoquer des conséquences graves. Il a invité les journalistes à faire attention « aux discours de haine ». Parfois, selon lui, on fait la promotion de la haine sans s’en rendre compte, alors qu’on pense faire de la politique, ou qu’on pense combattre l’autre, tout en semant, en réalité, des « petites graines », dit-il, dans la tête des gens qui nous écoutent et qui peuvent avoir des conséquences désastreuses.

André Lubin, le responsable de la direction de la radiodiffusion du Conatel, dit condamner et déplorer fermement les actes d’insécurité auxquels sont soumis des journalistes dans l’exercice de leur profession. Pour lui, ceux qui les commettent fragilisent autant le processus démocratique que la liberté d’expression.

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