mar. Avr 23rd, 2024

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L’obtention du casier judiciaire à la DCPJ : un véritable calvaire pour les contribuables

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De longues heures d’attente, file interminable de personnes, espace exigu et inapproprié, c’est le calvaire que vivent quotidiennement nos compatriotes avant de récupérer leur casier judiciaire à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ). En dépit de cet accueil peu chaleureux que leur réserve cette institution étatique, bon nombre de ces haïtiens qui arrivent généralement de toutes les régions du pays, en quête de ce document important, repartent bredouille.

Debout sous un soleil de plomb, sur un trottoir en terre battue où trainent encore des restes de matériaux de construction, une trentaine de personnes font la queue le long du mur de clôture de la DCPJ, attendant avec impatience le début la livraison des casiers judiciaires. Il s’agit d’un document généralement exigé à ceux qui postulent pour des emplois, ou qui désirent compléter leur dossier dans le cadre des démarches auprès des  ambassades.

A quelques mètres de la ligne, se trouvent abrités sous des tentes, des jeunes offrant aux usagers qui en ont besoin, des services de photocopie. En face de l’institution, sont remarquées d’autres personnes venues, elles aussi, récupérer leur certificat de police mais qui profitent encore de l’ombre de quelques arbres.  

En attendant que l’un des policiers en poste leur intime l’ordre de pénétrer l’espace, certains usagers se plaignent de l’accueil qu’on leur réserve. « C’est un manque de respect ! Nous sommes venus chercher un document dans une institution publique, et on nous reçoit comme si nous étions des animaux »,  lâche un jeune, qui s’approche de la trentaine. « Une fois parti, jamais, jamais, je ne remettrai les pieds dans ce pays », jure ce jeune haïtien qui dit envisager d’épouser une femme évoluant dans la diaspora afin de quitter définitivement ce pays.

Quelques minutes plus tard, c’est-à-dire à 1 heure PM, les policiers ordonnent de faire deux lignes : l’une destinée aux hommes, l’autre, réservée aux femmes à qui ils demandent de se diriger vers le lieu où va se dérouler l’opération de livraison. Il s’agit d’un véritable hangar, recouvert d’une tôle dont le mobilier est constitué d’un bureau et de deux bancs réservés aux personnes âgées, et autour d’eux, plusieurs dizaines de personnes se tiennent debout, et ceci durant environs trois heures d’horloge.

Dans la foulée, deux employés de la DCPJ, dépourvus de microphone se mettent à appeler des gens qui arrivent difficilement à se frayer un chemin à travers cette petite foule qui n’arrête pas de grossir. Si le service de livraison ne dispose pas d’appareils les aidant à atteindre le public, ce dernier de son côté, ne lui facilite pas non plus la tâche. En effet, avec les conversations qu’engagent certains usagers, la voix de ceux-là qui sont chargés de citer les noms sont encore plus inaudibles. « Là où je me trouve, je ne vais pas pouvoir entendre, si j’ai du mal à entendre. Les gens refusent de se taire », se plaint une femme, visiblement fatiguée, au beau milieu de la foule.  

 « Présent ! », s’écrie brusquement un homme dont le nom vient tout juste d’être cité. « Merci mon Dieu, je l’ai finalement eu, après quatre voyage à la DCPJ », se réjouit-il tout en se dirigeant non sans difficultés vers le bureau où il doit signer avant d’obtenir son casier judiciaire.

Au bout de 3 heures, les employés mettent fin à l’opération tout en invitant les usagers à être compréhensifs et patients. « A ceux-là qui n’ont pas entendu leurs noms, passez après 5 jours, car beaucoup de dossiers sont en signature actuellement, ils seront prêts sous peu », conseille-t-il l’un des employés. Cet employé en a profité pour se dédouaner en imputant la lenteur du service fourni par la DCPJ, au système archaïque dans lequel fonctionne l’Etat haïtien. « Je ne suis pas responsable de la mauvaise qualité du service qu’on vous offre, j’aurais bien aimé que ça soit autrement, mais cette institution fonctionne de manière archaïque », avoue-t-il.   

Pour sa part, un jacmélien frustré, crache sa colère après avoir vainement consenti des sacrifices pour avoir ce document : « Donald Trump avait raison de traiter Haïti comme il l’avait fait », déclare-t-il. « J’ai laissé mes activités à Jacmel pour me rendre à Port-au-Prince, j’ai dû passer la nuit à l’hôtel pour être présent à la DCPJ cet après-midi et retirer le certificat de bonne vie et mœurs, malgré tous ces sacrifices je ne l’ai pas obtenu », raconte-t-il. Envahis par les sentiments de découragement et d’indignation, suite aux longues heures d’attente, certains usagers regagnent leur domicile. Ils doivent malgré tout se présenter une nouvelle fois à la DCPJ sans être certains qu’ils le trouveront.

 En tout cas c’est le parcours de ceux qui appartiennent aux couches défavorisées de la société car généralement des membres de la bourgeoisie et des classes moyennes aisées sont épargnés de ce calvaire. Comment procèdent-ils donc pour obtenir ce document si important qui est délivré uniquement par la Direction Centrale de la Police Judiciaire dans ses locaux à Clercine ?

Marc Andris Saint-Louis

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